Dans la généalogie de Jésus, Matthieu ne se borne pas à la série des générations paternelles : il insère les noms de quatre femmes, Tamar, Rahab, Ruth et Beersheba. En cela Matthieu innove, dans la mesure où, selon la tradition, les enfants ne sont légitimes et ne peuvent avoir de nom que par rapport au père. La Bible, bien sûr, parle des mères dans les récits de naissance des héros du peuple, mais celles-ci restent absentes des fragments généalogique qui suivent ou précèdent ces récits. Il semble bien que la relation à la mère soit exclue des généalogies de par leur structure même, et la généalogie de Luc est conforme à cette règle (Lc 3:23-38).
   Si Matthieu transgresse les règles du genre littéraire du récit généalogique, ce n’est surement pas sans raisons, et puisque son évangile superpose des interprétations théologiques à des informations historiques on peut se demander si les raisons de cet écart sont seulement théologiques ou aussi historiques.