Sommaire
Prologue
La méthode
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours
Jésus, le nouvel Élie
- Introduction
- Jean Baptiste et Élie
- Jésus et Malachie
- Jésus, le messager
. Introduction
. Le retour d'Élie
. Jésus, le messager et Élie
- Jésus et Élie
- Opinions contemporaines
- Résumé
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte
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Le messager et le retour d’Élie
Rappelons le texte concernant le messager : « Voici, j’enverrai mon messager (maleaki) : il préparera le chemin devant moi. Et soudain entrera dans son temple le Seigneur (adon) que vous cherchez. Et le messager de l’alliance que vous désirez, voici, il vient » (Ml 3:1).
On peut lire ce passage en portant son attention sur le nom des actants ou sur leur rôle. Dans le premier cas, il est légitime d’affirmer que le texte parle de la venue de deux personnages : le « messager » (maleaki) qui doit préparer le chemin devant Dieu et annoncer ou accomplir l’alliance, et le « Seigneur » (adon) qui prend possession du temple. Dans le second cas, il s’agirait de trois personnages : le messager qui prépare le chemin, le Seigneur, le messager de l’alliance.
Il est difficile d’opter d’une façon certaine entre la première et la seconde lecture. D’ailleurs, depuis le temps de Jésus, le texte a été interprété de diverses façons. Peut-être faut-il laisser à l’oracle la polysémie de son prophétisme, pour ne tenir compte que des événements qu’il annonce ; la venue de l’ange précurseur, l’entrée du Seigneur dans le temple, l’apparition de l’ange de l’alliance.
Ces trois événements ne constituent pas la venue de Dieu mais la précèdent. Cette venue, elle, est annoncée dans l’oracle du « jour de l’Éternel », qui suit le passage que nous avons cité (Ml 3:2-3).
Le texte concernant le retour d’Élie est une interpolation très ancienne, visant à insérer le mythe populaire du retour d’Élie dans le cadre des oracles prophétiques. « Voici, je vous enverrai Élie, le prophète, avant que le jour de l’Éternel arrive, ce jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères à leurs enfants et le cœur des enfants à leurs pères, de peur que je vienne frapper le pays d’interdit » (Ml 4:5-6 ou 3:23-24).
S’agissant d’une interpolation, on peut légitimement supposer que le rédacteur a trouvé dans le texte de Malachie une ouverture lui permettant d’insérer ce nouveau personnage. Dans les textes prophétiques, surtout dans les apocalyptiques, les événements peuvent se suivre selon l’enchaînement des propositions, tout en couvrant dans la vision de l’auteur des époques millénaires. Or l’oracle de Malachie présentait justement au rédacteur une telle ouverture : le prophète, tout en plaçant le jour du Seigneur après l’annonce des messagers précurseurs, ne précise pas que la succession des événements est sans médiation. Il était donc possible d’ajouter un troisième personnage aux deux précurseurs.
Étant donné que l’oracle du « jour de l’Éternel » (Ml 3:2-3) précisait qu’il s’agissait d’un jugement de feu et que, par contre, aucun des précurseurs n’était présenté dans le premier oracle ( Ml 3:1) comme un prophète de feu, on peut penser que le rédacteur a vu là la possibilité d’insérer dans le texte le personnage d’Élie qui, lui, était vraiment le prophète du feu. Élie ne pouvait venir qu’avant le « jour redoutable », afin d’épargner aux homme l’interdit, c’est-à-dire la destruction par le feu.
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