ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Judas




Introduction




6- Les évangiles comme anti-histoire



PROLOGUE

INTRODUCTION
- La narration des évangiles
- Documents d’histoire ?
- Processus phénoméno-
  logique de la foi

- Jésus comme Christ
- Les évangiles entre raison
  et foi

- Les évangiles comme
  anti-histoire

  - Jésus
  - Les Écritures
  - Le Christ
  - Le jugement : Jésus est le
    Christ
- Fois
- Approche historique de
  Jésus

- Recherche historique sur
  Judas


REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVAN­GI­LES

DU JUDAS DE L’HIS­TOIRE AU JUDAS DES RÉCITS

ÉPILOGUE

ANNEXES


. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

Le Christ


   Puisque le Christ ne peut pas être révélé par l’expérience de Jésus, ni non plus par la lecture des Écritures au premier degré dans leur sens littéral et historique, d’où procède alors la connaissance du Christ ? Sans doute du sens allégorique des Écritures. Cependant, avons-nous dit, l’allégorie ne porte pas sur la compréhension du sens littéral du discours mais sur son dépassement, en créant un nouveau langage.
   On peut donc dire que le « Christ » est venu à l’esprit des croyants quand ils donnèrent aux Écritures un sens s’accordant à leurs attentes existentielles et non qu’il a été désigné par les Écritures elles-mêmes. Les croyants ne liaient pas leur intelligence au sens des Écritures, mais ils conformaient ce sens aux besoins de leur existence. En d’autres termes, ils effectuaient une interprétation existentielle des Écritures. Ainsi le Christ ne se trouvait pas dans les Écritures, mais il naissait de leur échec, au regard des exigences vitales de leurs interprètes.

   On doit alors retracer à grands traits l’histoire de cette interprétation, pour mettre en évidence cette crise et le surgissement du Christ dans l’esprit des interprètes. Quel était cet interprète ? Sans doute un prophète, pour ne pas dire le peuple auquel l’Écriture avait été adressée.
   Essayons de reconstituer le contexte existentiel et culturel.
   l) Sitôt après la création, Adam l’homme fut placé par Dieu dans un jardin, où il aurait pu vivre par grâce une vie immortelle. Mais, prétendant rivaliser avec Dieu par le savoir, il en fut chassé, contraint à vivre sur la terre, redevenu mortel selon les lois de sa nature, dans l’oubli de Dieu et dans l’impossibilité de pouvoir choisir entre le bien et le mal.
   2) Dieu lui vint en aide, établissant par Moïse une alliance avec lui, dans laquelle il lui révéla par la Loi le bien et le mal, s’engageant à le libérer du mal s’il observait les commandements de la Loi. Sous l’obéissance à la Loi, le peuple reçut la mission de conduire les hommes à la connaissance de Dieu, pour demeurer sous sa seigneurie.
   3) Mais le peuple prit conscience que la Loi n’était pas aussi juste qu’elle le prétendait, puisqu’elle faisait subir aux justes la peine attribuée aux injustes. En effet, le peuple devint l’esclave des empires, alors que Dieu lui avait promis une existence royale. Serviteur de l’Éternel, il devint objet de mépris et de violence, rendu coupable de cette situation d’esclavage, pourtant méritée par ceux qui étaient devenus ses maîtres.
   4) Le prophète de l’exil annonça au peuple que les justes subissent les peines des injustes, afin de racheter ceux-ci de leurs péchés. Mais selon les promesses de Dieu, il serait libéré de ses tourments. Et il sortirait du tombeau, pour être élevé en gloire au-dessus des puissances qui le maintiennent en esclavage.
   5) Paroles de consolation, que le peuple comprit comme l’annonce prophétique de sa gloire. Mais sa situation d’esclavage persistait, car il fut asservi aux puissances grecque et romaine, comme il l’avait été aux babylonienne et assyrienne. La parole du prophète était-elle mensongère ? Non ! Le peuple l’attribua alors au « serviteur de l’Éternel » en tant que figure du Christ, qui seul est sans péché. Car comment le peuple aurait-il pu porter le péché des autres en étant pécheur lui-même ? Or le peuple, même fidèle à la Loi, restait toujours pécheur. Le prophète parlait donc de lui comme de l’image du Fils de Dieu qui, par son humiliation et sa souffrance, en exprimait la parabole. Il connaîtrait donc la libération de l’emprise des pécheurs, et il parviendrait à sa gloire, par le Fils de Dieu.

   Où se trouvait donc le Christ ? Pour les interprètes, dans les Écritures, certes, puisqu’ils l’avaient reconnu par l’interprétation de l’oracle du prophète, mais puisque cet oracle avait reçu une interprétation allégorique au premier degré de lecture, il prenait une autre signification et ne répondait pas à la question que se posaient les interprètes.
   L’allégorie implique que le « Christ » résidait dans la conscience du peuple, non dans les Écritures. En effet, la justice de la Loi lui posait la question du salut. Il était convaincu de son incapacité à observer la Loi sans être pleinement libéré de sa mise en tutelle par le péché d’Adam. Le Christ se trouvait donc lié à l’interprétant et non aux Écritures.



juillet 1987




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t602630 : 14/11/2017