ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Sur les bords du Jourdain

(Mc 1:1-13)




Recherche sur le discours de Jésus :

les logia du discours de Jean
et leur référence au Jésus de l’histoire



Sommaire
Prologue

La méthode
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême

Recherche sur le discours
- Introduction
- Tableau des textes
- Cohérence du discours
- Doutes sur l’attribution
- Attribution à Jésus
- Les logia du discours
  . L’invective anti-juive
  . La justice de Dieu
  . Baptême d’eau et de feu
  . Le battage du blé
  . Conclusion
- Vérification
- Résumé

Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours
Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte



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L’invective anti-juive


   L’invective porte contre le judaïsme une condamnation dont le contenu peut être résumé en ces propositions : les juifs sont une génération de serpents, ils sont objet de la colère de Dieu, leur appartenance à la race d’Abraham selon la chair ne suffit pas pour leur épargner le jugement, la paternité d’Abraham n’est pas liée à leur génération, Dieu peut susciter des enfants à Abraham à partir des pierres.

   Ces affirmations peuvent être mises en relation avec celles de Paul sur le judaïsme. Dans l’épître aux Romains, l’apôtre lance contre les juifs une critique sans concession, les soumettant par la Loi au même jugement de Dieu qu’il fait peser sur les païens sans Loi (Rm 2).
   Paul, cependant, est loin de prononcer un jugement aussi radical que celui du discours : alors que celui-ci dénie à la génération d’Abraham toute fonction de salut, l’apôtre reconnaît aux juifs une fonction spécifique que les païens n’ont pas, la prophétie (Rm 3:1). Dans l’épître aux Galates, il confère aussi à la Loi une fonction spéciale : elle aurait joué un rôle de pédagogue en préparant à la foi au Christ (Ga 3:24-25). Le fait que Paul ait compris la filiation d’Abraham dans un sens spirituel n’exclue pas pour autant que la génération d’Abraham selon la chair ait un sens.
   Dans le discours de Jésus, au contraire, l’opposition entre les deux générations est beaucoup plus nette et sans nuances. Seule la génération selon l’Esprit a un sens, la descendance d’Abraham selon la chair n’étant qu’une génération de serpents (1). Ce radicalisme anti-juif nous oblige à exclure l’hypothèse selon laquelle cette proposition ne remonterait pas à Jésus mais à l’Église, qui aurait mis dans la bouche de Jean cette haine qu’elle aurait nourrie contre le judaïsme après la destruction du Temple par Titus(2), car l’Église, derrière Paul, ne renie pas l’élection du judaïsme mais l’interprète dans un sens universaliste et messianique. On peut par contre affirmer que l’Église met ces paroles dans la bouche du Baptiste pour en atténuer la violence.

   De ces remarques, il ressort que l’invective remonte à Jésus lui-même. Son intention politique plaide en faveur de cette hypothèse : l’invective, en effet, attaque le judaïsme en touchant les « pharisiens » et les « sadducéens », qui étaient les tenants de l’idéologie dominante. Ils étaient en effet, si on me permet d’employer une expression moderne et gramscienne, les « intellectuels organiques » des sectes au pouvoir. Ces hommes sont ceux-là mêmes que Jésus a toujours visés dans ses discours, les exposant au mépris et à la dérision du peuple comme des hommes ambitieux et prétentieux, hypocrites et parjures.

______________

(1) Goguel trouve dans ces paroles « une réaction énergique contre les idées, courantes dans le judaïsme, que les juifs, même pécheurs, en tant que membres du peuple élu conservent un privilège par rapport aux païens » (M. Goguel, Jean-Baptiste, op. cit. p. 37).   Retour au texte

(2) L’Église avait vu dans la destruction du Temple le signe que Jésus avait donné de son exaltation à la dignité de Christ (Mc 13:2-26 ; Mt 24:2-30 ; Lc 19:41-44 ; Ap 11:2 ; 13 ; 15). Pour elle, ce signe était donné en réponse à la demande des juifs de prouver sa foi dans le messianisme de Jésus. La disparition du Temple devenait le signe de sa reconstitution dans le ciel (Ap 11:19). Mais cette conviction conduisit aussi à croire que l’héritage des promesses passait du peuple juif à l’Église, en tant que communauté messianique des élus (He 1:2 ; Ga 4:7 ; Rm 8:17 ; Tt 3:7).   Retour au texte



1984




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