ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les poèmes d’amour
de  Dante  Alighieri




De la poésie d’amour à la poésie de louange :

le portrait de Béatrice




Vita nuova XXVI

  Tanto gentile e tanto onesta pare
La donna mia quand’ella altrui saluta,
Ch’ogne lingua deven tremando muta,
E li occhi no l’ardiscon di guardare.

  Ella si va, sentendosi laudare,
benignamente d’umiltà vestuta ;
e par che sia una cosa venuta
da cielo in terra a miracol mostrare.

  Mostrasi sì piacente a chi la mira,
che dà per li occhi una dolcezza al core,

che ’ntender no la può chi no la prova :

  e par che de la sua labbia si mova
un spirito soave pien d’amore,
che va dicendo a l’anima : Sospira.

  Si noble et si honnête apparaît
Ma dame quand quelqu’un elle salue
Que la langue tremble, se tait, émue
N’osent les yeux en regarder l’attrait.

  À nos louanges elle se soustrait
Bénignement d’humilité vêtue :
On dirait qu’elle est du ciel venue
Montrer sur terre un miracle parfait.

  Si plaisante se montre à qui la mire
Que ses yeux donnent au cœur une
douceur      
Que comprendre ne peut qui ne l’éprouve.

  Et il nous semble que sa bouche s’ouvre
À un suave esprit plein de candeur
Qui dit à l’âme, en son désir : « Soupire ».


Sommaire
Avertissement au lecteur
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Premiers vers

Introduction

Aux fidèles d’Amour

Les soixante belles de Florence

Béatrice, dame du secret d’Amour

La dame gentille

Béatrice refuse de saluer Dante

De l’amour à la louange
- L’intelligence d’amour
- Entre printemps et
   Amour
- Douceur et amour
- Béatrice et Amour
- Béatrice et les femmes
- Le portrait de Béatrice

Lamentations sur la maladie de Béatrice

Mort et glorification

La dame gentille

La Pargoletta

Le refus de la dame gentille

La dame-pierre



. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

   Par ce sonnet, Dante parvient au sommet de sa poésie de louange de Béatrice : c’est son portrait en tant que miracle de beauté. Il en avait tracé l’ébauche dans la quatrième stance de la chanson Vous qui avez l’intelligence d’amour, mais ici il le complète.

   Il décrit Béatrice dans sa démarche, miroir qui brise et reflète une lumière qui vient du ciel, dont le regard et le comportement sont de noblesse et d’humilité. Elle est humble car elle sait que tout ce qu’elle a, elle l’a reçu ; elle est noble, car elle se trouve à la jonction du ciel et de la terre.
   Qui la voit ne se comporte pas avec elle comme avec une autre femme, car au lieu de parler avec elle d’amour, il devient muet. De même sa beauté n’est pas un charme qui le pousse à la regarder, mais qui l’oblige à fermer les yeux pour la saisir dans une vision intérieure. Le plaisir qu’elle suscite n’est pas le cœur en lutte entre la chair et l’esprit, mais une douceur unique, qui ne peut être connue que par celui qui l’éprouve. Elle est une vision intérieure qui transforme l’esprit, son image poétique devient une expérience mystique. C’est pourquoi la beauté du sonnet ne peut-elle émouvoir que celui qui parvient à mener cette expérience intérieure.



c 1977




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