ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les poèmes d’amour
de  Dante  Alighieri




Mort et glorification :

appel à la Mort




Vita Nuova XXXIII

  Quantunque volte, lasso !, mi rimembra
ch’io non debbo già mai
veder la donna ond’io vo sì dolente,
tanto dolore intorno ’l cor m’assembra
la dolorosa mente,
ch’io dico: “Anima mia, ché non ten vai ?
ché li tormenti che tu porterai
nel secol, che t’è già tanto noioso,
mi fan pensoso di paura forte ».
Ond’io chiamo la Morte,
come soave e dolce mio riposo ;
e dico « Vieni a me » con tanto amore,
che sono astioso di chiunque more.

  E’ si raccoglie ne li miei sospiri
un sono di pietate,
che va chiamando Morte tuttavia :
a lei si volser tutti i miei disiri,
quando la donna mia
fu giunta da la sua crudelitate ;
perché ’l piacere de la sua bieltate,
partendo sé de la nostra veduta,
divenne spirital bellezza grande,
che per lo cielo spande
luce d’amor, che li angeli saluta,
e lo intelletto loro alto, sottile
face maravigliar, sì v’è gentile.

  Toujours, hélas ! lorsque je me rappelle
Que jamais je ne pourrai
Plus voir la dame dont je suis dolent,
Tant de douleur autour du cœur appelle
Mon triste entendement
Que je me dis : « Tu t’en vas, désormais ».
Car les tourments que je supporterai
Dans ce siècle qui m’est ennuyeux
Me laissent triste et sans aucun confort.
J’appelle alors la Mort
Pour que me soit repos doux et joyeux,
Et je dis : « Viens », d’une telle douceur
Que je deviens envieux de qui se meurt.

  Et une voix, au milieu des soupirs,
Retentit de pitié
Et hautement, sans crainte, la Mort clame.
Vers elle se tournèrent tous mes désirs
Quand ma gentille dame
Fut rejointe par sa cruauté,
Car le plaisir de sa vénusté
En venant de l’intense notre vue
Devint l’esprit d’une beauté si grande
Qui dans le ciel répand
Rayon d’amour qui les anges salue
En étonnant leur intellect subtil
Tant il est lumineux et très gentil.


Sommaire
Avertissement au lecteur
Capoversi
Premiers vers

Introduction

Aux fidèles d’Amour

Les soixante belles de Florence

Béatrice, dame du secret d’Amour

La dame gentille

Béatrice refuse de saluer Dante

De l’amour à la louange

Lamentations sur la maladie de Béatrice

Mort et glorification
- Les yeux dolents
- Au-delà des larmes
- Appel à la mort
- Les pèlerins
- Hélas !
- Outre la sphère

La dame gentille

La Pargoletta

Le refus de la dame gentille

La dame-pierre



. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

   Si Dante ne peut se consoler que par un retour à Béatrice elle-même, il ne peut que désirer la mort et appeler comme secours cette mort qui a emporté Béatrice hors de la terre.
   Ce thème avait été abordé dans la chanson précédente, où il avait affirmé que Béatrice n’était pas morte par le gel ou par la chaleur, mais par la bonté de Dieu qui l’avait attirée à lui. La mort a fait que Béatrice n’est plus une beauté qui s’offre comme plaisir aux hommes, mais à Dieu. Sa beauté devient une beauté céleste qui se répand dans le monde : encore un pas du poète vers une orientation qui mène à la Divine Comédie.



c 1977




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