Sur le chemin de Bethléem

   En dépouillant le bref récit sur le voyage de Nazareth à Bethléem aussi bien de ses déterminations signifiantes que de sa forme littéraire, il reste comme fond matériel (substance du signe) le fait qu’une femme enceinte se rend sur le lieu où elle va accoucher.
   Cette matière (fait historique ou thème ?) se détermine en ce que la femme enceinte est Marie, épouse de Joseph de la maison de David, et que le lieu où elle se rend est Bethléem. Ces déterminations se fondent sur un a priori de foi, selon lequel le Christ doit être « fils de David » et doit donc naître à Bethléem, cité de David. Ainsi la « vierge enceinte » se rend à Bethléem parce qu’il s’agit de la vierge enceinte mère du Christ selon les Écritures.

   Cette nécessité reste cependant cachée, comme insoupçonnée par le lecteur. Selon la trame du récit, la vierge enceinte se rend à Bethléem à cause d’un recensement ordonné par le procurateur romain Quirinus. C’est donc poussée par une circonstance fortuite qu’elle parvient au lieu fixé d’avance par les Écritures pour la naissance du Christ. Elle se rend à Bethléem à cause du recensement, mais c’est Dieu qui a créé cette occasion afin qu’elle accouche de son enfant dans la cité de David. Si Dieu a déterminé d’avance cette finalité dans la naissance de Jésus, cette naissance devient un « signe », c’est-à-dire un fait susceptible de signifier et d’indiquer la naissance du Christ.