De la fête des Tabernacles à la Dédicace

   On aurait dû s’attendre à ce que Jésus, après la fête des Tabernacles, ait quitté le pays, surtout s’il est vrai que les grands-pontifes avaient envoyé des huissiers pour le saisir (Jn 7:30-32). Il n’en fut rien. Au contraire, nous constatons qu’il utilisa le temps qui le sépare de la Dédicace à la préparation d’un exploit qui le lierait d’une façon définitive et tragique à son pays.

   Jésus n’avait guère tardé à passer de la dépression à la réflexion, de la faiblesse de la chair au sursaut spirituel. Si les Juifs avaient des questions à lui poser et des épreuves à lui faire subir, il avait, lui-même, des questions à poser à son Dieu.
   Dans le sillage d’Osée, il s’était engagé à annoncer au peuple le retour de Dieu du désert, ainsi que sa nouvelle alliance d’amour. Cet amour se reflétait en une image vivante par son union avec Marie de Magdala, qui avait su effacer toute trace de prostitution sur son visage de femme. Et il avait annoncé l’accomplissement de la nouvelle alliance par la présence dans le Temple de Dieu lui-même. Mais Dieu se faisait attendre et, pour le moment, rien n’annonçait son approche, car le Judaïsme s’opposait, de toutes ses forces, à son Évangile. La méchanceté de la mère était-elle plus tenace que la volonté de Dieu ? Ou bien Dieu était-il si envoûté par elle qu’il n’osait pas la juger ? Et cependant, il avait envoyé ses prophètes appeler leurs frères à plaider contre elle, leur mère !
   Jésus pensa alors que Dieu s’absentait parce que sa maison, le Temple, était impure. Mais comment aurait-il pu la purifier, sans juger sa mère ? Ne le pouvant pas, il était obligé d’appeler le peuple à la convaincre de son abomination, mettant ainsi Dieu dans la nécessité de la juger. D’où sa décision de transformer la fête de la Dédicace en un nouvel événement purificateur du Temple. Appeler le peuple à traduire sa mère en jugement, amener Dieu à intervenir comme juge, contraindre enfin le Judaïsme, qui voulait se saisir de lui pour le juger, à se soumettre au jugement de Dieu. Voilà le véritable signe que Jésus voulait donner de son prophétisme, l’accomplissement de l’oracle d’Osée : « Tu tomberas le jour ; le prophète avec toi tombera la nuit. Et je détruirai ta mère » (Os 4:5).