Sommaire
Prologue
La méthode
- Introduction
- Existence d’une référence
- Interprétation et référence
- Le champ référentiel de Marc
. Systèmes de valeurs
. Tableau des systèmes
. Lecture du tableau
- La méthode
- Résumé
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours
Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte
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Les deux systèmes de valeurs : la Thora et le code christologique
Les interprétations de Jésus que donnent l’anti-texte et le texte s’inscrivent dans le cadre de la deuxième catégorie, puisqu’elles relèvent de systèmes de valeurs et de codes différents. L’anti-texte interprète le comportement de Jésus en référence au système éthique de valeurs représenté par la Thora et la coutume, le texte au contraire cherche à comprendre Jésus à partir d’un système christologique. L’emploi de ces deux systèmes et de leurs codes apparaît du fait que le premier ignore ou méconnaît en Jésus toute personnalité christique, pour ne voir en lui qu’un homme coupable, tandis que l’autre ne reconnaît en lui que cette personnalité christique, le considérant comme fils de Dieu. Ainsi, à partir des mêmes faits, les deux récits aboutissent à des interprétations tout à fait opposées.
En suivant la démarche que j’ai esquissée dans le paragraphe précédent, je chercherai à « lire » ces interprétations en me référant à leurs systèmes propres et aux codes qui permettent de détecter les signes ambivalents qui leur correspondent au niveau du fait. Dans cette recherche, le modèle théophanique employé par les deux récits a une fonction déterminante. On rappellera que le modèle théophanique est un paradigme, dont l’axe vertical est la trame de la manifestation de Dieu, tandis que les lignes horizontales qui traversent cet axe correspondent aux déterminations différentielles de cette manifestation, selon qu’elle s’ordonne à la bénédiction ou à la malédiction.
Les deux parties en conflit, les juifs et les chrétiens, se sont servies de ce modèle pour exprimer leur interprétation de ce que Jésus avait accompli au Jourdain, lors du baptême. Mais le modèle n’aurait pas pu exercer cette fonction si sa représentation formelle n’avait été en correspondance avec le contenu interprétatif qu’il était appelé à exprimer. D’une façon plus précise, je dirai qu’il n’aurait pas pu assumer l’image d’homme maudit ou béni si, dans la représentation que les deux parties en conflit s’étaient faites de lui, il n’avait pas rempli les conditions requises pour être un homme maudit ou béni.
Pour préciser cette correspondance, je dirai que l’axe vertical du modèle qui exprime l’intrigue de la manifestation de Dieu est en relation directe avec l’intrigue des faits qui, selon les rédacteurs, se sont déroulés au Jourdain. Bref, l’intrigue formelle du modèle correspond à l’intrigue concrète et matérielle du fait. Les lignes horizontales, liées aux déterminations de malédiction ou de bénédiction de Dieu, trouvent quant à elles leur correspondance dans la détermination du fait.
Mais, concrètement, ces déterminations n’apparaissent que par des interprétations, donc à la suite de jugements de valeur fondés sur deux systèmes différents, dont l’un est éthique et l’autre théologique. Pour retrouver les déterminations réelles du fait lui-même, il faut donc analyser les interprétations, cerner les systèmes qui les déterminent, isoler les codes et par ceux-ci détecter les signes qui leurs correspondent. Ce sont ces signes qui nous permettront d’esquisser le fait référentiel d’une façon concrète. Pour mieux suivre cette opération, je tracerai le schéma suivant.
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