ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
![]() |
![]() |
![]() |
||
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Ennio FlorisLes poèmes d’amour
|
De la poésie d’amour à la poésie de louange :Béatrice et Amour |
Vita nuova XXI |
Ne li occhi porta la mia donna Amore, per che si fa gentil ciò ch’ella mira ; ov’ella passa, ogn’om ver lei si gira, e cui’ saluta fa tremar lo core, sì che, bassando il viso, tutto smore, e d’ogni suo difetto allor sospira : fugge dinanzi a lei superbia ed ira. Aiutatemi, donne, farle onore. Ogne dolcezza, ogne pensero umile nasce nel core a chi parlar la sente, ond’è laudato chi prima la vide. Qual ch’ella par quando un poco sorride, Non si pò dicer né tenere a mente, Si è novo miracolo e gentile. |
Ma dame porte dans les yeux douceur D’amour, qui rend gentil ce qu’elle mire : Lorsqu’elle passe tout le monde attire, Et qui elle salue tremble en son cœur : Il baisse son visage et il s’en meurt Et de tous ses défauts alors soupire, Devant elle fuient orgueil et ire, Aidez-moi, femmes, à lui rendre honneur. Toute douceur et sentiment subtil Naît dans le cœur de qui l’entend parler Si bien qu’on loue qui le premier la vit. Ce qu’elle semble, quand un peu sourit, Nous pouvons le dire ni penser Tant est miracle nouveau et gentil. |
Sommaire Avertissement au lecteur Capoversi Premiers vers Introduction Aux fidèles d’Amour Les soixante belles de Florence Béatrice, dame du secret d’Amour La dame gentille Béatrice refuse de saluer Dante De l’amour à la louange - L’intelligence d’amour - Entre printemps et Amour - Douceur et amour - Béatrice et Amour - Béatrice et les femmes - Le portrait de Béatrice Lamentations sur la maladie de Béatrice Mort et glorification La dame gentille La Pargoletta Le refus de la dame gentille La dame-pierre . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
Dans la Vita nuova, Dante parle moins de ses rencontres avec Béatrice que de ses apparitions. C’est qu’il la voit comme une image, qui s’éclaire à sa vue, qu’il ne la voit que par une intuition, dans laquelle voir et être, paraître et apparaître se rejoignent. Ayant perçu Béatrice comme étant Amour lui-même, il en parle dans ce sonnet comme d’une apparition en tant qu’Amour, non qu’Amour s’incarne en elle, mais parce qu’elle porte Amour dans ses yeux et qu’elle en est éclairée et devient instrument de son irradiation. Vision poétique ? Sans doute, mais qui ne peut se passer de son apparition réelle. Avant de résonner dans les vers, la poésie est en elle, dans ses regards, dans sa couleur, dans ses mouvements, dans sa mouvance. Elle est la véritable poésie dont la sienne – les sonnets, les ballades, les chansons – ne sont que des expressions de son image. Lisons ce sonnet comme un instantané de sa démarche dans la rue. Qu’elle a changé depuis celle que Dante représentait dans Le douloureux amour ! Si alors elle portait Amour dans ses yeux, c’était pour blesser à mort par son regard, faisant trembler de peur celui qui osait tourner les yeux vers elle et le forçant à s’enfuir. Un regard tranchant, par lequel elle juge l’amant comme un vilain, parce qu’il ne cherche que le plaisir de la chair. Maintenant, son regard a la vertu de sublimer l’amant courtois, en l’insérant dans une autre courtoisie, celle où la beauté vient de la vertu. Elle est la nouvelle Vénus, non la Vénus terrestre mais la céleste, et sa beauté peut se dire vénusté. Tout le monde se tourne quand elle passe, et tout le monde baisse le regard pour permettre à sa lumière de pénétrer dans le cœur et de le purifier de ses passions – l’orgueil, la colère, le plaisir sexuel : sa beauté est une catharsis avant de se traduire en vers. Son regard est irradiation d’amour, mais il faut aussi considérer l’action qui émane de sa bouche, qui n’est pas le baiser mais le sourire et la parole : quand elle parle et sourit, elle accomplit en elle un miracle de courtoisie, de celle qui ne se trouve pas dans la cour des princes, mais dans celle du seigneur du ciel et de la terre. |
|
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() th06040 : 13/05/2021 |