ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisLes poèmes d’amour
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La dame gentille :le refus de la dame gentille |
Rime L |
La dispietata mente, che pur mira di retro al tempo che se n’è andato, da l’un de’ lati mi combatte il core ; e ’l disio amoroso, che mi tira ver lo dolce paese c’ho lasciato, d’altra part’ è con la forza d’Amore; né dentro i’ sento tanto di valore che lungiamente i’ possa far difesa, gentil madonna, se da voi non vene : però, se a voi convene ad iscampo di lui mai fare impresa, piacciavi di mandar vostra salute, che sia conforto de la sua virtute. Piacciavi, donna mia, non venir meno a questo punto al cor che tanto v’ama, poi sol da voi lo suo soccorso attende; ché buon signor già non ristrinfe freno per soccorrer lo servo quando ’l chiama, ché non pur lui, ma suo onor difende. E certo la sua doglia più m’incende, quand’i’ mi penso ben, donna, che vui per man d’Amor là entro pinta sete : così e voi dovete vie maggiormente aver cura di lui; ché que’ da cui convien che ’l ben s’appari,
per l’imagine sua ne tien più cari.Se dir voleste, dolce mia speranza, di dare indugio a quel ch’io vi domando, sacciate che l’attender io non posso ; ch’i’ sono al fine de la mia possanza. E ciò conoscer voi dovete, quando l’ultima speme a cercar mi son mosso ; ché tutti incarchi sostenere a dosso de’ l’uomo infi, al peso ch’è mortale, prima che ’l suo maggiore amico provi, poi non sa qual lo trovi : e s’elli avven che li risponda male, cosa non è che costi tanto cara, che morte n’ha più tosto e più amara. E voi pur sete quella ch’io più amo, e che far mi potete maggior dono, e ’n cui la mia speranza più riposa ; che sol per voi servir la vita bramo, e quelle cose che a voi onor sono dimando e voglio ; ogni altra m’è noiosa. Dar mi potete ciò ch’altri non m’osa, ché ’l si e ’l no di me in vostra mano ha posto Amore ; ond’io grande mi regno. La fede ch’eo v’assegno muove dal portamento vostro umano ; ché ciascun che vi mira, in veritate di fuor conosce che dentro è pietate. Dunque vostra salute omai si muova, e vegna dentro al cor, che lei aspetta, gentil madonna, come avete inteso : ma sappia che l’entrar di lui si trova serrato forte da quella saetta ch’Amor lanciò lo giorno ch’i’ fui preso ; per che l’entrare a tutt’altri è conteso, fuor ch’a’ messi d’Amor, ch’aprir lo sanno per volontà de la vertù che ’l serra: onde ne la mia guerra la sua venuta mi sarebbe danno, sed ella fosse sanza compagnia de’ messi del signor che m’ha in balia. Canzone, il tuo cammin vuol esser corto ; ché tu sai ben che poco tempo omai puote aver luogo quel per che tu vai. |
L’impitoyable esprit qui toujours mire En arrière le temps qui est passé, De tout côté combat dedans mon cœur. Le désir amoureux de l’un m’attire Vers le très doux pays que j’ai laissé, L’amour, de l’autre, par sa grande ardeur. Je ne sens pas en moi tant de valeur Qui puisse m’apporter quelque défense, Gentille dame, si de vous ne vient. Or il convient Que vous, pour le sauver, montriez vaillance : Envoyez, s’il vous plait, votre salut Qui soit un réconfort par sa vertu. Je vous prie, Madame, de ne pas manquer En ce moment au cœur qui tant vous aime Et qui de vous seulement aide attend. Le bon seigneur ne pourrait pas freiner Son secours au servant, en cas extrême, Car son bonheur et non autrui défend. Et davantage sa douleur surprend Quand je pense qu’Amour de par sa main Dedans de lui, Madame, vous a peinte. Vous devez être astreinte À prendre de lui soin certain. Celui par qui il faut que bien s’apprenne Veut que par son image on y parvienne. Si vous vouliez, ô ma douce espérance, Tarder à répondre à mon désir, Sachez que moi je ne peux pas attendre, Car je suis à la fin de ma puissance. Vous devriez avec moi en convenir, Vous qui pouvez l’extrême espoir me rendre.
L’homme doit sur son dos ses fardeauxprendre
Jusqu’au dernier qui lui sera mortel,Avant que son plus grand ami l’éprouve, Sans savoir ce qu’il trouve. Et si en répondant sera cruel, Chose il n’y a si précieuse et chère Que mort ne sera bien plus amère. Vous êtes celle dont l’amour m’attire Et qui peut me faire don meilleur Et où mon espérance bien se pose. Pour vous servir, seul vivre je désire, Et tout ce qui remonte en votre honneur Je demande : le reste m’indispose. Vous pouvez donner ce qu’autre n’ose, Car mon oui et mon non mit dans vos mains
Amour : et tel qu’un grand je mecomporte.
La foi que je vous porteSe meut de votre sentiment humain, Car celui qui vous mire, en vérité, Sait qu’en vous il y a de la pitié. Que votre salut désormais s’ouvre Et vienne dans le cœur qui bien l’attend, Dame gentille, comme avez compris. Mais sachez que l’entrée se trouve Fermée par une épée qui dessus pend, Et que lança Amour quand je fus pris. Y entrer à nul homme n’est permis, Hormis aux messagers qu’Amour engage, L’ouvrant par le vouloir qui bien la serre. Ainsi, dans ma guerre, Sa venue porterait un grand dommage Si elle n’était pas en compagnie De ceux qui vivent sous sa seigneurie. Ô chanson, ton chemin doit être court Car tu sais bien que peu de temps auras Pour obtenir ce pourquoi tu t’en vas. |
Sommaire Avertissement au lecteur Capoversi Premiers vers Introduction Aux fidèles d’Amour Les soixante belles de Florence Béatrice, dame du secret d’Amour La dame gentille - Invitation à l’amour - Le nouvel amour - Le refus de la dame gentille - L’espoir de Dante - Vers un autre amour Béatrice refuse de saluer Dante De l’amour à la louange Lamentations sur la maladie de Béatrice Mort et glorification La dame gentille La Pargoletta Le refus de la dame gentille La dame-pierre . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
L’analyse interne fait apparaître comme certain que cette chanson a été adressée à la dame gentille, écran de son amour pour Béatrice, comme plusieurs exégètes tels d’Ancona et Bartoli l’affirment. Elle a probablement été composée pendant le séjour de Dante non loin du lieu où elle habitait : Loin de sa ville, non loin de celle qui avait été sa dame officielle pendant plusieurs années et sachant qu’elle l’avait quitté, Dante tente de renouer leur relation amoureuse. La chanson dénote de la hâte et s’abandonne au désir d’amour, sans trop se préoccuper de hauteur doctrinale. Elle est immédiate, nostalgique, très proche d’une lettre d’amour. Le style, propre à cette période de la vie du poète, le confirme. En terre étrangère, Dante avoue être tiraillé entre la nostalgie de Florence et sa relation d’amour avec la dame. Qui pourra l’aider à sortir de cette tension, sinon elle ? Il suffit qu’elle lui envoie ses salutations, qu’elle vienne à sa rencontre, elle qu’Amour a peinte dans son cœur. Qu’elle ne prenne pas trop de temps pour y réfléchir, car il ne peut plus attendre et elle constitue désormais sa dernière espérance. Bien sûr, il sait qu’elle l’a quitté car elle a deviné qu’il s’était uni à elle pour mieux garder le secret d’amour avec Béatrice. Si c’est vrai en apparence, le fait est que c’est elle qu’il aime le plus et dans laquelle il a déposé toutes ses espérances d’amour : elle lui donne ce que Béatrice n’a pas osé lui offrir, la pitié, c’est-à-dire le don d’elle-même. Qu’elle réponde donc, non par un mot de courtoisie mais en compagnie d’Amour. Chanson directe donc, dépourvue d’allégories et de réminiscences classiques, une véritable lettre d’amour et de réconciliation. La stance du congé est donc brève, un tercet : il exhorte la chanson à faire vite car il n’a pas beaucoup de temps pour recevoir la réponse. Le poète doit probablement repartir. |
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![]() ![]() ![]() ![]() ![]() th04030 : 29/04/2021 |