De la Dédicace à la Pâque

   Étrange sort que celui de « Jésus, le prophète » qui, selon l’oracle d’Osée, lance à sa mère le défi de la traduire en jugement, alors que cet oracle s’accomplit non par le jugement de sa mère, mais par celui du prophète par sa mère.
   En effet, au cours de ce procès tenu au Temple, Dieu ne s’était pas présenté comme le juge, et le peuple n’avait pas accusé sa mère, qui non seulement n’avait pas reconnu ses fautes mais les avait reportées sur lui, en faisant Jésus objet du jugement. Le prophète accusateur dût s’enfuir pour échapper au mandat d’arrêt, accusé d’être un faux prophète, un brigand, un conspirateur qui briguait le pouvoir. Il avait espéré le pardon pour avoir péché par lassitude et pour avoir fui, et il se trouvait condamné à s’enfuir pour ne pas mourir dans la gueule du serpent (Jn 8:44).
   Toutefois il ne perdit pas la foi, ni ne renonça à sa vocation prophétique. Il n’était plus question pour lui de s’enfuir pour renoncer à l’évangéli­sation mais d’échapper à la mort à laquelle il était condamné par son peuple pour avoir prêché l’Évangile. Il fixa la date de sa fuite à la Pâque, assimilant sa situation d’existence à celle du peuple, qui s’était enfui au désert pour échapper à la mort sous Pharaon. Il aurait lui aussi dû quitter son pays comme le peuple déporté, pour se rendre, esclave, dans le pays des Gentils. Mais il se consolait, peut-être, en pensant que sur leur terre il aurait été libre d’annoncer que Dieu avait quitté le désert pour venir, non dans le Temple mais dans le monde, habiter le cœur de tous ceux qui se reconnaissent frères.