ANALYSE RÉFÉRENTIELLE
ET ARCHÉOLOGIQUE

Pierre Curie

Le roman inachevé d’un utopiste

Tourcoing (1960-1967) :
sensibilisation de la communauté aux problèmes contemporains

Sommaire

Prologue

Introduction

Clermont-l’Hérault

Saint-Quentin

Bruay-en-Artois

Tourcoing
- Introduction
- Le protestantisme à
  Tourcoing
- Communauté vivante
- Sensibilisations
  . Quatre Cercles d’étude
  . Manifestations publiques
- Parole d’utopie
- L’impasse
- Recherche de structures
   nouvelles
- Expériences nouvelles
- Vers la crise

La crise

Épilogue

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Les quatre Cercles d’étude

   Le synode national de Toulouse (juin 1960) ayant rappelé à toutes les paroisses qu’ « actuellement le drame algérien pèse sur notre peuple, sape son moral, ébranle l’autorité de l’État, menace l’unité du pays », les invitait « à étudier ce que signifie pour l’Église et le pays le conflit algérien ».

   Nous avions saisi cette opportunité pour sensibiliser la communauté protestante tourquennoise sur ce grave et douloureux conflit, en organisant dans les locaux de l’Église quatre Cercles d’étude, en janvier et février 1961, tout en prenant soin de demander à trois pasteurs dont l’autorité était unanimement reconnue en France et dans la région de présenter les aspects les plus « chauds » de la question.
   Ainsi, au cours d’une journée paroissiale, le pasteur Étienne Mathiot introduisit le cycle d’études sur « la question que le drame algérien pose à nos consciences de chrétiens ». Puis le pasteur Philippe Vernier, de Maubeuge, dirigea l’étude sur « l’Église et la politique », et le pasteur Jacques Rigaud, de Lille, intervint sur « les solutions politiques ». Moi-même, je présentais les trois autres thèmes moins passionnés : « le contexte humain de l’Algérie comme cause de la guerre », « la Bible a-t-elle quelque chose à dire ? », et « la jeunesse et le drame algérien ».

   En dépit des précautions prises, l’accueil de la paroisse fut des plus réservés. Ce furent des tourquennois étrangers au protestantisme qui ne craignirent pas de passer le seuil du temple. C’est eux aussi qui, le 13 mars 1961, demandèrent à prolonger ce cycle par une réflexion commune sur d’autres problèmes de l’heure, en cherchant à élargir encore cette expérience à un plus grand nombre de tourquennois sans distinction de milieu ou de confession.
   Une nouvelle rencontre eut lieu le 6 avril 1961 autour du thème « pouvons-nous aider à mieux nous informer sur les grands événements du monde ? » Pour les semaines à venir, il fut proposé d’aborder les problèmes de la jeunesse délinquante, le racisme, les questions atomiques, les pays sous-développés et la faim dans le monde, la crise des libertés… En fin de compte ces questions ne seront pas retenues cette fois, mais seront, pour certaines d’entre elles, reprises plus tard par d’autres groupes.
   Par contre (et la situation de la région des Flandres commandait plutôt ce choix) trois autres rencontres de ce « Cercle d’information » se tinrent, soit dans les locaux de l’Église réformée de Tourcoing, soit dans ceux de la « Solidarité » de la Mission populaire de Roubaix : le 10 mai 1961 sur « la crise de la gauche française », le 24 mai à Tourcoing le groupe se posait la question « où va la classe ouvrière ? », enfin en juin 1961, toujours à Tourcoing, « le problème de l’entreprise en 1961 », présenté par un syndicaliste.
   Cette nouvelle initiative du « Cercle d’information », elle-même inspirée de la réflexion sur la guerre d’Algérie, fut à son tour à l’origine des premiers échanges entre la communauté tourquennoise et la « Solidarité » de la Mission populaire de Roubaix qui avait, de son côté, entrepris de réfléchir à « la place du travail dans la vie quotidienne à la lumière de la Parole de Dieu ».
   Ce fut également la première occasion d’associer le Centre régional du Nord à cette réflexion. En effet, en novembre 1961, le conseil presbytéral de Tourcoing invitait le pasteur Ennio Floris (1), directeur du Centre, à diriger un week-end commun aux deux communautés de Roubaix et de Tourcoing autour du thème « pour atteindre le Royaume de Dieu, faut-il s’intéresser au monde d’aujourd’hui ? Quelle est l’utilité et quels sont les moyens d’un groupe professionnel ? ».

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(1) Voir une brêve biographie d’Ennio Floris par Jacques Lochard (1986), l’autobiographie d’Ennio Floris (2012), et son autobiografia (2005).

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1992

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