ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les poèmes d’amour
de  Dante  Alighieri




La Pargoletta :

je sens d’Amour une telle puissance




Rime XCI

  Io sento sì d’Amor la gran possanza,
ch’io non posso durare
lungamente a soffrire, ond’io mi doglio ;
però che ’l suo valor si pur avanza,
e ’l mio sento mancare
si ch’io son meno ognora ch’io non voglio.
Non dico ch’Amor faccia più ch’io voglio,
ché, se facesse quanto il voler chiede,
quella vertù che natura mi diede
nol sosterria, però ch’ella è finita :
ma questo è quello ond’io prendo
cordoglio,  
che a la voglia il poder non terrà fede ;
e si di buon voler nasce merzede,
io l’addimando per aver più vita
da li occhi che nel lor bello splendore
portan conforto ovunque io sento amore.

  Entrano i raggi di questi occhi belli
ne’ miei innamorati,
e portan dolce ovunque io sento amaro ;
e sanno lo cammin, sì come quelli
che già vi son passati,
e sanno il loco dove Amor lasciaro,
quando per li occhi miei dentro il menaro :

per che merzé, volgendosi, a me fanno,
e di colei cui son procaccian danno
celandosi da me, poi tanto l’amo
che sol per lei servir mi tegno caro.
E’ miei pensier, che pur d’amor si fanno,
come a lor segno, al suo servigio vanno :
per che l’adoperar sì forte bramo,
che s’io ’l credesse far fuggendo lei,
lieve saria; ma so ch’io ne morrei.


  Ben è verace amor quell che m’ha preso,
e ben mi stringe forte,
quand’io farei quel ch’io dico per lui ;
ché nullo amore è di cotanto peso,
quanto è quel che la morte
face piacer, per ben servire altrui.
E io ’n cotal voler fermato fui
sì tosto come il gran disio ch’io sento
fu nato per vertù del piacimento
che nel bel viso d’ogni bel s’accoglie.
Io son servente, e quando penso a cui,
qual ch’ella sia, di tutto son contento,
ché l’uom può ben servir contra talento ;
e se merzé giovanezza mi soglie,
io spero tempo che più ragion prenda,
pur che la vita tanto si difenda.


  Quand’io penso un gentil disio, ch’è nato
del gran disio ch’io porto,
ch’a ben far tira tutto il mio podere,
parmi esser di merzede oltrapagato;
e anche più ch’a torto
mi par di servidor nome tenere :
cosi dinanzi a li occhi del piacere
si fa ’l servir merzé d’altrui bontate.
Ma poi ch’io mi ristringo a veritate,
convien che tal disio servigio conti ;
però che s’io procaccio di valere,
non penso tanto a mia proprietate
quanto a colei che m’ha in sua podestate,
ché ’l fo perché sua cosa in pregio monti ;

e io son tutto suo ; così mi tegno,
ch’Amor di tanto onor m’ha fatto degno.

  Altri ch’Amor non mi potea far tale,
ch’eo fosse degnamente
cosa di quella che non s’innamora,
ma stassi come donna a cui non cale
de l’amorosa mente
che sanza lei non può passare un’ora.
Io non la vidi tante volte ancora
ch’io non trovasse in lei nova bellezza ;
onde Amor cresce in me la sua grandezza
tanto quanto il piacer novo s’aggiugne.
Ond’elli avven che tanto fo dimora
in uno stato e tanto Amor m’avvezza
con un martiro e con una dolcezza,
quanto è quel tempo che spesso mi pugne,
che dura da ch’io perdo la sua vista
in fino al tempo ch’ella si racquista.

  Canzon mia bella, se tu mi somigli,
tu non sarai sdegnosa
tanto quanto a la tua bontà s’avvene ;
però ti prego che tu t’assottigli,
dolce mia amorosa,
in prender modo e via che ti stea bene.
Se cavalier t’invita o ti ritene,
imprima che nel su opiacer ti metta,
espia, se far lo puoi, de la sua setta,
se vuoi saver qual è la sua persona ;
ché ’l buon col buon sempre camera tene.
Ma elli avvera che spesso altrui si getta
in compagnia che non è che disdetta
di mala fama ch’altri di lui suona :
con rei non star né a cerchio né ad arte,
ché non fu mai saver tener lor parte.

  Canzone, a’ tre men rei di nostra terra

te n’anderai prima che vadi altrove :
li due saluta, e ’l terzo vo’ che prove
di trarlo fuor di mala setta in pria.
Digli che ’l buon col buon non prende
guerra,        
prima che co’ malvagi vincer prove ;
digli ch’è folle chi non si rimove
per tema di vergogna da follia ;
che que’ la teme c’ha del mal paura,
perché, fuggendo l’un, l’altro assicura.

  Je sens d’Amour une telle puissance
Que je ne peux rester
Plus longtemps à souffrir et je me plains,
Car je vois bien que sa valeur avance,
Et que la mienne va à manquer :
De mon état normal me trouve lointain.
Je ne prie pas qu’Amour donne sans frais,
Car s’il faisait ce que demande,
Cette vertu que nature me mande
Ne la supporterais, étant finie.
Mais en ceci je trouve du chagrin

Qu’au vouloir le pouvoir ne corresponde.
Mais si convient que par grâce il réponde,
Je ne demande alors pour plus de vie
À ces yeux qui, jetant splendeur autour,
Portent confort là où je sens Amour.

  Tous les rayons jaillissent de ses yeux
Sur les miens d’amour épris
Portant le doux où se trouve l’amer ;
Ils savent le chemin, comme étant ceux
Qui avaient en passant appris
Le beau lieu où vite Amour laissèrent
Quand par les miens en mon cœur le
menèrent.      
En se tournant vers moi grâce me font,
En se cachant à moi dommage ils sont
À cette fille que j’aime ardemment
Et que servir pour moi est très cher.
Et mes pensées qui bien d’amour se font
À son service comme à leur but vont.
Faire cela je désire ardemment :
Il me serait aisé, si je voulais,
De m’enfuir, mais je sais que j’en
mourrais.    

  C’est vrai amour, celui qui m’a tant pris,
Et il m’étreint très fort
Encore si je faisais ce que pour lui
Je dis. Aucun amour n’a plus de prix
Que celui qui nous fait plaire la mort
Pour que parfaitement on serve autrui.
Mais je n’ai pas cette dame fui
Parce qu’un grand désir soudainement
A jailli en vertu de l’agrément
D’un visage rassemblant toute beauté.
Je suis servant et sans autre appui,
Quelle que soit dame, je suis content.
Car l’homme peut servir contre talent
Et si jeunesse m’ôte la pitié
J’espère que le temps raison me rende
Pour que ma vie beaucoup mieux se
défende.    

  Quand je pense au gentil désir qu’est né
Du grand désir que je porte
Et qui tout mon pouvoir tire à bien agir,
Je me sens être de pitié comblé
Plus que le juste comporte
Mon nom de serviteur à tort tenir.
Je sers devant les beaux yeux du plaisir
Et aussi grâce à d’autrui bonté.
Mais si je cherche seul la vérité,
Il faut que le désir service affronte.
Si je cherche à valoir et à grandir
Je pense moins à ma personnalité
Qu’à celle qui m’a sous sa dignité,
Car j’œuvre pour que son honneur
remonte.    
Je suis à elle, ainsi je m’aligne,
Car Amour m’a de cet honneur fait digne.

  Amour, lui seul, pouvait me rendre tel,
Si lié dignement
À celle qui ne s’éprend pas de moi,
Femme qui s’offre comme fut de gel
À l’amoureux ardent
Qui, privé d’elle, ne peut rester coi.
Depuis que je la vis, je suis en émoi,
Trouvant en elle nouvelle splendeur
Dès lors qu’Amour augmente sa grandeur,
Autant nouveau plaisir en moi croit.
Aussi, tant je demeure par la foi
En un état, et tant Amour mon cœur
Dispose par martyre et par douceur,
Autant dure le temps qui me point,
Du moment où je perds sa belle vue
Jusqu’au moment où elle est revenue.

  Belle chanson, si tu vas à ma guise,
Ne sois pas dédaigneuse
Autant qu’à ta bonté il te convient.
Mais je te prie que bientôt tu t’avises,
Ô ma douce amoureuse,
De prendre cette voie qui mieux convient.
Si chevalier t’invite ou te retient,
Vois bien quelle opinion l'affecte,
Recherche, si tu peux, savoir sa secte
Si tu veux en connaître la personne :
Toujours le bon avec le bon se tient.
Mais souvent il se passe que sélecte
Compagnie il recherche, indirecte
Réponse à renommée qui sur lui sonne.
Fuis les méchants et leurs cercles : en art
Il ne faut pas avec eux prendre part.

  Chanson, aux trois moins méchants sur
la terre     
Iras, avant que les autres tu trouves :
Salue les deux, et le troisième prouve
À le tirer de male compagnie.
Le bon contre le bon ne fait pas guerre

Avant qu’à vaincre les méchants se prouve.
Dis-lui qu’est fou celui qui ne réprouve,
Par crainte de la honte, sa folie ;
Car seul la craint, qui le mal endure,
Et, en fuyant l’un, de l’autre s’assure.


Sommaire
Avertissement au lecteur
Capoversi
Premiers vers

Introduction

Aux fidèles d’Amour

Les soixante belles de Florence

Béatrice, dame du secret d’Amour

La dame gentille

Béatrice refuse de saluer Dante

De l’amour à la louange

Lamentations sur la maladie de Béatrice

Mort et glorification

La dame gentille

La Pargoletta
- Je suis petite enfant
- Si jeune et belle
- Qui fixera sans craindre
- Je sens d’Amour
- Amour, qui ta vertu

Le refus de la dame gentille

La dame-pierre



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Sans commentaire.




c 1977




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