Sommaire
Prologue
La méthode
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
- Introduction
- Le texte de Jean
- Le baptême par Jésus
- La plainte des disciples
- La réponse de Jean
- Les motivations de Jésus
- Résumé
Recherche sur le discours
Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours
Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte
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Pour comprendre ce qu’est cette plainte, il convient de tenir compte des deux niveaux de sens du texte, le christologique propre à l’intention interprétative, et le réel propre à sa référence. Mes remarques porteront sur Jésus et sur les chefs d’accusation à son encontre.
Les disciples de Jean auraient désigné Jésus à leur maître par ces paroles : « celui… à qui tu as rendu témoignage » (Jn 3:26), mais auraient-ils pu se plaindre de Jésus si Jean avait vraiment témoigné de son messianisme ? De plus n’est-il pas logique de penser que, si Jésus avait été attesté comme Christ, tout le monde serait allé auprès de lui ? Sans doute l’auteur du quatrième évangile, pour censurer l’information, remplace-t-il le Jésus des accusateurs par le Christ de la foi, auquel Jean aurait rendu témoignage.
Pour retrouver les paroles originelles de la plainte, il faut centrer notre attention sur le mot-clé « voici », qui met en évidence la contradiction entre le comportement de Jésus et l’attitude de Jean à son égard : Jean lui avait montré beaucoup de compréhension, en le recevant parmi ses disciples malgré ses origines bâtardes, et « voici » comment il répondait à sa bienveillance !
Il y a deux chefs d’accusation : Jésus baptisait, et il faisait beaucoup de disciples.
La seconde attaque semble plutôt provenir de la censure, l’auteur de l’évangile étant poussé par le souci de faire de la Judée un lieu d’évangélisation aussi important que la Galilée.
Ne reste alors que le premier chef, à savoir que Jésus avait osé administrer le baptême. Quoique Jean se soit fait aider dans ce ministère par des disciples, il faut supposer que ce service avait été interdit à Jésus à cause de sa tache originelle. Tout en ayant été reçu comme un frère parmi des frères, il restait cependant inapte à accomplir un ministère de purification : un homme impur par naissance ne pouvait pas devenir instrument de purification(1). Sans doute fut-il employé, comme l’est Ion chez Euripide, dans le service d’accueil des pèlerins, mais il restait inapte au ministère.
Jésus avait donc commis une faute grave, rompant le contrat d’appartenance à la congrégation et dépassant les limites qui devaient le tenir dans une situation d’humilité propre à son rang.
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(1) Jn 9:34. 
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