ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les poèmes d’amour
de  Dante  Alighieri




Les soixante belles de Florence :

femme, amour et poésie




Rime LIX

  Volgete li occhi a veder chi mi tira,
per ch’i’ non posso più venir con vui,
e onoratel, ché questi è colui
che per le gentil donne altrui martira.

  La sua vertute, ch’ancide sanz’ira,
pregatel che li laghi venir pui,
ed io vi dico, de li modi sui
cotanto intende quanto l’om sospira :


  ch’elli m’è giunto fero ne la mente,
e pingevi una donna sì gentile,
che tutto mio valore a’ piè le corre ;

  e fammi udire una voce sottile
che dice : « Dunque vuo’ tu per neente
a li occhi tuoi sì bella donna torre ? ».

  Tournez les yeux et voyez qui m’attire,
Je ne peux pas aller avec autrui :
Honore-le, il est certes celui
Qui pour les femmes tout homme déchire.

  Priez que sa vertu qui tue sans ire
Me permette de venir chez vous puis,
Et je vous dis que de ses modes à lui,
Tant il comprend combien l’homme soupire.

  Venu dans mon esprit fort dédaigneux,
Il y peint une femme si gentille
Qu’à ses pieds court toute ma valeur,

  Et il me fait entendre une voix tranquille
Qui dit : « Tu veux pour rien de tes yeux
Ôter femme si belle en sa splendeur ? »


Sommaire
Avertissement au lecteur
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Premiers vers

Introduction

Aux fidèles d’Amour

Les soixante belles de Florence
- Pour une jeune-fille
   morte
- Femme, amour et
   poésie

- Lisette
- Fleurette
- Violette
- La Garisenda
- Nella
- La gentille dame
   lumière
- Pour la mort d'une
   jeune-fille

Béatrice, dame du secret d’Amour

La dame gentille

Béatrice refuse de saluer Dante

De l’amour à la louange

Lamentations sur la maladie de Béatrice

Mort et glorification

La dame gentille

La Pargoletta

Le refus de la dame gentille

La dame-pierre



. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

   Ce sonnet ne fait pas partie des tensons, mais c’est une lettre adressée aux amis du poète.

   Le poète partage un thème qui leur est commun, celui de l’apparition dans l’esprit d’une femme de beauté ; c’est le principe de la courtoisie et de la poésie. Puisqu’il écrit aux « nouveaux troubadours », il fait sienne l’image poétique des anciens, c’est-à-dire des poètes « siciliens ». Amour vient dans l’esprit peindre l’image de la femme par laquelle il veut attirer l’homme, métaphore qui exprime à la fois le rôle de l’image de la femme dans l’esprit et le caractère d’une poésie qui est comme une peinture : « Ut pictura poesis ».
   Mais à ce moment se pose le problème du poète troubadour : que doit-il faire de cette peinture faite par Amour ? Doit-il l’ôter de son âme ? La question est équivoque : que signifie réellement « enlever » une femme des yeux ? L’ôter de l’image pour la posséder réellement, ou l’ôter des yeux sans rien faire d’autre, c’est-à-dire sans l’aimer, en jouissant de son image mais non d’elle ? C’est la question que se pose tout amoureux. Quoi qu’il en soit, le poète semble précéder l’amant, car avant de savoir ce qu’il doit faire, il chante. L’amour peut être empêché, mais la poésie reste, car elle ne recherche la femme que par le rayonnement de son image.



c 1977




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