Matthieu commence ainsi la narration de la naissance de Jésus : « Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, fut trouvée enceinte (« en ayant dans son ventre ») du Saint Esprit, avant qu’ils eussent habité ensemble. »

   Ce texte nous renseigne sur deux faits : que Marie fut trouvée enceinte avant son mariage, et qu’elle le fut par le Saint Esprit et non par prostitution.
   Ces deux faits ne sont pas du même ordre, car s’apercevoir qu’une femme est enceinte est une constatation d’évidence, alors que reconnaître qu’elle l’est du Saint Esprit est une connaissance par des critères de foi : le premier se situe au niveau de l’expérience, le second à celui de l’interprétation. Matthieu unit cependant les deux faits dans une seule proposition, comme si on avait découvert que Marie était enceinte par œuvre du Saint Esprit au moment même où on avait constaté qu’elle était enceinte. Il énonce ainsi une proposition de foi dans laquelle, par définition, l’interprétation prévaut sur le fait. Cependant il n’associe pas les deux faits au point de méconnaître cette distinction, puisque dans la suite de son récit il entend raconter comment Joseph, « époux de Marie », est passé de l’étonnement et du doute provoqués par la découverte qu’elle était enceinte à la certitude qu’elle l’était du Saint Esprit.