ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
![]() |
![]() |
![]() |
||
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Ennio FlorisDe la naissance de Jésus-Christ
|
L’évangile de Matthieu : la naissance du fils de David |
L’épisode de la naissance de Jésus : Marie, objet du discours |
Sommaire Avertissement Introduction La naissance chez Paul L’évangile de Marc Matthieu : naissance du roi des juifs - Le récit - La généalogie de Jésus - L’épisode de la naissance . Marie trouvée enceinte . Le rêve de Joseph . Que reste-t-il de Joseph ? . Marie, objet du discours - La reconnaissance du roi des Juifs Luc : naissance du fils de Dieu La naissance du héros Jean : le samaritain Marie Joseph Les noms de Jésus L’évangile de Thomas Témoignages des juifs Jésus . . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . . |
On notera que dans le récit Marie est toujours objet du discours et jamais sujet : elle ne parle pas, elle n’agit pas, même pas dans la maternité qui pourtant lui est propre. En effet, on ne dit pas qu’elle s’est mise enceinte, mais qu’elle a été « trouvée enceinte », ni non plus qu’elle a engendré Jésus mais que celui-ci est né d’elle ; et si on affirme qu’elle accouche (teken) d’un enfant, il ne s’agit pas d’une action personnelle mais physique, de même ce n’est pas elle qui décide d’aller en Égypte mais Joseph… Elle est passive, n’ayant aucune responsabilité dans ce qui lui arrive. Telle qu’elle existe dans le récit elle n’est que la personnification de la « vierge enceinte » de l’oracle de la traduction grecque d’Isaïe. Si nous enlevons le voile qui la présente comme une vierge vouée à Dieu, nous ne découvrons en elle que la « jeune fille » mise enceinte par un inconnu. Ainsi on passe de l’interprétation théologique au fait, du récit messianique à l’information scandaleuse transmise par les juifs. Dans cette information, Marie est une coupable que la honte rend muette et change en chose. Il ne s’agit pas pour nous d’être sévères ou compatissants, mais de parvenir à connaître la cause de cette grossesse. Mais nous ne disposons pour cela que de l’éclairage que jettent sur elle les quatre mères enceintes de la généalogie et des inductions que nous pouvons établir à partir du fait qu’après tout elle n’a été condamnée par personne. Parmi ces femmes, trois sont entachées de prostitution : Rahab pour l’avoir pratiquée professionnellement avant son mariage, Tamar pour l’avoir exercé en vue de satisfaire son droit de lévirat, Ruth pour l’avoir tenté dans le même but. La quatrième est adultère, quoique par une sorte de viol moral. Il nous est alors difficile de dire si Marie a péché par prostitution ou par adultère, si elle a agi en responsable par passion ou si elle fut victime. Dans son récit, Matthieu porte une attention toute particulière au cas de Tamar. Non seulement il s’y réfère dans la généalogie, mais il prête à Joseph une attitude envers Marie semblable à celle de Juda envers Tamar : Joseph, comme Juda, ne s’approche pas de Marie avant la naissance de l’enfant, et il estime se comporter avec justice envers elle à l’exemple de l’ancêtre. Ce regard privilégié sur la narration de Tamar permet-il d’affirmer que Marie a, comme Tamar, cherché à satisfaire par voie de prostitution un droit de lévirat que Joseph avait négligé ? Ou bien Marie, moins ingénue que ce que le texte donne à penser, a-t-elle été une promise négligée qui a tenté sa chance avec un autre prétendant ? On peut imaginer bien des possibilités, comme d’ailleurs on en trouve dans la tradition populaire. Quoi qu’il en soit, le fait qu’elle n’ait pas été traduite en justice nous permet de penser qu’elle a été considérée comme victime plutôt que comme coupable, et que sa famille a cherché à la sauver en l’abandonnant à la pitié de Dieu. |
|
t733400 : 19/12/2017