ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisJudas |
Introduction |
7- Foi mythique, foi dogmatique et foi existentielle |
PROLOGUE INTRODUCTION - La narration des évangiles - Documents d’histoire ? - Processus phénoméno- logique de la foi - Jésus comme Christ - Les évangiles entre raison et foi - Les évangiles comme anti-histoire - Fois - La foi mythique - La foi dogmatique - La foi existentielle - Approche historique de Jésus - Recherche historique sur Judas REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVANGILES DU JUDAS DE L’HISTOIRE AU JUDAS DES RÉCITS ÉPILOGUE ANNEXES . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
La foi existentiellePar un subterfuge, le miracle a permis au « Jésus-Christ » de la foi de s’introduire dans l’univers de la raison muni d’une argumentation négative. Une fois introduit, il s’y est installé en maître, limitant la raison au domaine de l’expérience et la soumettant au dictat de sa parole. Jésus-Christ n’est-il pas le Seigneur du monde ? Mais en usant du miracle comme d’une arme, la foi ne pouvait pas éviter que celle-ci se retourne contre elle et la soumette au jugement par une critique d’autant plus impitoyable et radicale qu’elle avait été mise à son service. Nous nous sommes, nous-mêmes, servis de cette arme de la critique envers les évangiles qui, privés du support de la rationalité, ont été réduits à un système de vérité fondé sur l’autorité divine. En effet, ceux-ci se présentent comme un message de salut annoncé dans les Écritures et donc attesté par Dieu lui-même, alors que l’allégorie les soumet à une compréhension rationnelle par démonstration. De plus, ils affirment rapporter des actes et des paroles de Jésus, alors que celui-ci est refoulé pour être sublimé dans un personnage extrait des Écritures. Qu’est-ce donc que l’Évangile ? Tout au plus un drame du salut, dont le Jésus de l’histoire est l’acteur principal. Sans doute, l’issue de cette critique, qui nous introduit dans une contradiction intérieure entre raison et foi, est-elle troublante. Nous sommes tentés de rejeter cette critique comme fallacieuse et rationaliste, désacralisante et prétentieuse, ou de renoncer à ce message parce que mythe et drogue, qui ne peuvent que nous aliéner et, par surcroît, nous soumettre au pouvoir de l’idéologie religieuse. J’ai connu ce trouble de conscience, comme beaucoup d’autres, pendant très longtemps, jusqu’au jour où l’Évangile m’est apparu être un mythe des origines et de la finalité de l’homme, dont la valeur n’était pas dogmatique mais existentielle. Quelle libération de reconnaître que l’Évangile est un mythe ! Le Christ naît dans la conscience du peuple juif, dans un moment de profonde crise existentielle. Le peuple connaissait l’angoisse de sa condition d’existence, de déporté et d’esclave, en contradiction avec la finalité pour laquelle Dieu l’avait choisi. Il était en révolte contre la Loi et contre Dieu lui-même. Une réflexion ultérieure sur la Loi le convainquit que non seulement elle n’était pas juste, mais qu’elle était profondément injuste en condamnant le péché par la mort du pécheur, et qu’elle ne pouvait pas le sauver par grâce sans se renier elle-même. De plus, victime du péché depuis son origine, l’homme ne jouissait pas d’une liberté suffisante pour résister à la tentation du péché, puisqu’il était voué à la mort à cause du péché de ses pères. Ainsi, l’homme cherchait un Sauveur à travers l’échec de la Loi et le doute à l’égard de son Dieu. Mais d’où provenait cette exigence d’une Loi nouvelle et d’un Dieu nouveau ? Non pas de la Loi, que les hommes contestaient, mais de la prise de conscience d’être hommes, ce qui implique que l’existence des individus suit une trajectoire qui aboutit à l’être. Sa pensée peut comprendre tous les phénomènes du monde, dans leur structure et leur évolution dans l’espace et dans le temps. Être des hommes ! Cela implique l’existence d’un désir qui ne s’apaise que dans l’être, en sorte que rien ne peut arrêter l’homme dans sa marche, et qu’il peut oser s’opposer à tout obstacle, pour le soumettre à son pouvoir par la pensée, Car, le pensant, il dévoile la raison de sa force et il peut le dominer. Même la mort, devenue objet de la pensée, devient un phénomène d’existence. Alors, qui est le Christ ? Il est le mythe de l’homme, dont l’existence s’accomplit dans l’être. D’autres mythes avaient déjà surgi. Prométhée, mythe de l’homme qui dérobe l’intelligence et l’immortalité aux Dieux, pour devenir lui-même immortel ; Dionysos, le fils de Dieu qui, par sa mort, retourne à sa nature divine originelle. Jésus-Christ est le mythe de l’homme, dans lequel L’Être parvient aux « étants », et les « étants » à l’Être. Selon cette interprétation, « croire en Jésus-Christ » ne fait pas reposer le sens de notre vie sur les actes d’un personnage métaphysique, mais sur le devenir de l’homme lui-même. C’est un « croire » situé au cœur de l’événement de l’existence et de la pensée, qui traverse l’espace et le temps par l’emprise sur les phénomènes de la nature. « Croire en l’homme » signifie ainsi s’engager sur un chemin dont la visée est son accomplissement dans l’être. Et la mort ? Elle aussi n’est qu’un phénomène d’existence qui, devenant objet de la pensée, se révèle dans son mystère, virtuellement vaincue par elle. La foi en « Jésus-Christ » en tant que mythe de l’homme, non seulement n’est pas opposée à la raison, mais elle implique son accomplissement, et s’insère dans une perspective d’existence dont la finalité est l’être, visée qui nous pousse hors de l’histoire par le devenir de l’histoire. |
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t602730 : 14/11/2017