La tentation par Satan dans l’événement du salut du Fils de Dieu :
Deuxième acte
Au deuxième acte
Jésus, sorti victorieux de la tentation de
Satan, va en
Galilée, pour annoncer le salut aux hommes qui vivent encore, depuis leur origine, conditionnés par le péché et par la mort.
Jésus est
prophète mais, pourrait-on dire, de lui-même, puisqu’il est sujet et objet de son Évangile. Il est le premier homme qui naisse sans être conditionné par le péché, le nouvel
Adam qui met les hommes sur le chemin de la résurrection et de la vie éternelle.
Jésus est le premier homme qui puisse lancer un défi à
Satan, seigneur du monde. Mais il garde secrète la manière dont il veut sauver les hommes, pour engager favorablement le combat contre l’adversaire. Invisible, mais aussi réel que le péché et le malheur des hommes,
Satan est reconnu par tous comme le tentateur, le séducteur et le maître. Quant à
Jésus, il sait que
Satan sera plus rusé, plus malin, plus inventif à son égard qu’avec
Adam, car il s’agit du maintien ou de la perte de son pouvoir dans le monde.
Jésus semble lancer un défi à
Satan aussitôt qu’il prend contact avec les humains que son adversaire tient soumis à son pouvoir et marque de son sceau : les possédés, les rejetés par illégitimité ou par race, les pécheurs. Il n’est pas étonnant qu’il fasse de l’exorcisme la tâche la plus significative sinon principale de son activité : il montre ainsi que le but de sa venue dans le monde est de priver
Satan de sa domination sur l’homme.
Mais
Satan « rode » autour de lui plus que de tout homme. Quoiqu’invisible, il répond à
Jésus indirectement, par une agression aussi efficace que ses guérisons et ses exorcismes : il séduit les gens pour qu’ils croient que
Jésus chasse les
démons au nom de
Belzéboub, chef des
démons, et qu’il ne guérit que par magie. Il relève le défi que
Jésus lui lance en persuadant les gens que
Jésus est «
possédé par les démons ». Les gens en ont la preuve, tout d’abord parce que «
les démons lui obéissent », ensuite par sa
mère et ses frères qui étaient venus a
Capharnaüm pour le ramener à la maison, convaincus qu’il était « aliéné ». En même temps, il pousse le Sanhédrin à envoyer des
scribes pour témoigner contre lui.
Mais qui était le possédé de
Satan,
Jésus ou plutôt les
scribes, ses accusateurs ? Les évangiles le croient. En effet, unis aux
pharisiens et aux
sacrificateurs, les
scribes ont toujours suivi
Jésus dans le but de le prendre en flagrant délit d’hérésie ou de blasphème. Ils accusaient
Jésus d’être un fils de prostitution, né d’une femme trouvée enceinte, et d’être ami des
publicains et des prostituées.
Jésus n’avait-il pas montré du mépris pour la tradition, négligé les purifications, transgressé des commandements de la Loi, comme celui du sabbat ? N’avait-il pas affirmé, à propos de la loi sur le divorce, que la Loi avait été donnée par
Moïse pour satisfaire les prétentions des hommes contre les femmes ? Bâtard,
samaritain, séducteur du
peuple et ami des péagers et des prostituées, négligeant les jeûnes pour manger et boire avec les pécheurs,
Jésus ne pouvait être qu’un faux
prophète.
Jésus croyait vraiment que l’acharnement des
Juifs contre lui venait du
diable, et que celui-ci tentait de lui barrer le chemin. Il intensifia donc sa lutte contre lui, envoyant
les douze prêcher l’Évangile dans toute la
Galilée. Il y envoya aussi soixante-douze
disciples pour «
guérir les malades, ressusciter les morts, purifier les lépreux, chasser les démons » (
Mt 10:8). À leur retour, ceux-ci dirent à
Jésus : «
Seigneur, les démons même nous sont soumis en ton nom » (
Lc 10:17).
Jésus leur répondit : «
Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair » (
Lc 10:18).
Malgré ce cri de victoire, il dut reconnaître qu’il avait personnellement perdu son prestige initial vis-à-vis des autorités et aussi du
peuple. En effet, chassé des synagogues et même des villes, il était contraint à une vie errante de ville en ville, sans pouvoir obtenir ce consensus qu’il estimait nécessaire pour son action finale. Les villes qu’il avait invitées à la repentance ne le suivirent pas, ni
Nazareth sa patrie, ni
Chorazaïm, ni
Bethsaïda, ni
Capharnaüm elle-même. D’où sa plainte contre elles : «
Malheur à toi, Chorazaïm ! Malheur à toi, Bethsaïda ! Car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu’elles se seraient repenties » (
Mt 11:21).
La situation de
Jésus était grave car, chassé des synagogues et discrédité auprès du
peuple comme faux
prophète et possédé par les
démons, il ne pouvait plus annoncer son Évangile avec autorité et en sureté. Il pouvait craindre que ses adversaires poussent le
peuple à le lapider. Son activité et son séjour même en
Galilée se firent dangereux, parce que les
scribes et les
pharisiens se mirent d’accord avec les hérodiens pour l’éliminer. Rappelons les faits.
Après le meurtre de
Jean Baptiste,
Hérode se fixa le but de poursuivre
Jésus. Il manifesta le désir de le voir. Mais
Jésus comprit la véritable intention de cette invitation : le complot que les hérodiens, les
scribes et les
pharisiens ourdissaient pour l’éliminer.
Jésus dut quitter en cachette la
Galilée par bateau, en parcourant la
Pérée,
l’Iturée, la
Samarie. Période que
Goguel a bien défini par «
crise galiléenne ».