La tentation par Satan dans l’événement du salut du Fils de Dieu :
Premier acte
Le premier acte se joue dans le
désert où
Jésus se rend, poussé par
l’Esprit, pour être précisément «
tenté par le diable » (
Mt 4:1).
La tentation se passe au
désert et non dans un « jardin », parce que le
désert est l’image de la terre aride dans laquelle l’homme avait été créé (
Gn 2:5) et de laquelle il avait été chassé, après le péché dans
l’Éden. Or le
Fils de Dieu est venu dans le monde pour le ramener du
désert à
l’Éden, de la condition d’être terrestre et mortel à celle d’être céleste et immortel. Il s’ajoute que le
peuple juif, parabole de l’œuvre du
Fils de Dieu, a été tenté au
désert. C’est pourquoi le
diable va au
désert pour tenter le nouvel
Adam. Il ne se présente pas sous la forme du
serpent mais, semble-t-il, en personne.
S’agissant du
Christ, dont la mission est de sauver l’homme, le
diable le tente pour qu’il échoue, comme
Adam avait échoué dans son épreuve. De même qu’il avait séduit
Adam pour qu’il se considère «
comme un dieu », il se propose de séduire
Jésus afin qu’il joue son rôle de sauveur «
en égal de Dieu ».
La tentation se déroule en trois temps, en correspondance avec son incarnation, sa rédemption et sa résurrection.
Puisque tu es le
Fils de Dieu, «
ordonne que ces pierres deviennent des pains » (
Mt 4:3). C’est à dire, use des biens de la terre non comme les hommes par la quête et le travail, mais comme instrument de ton pouvoir divin.
Jésus lui répond : «
Il est écrit : l’homme ne vivra pas de pain seulement » (
Mt 4:4).
Aussitôt le
diable place
Jésus en haut du
Temple : «
Puisque tu es le fils de Dieu, lui dit-il,
jette toi en bas, car tu seras soutenu par des anges » (
Mt 4:5-6). Avertissement que le
Temple le mettra dans une situation telle qu’il sera contraint de se sauver lui-même avant de penser à sauver les hommes, rendant ainsi impossible son sacrifice pour le péché. Mais
Jésus lui répond: «
Tu ne tenteras point le Seigneur » (
Mt 4:7).
Enfin, le transportant sur une montagne élevée, le
diable cherche à la persuader de s’emparer du pouvoir du monde, sans passer par la souffrance et la mort. Mais
Jésus lui répond : «
Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu » (
Mt 4:10).
Le
diable échoue donc dans sa tentation, parce que le
Christ, bien que
fils de Dieu, ne veut pas user de son pouvoir de
fils de Dieu pour lancer un défi à son
Père. Il renonce à ses prérogatives pour se charger de la faiblesse et du péché des hommes... «
Alors, dit
l’évangéliste,
le diable le quitta » (
Mt 4:11).
On pourrait croire que, repoussé par
Jésus appuyé sur la parole de
Dieu, le
diable ait renoncé à toute tentation, laissant libre cours à la rédemption. Mais
Luc finit son récit d’une manière différente : «
Après l’avoir tenté de toutes ces manières, le diable s’éloigna de lui jusqu’à un moment favorable » (
Lc 4:13). Dès lors, on peut supposer que le
diable, ne pouvant pas conduire
Jésus à agir en
Fils égal à
Dieu, mettrait toute sa ruse à le faire échouer dans l’œuvre du salut par sa souffrance et sa mort. Si nous parcourons les évangiles, nous rencontrerons encore le
diable qui agit effectivement ainsi, harcelant
Jésus jusque sur la croix, comme il l’avait fait en haut du
Temple et d’une montagne.