Ces premiers chapitres nous ont permis d’avoir une vue globale des évangiles avant d’en entreprendre la critique au sujet de Judas. Il nous est apparu que l’« Évangile », comme son nom l’indique, a pour objet le Salut par la foi en Jésus-Christ.
   Toutefois, ce message de salut a été écrit en forme de récit historique. Mais pour peu qu’on soumette son historicité à la critique, elle se révèle fallacieuse, car les témoignages sur lesquels ils se fondent sont des « dogmes » de foi et non des documents d’histoire. En d’autres termes, ils ont été écrits non pour relater des faits, mais pour donner à croire à leur signification. D’ailleurs, l’excursus du chapitre quatrième sur le processus de la foi en Jésus-Christ montre à l’évidence que Jésus-Christ, qui se veut l’objet de ces faits, est connaissable à la fois par l’expérience et par la référence aux Écritures, au-delà de la perception des faits.

   En raison de cette contradiction, les évangiles échappent à notre entendement, car ils se situent entre la raison et la foi, l’histoire et le message. Il importe donc d’examiner tant les conditions historiques de leur naissance et le projet de leur écriture que le principe logique de leur conception, où la rationalité propre à l’histoire s’unit à la croyance.