ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


Auteurs Méthode Textes
Plan Nouveautés Index Liens Aide





Ennio Floris


Les poèmes d’amour
de  Dante  Alighieri




Les soixante belles de Florence :

pour la mort d’une jeune-fille




Vita Nuova VIII

  Morte villana, di pietà nemica,
di dolor madre antica,
giudicio incontestabile gravoso,
poi che hai data matera al cor doglioso
ond’io vado pensoso,
di te blasmar la lingua s’affatica.

  E s’io di grazia ti voi far mendica,
convenesi ch’eo dica
lo tuo fallar d’onni torto tortoso,
non però ch’a la gente sia nascoso,
ma per farne cruccioso
chi d’amor per innanzi si notrica.

  Dal secolo hai partita cortesia
e ciò ch’è in donna da pregiar vertute :
in gaia gioventute
distrutta hai l’amorosa leggiadria.

  Più non voi discovrir qual donna sia
che per le propietà sue canosciute.
Chi non morta salute
non speri mai d’aver sua compagnia.

  Mort vilaine, de pitié ennemie,
De douleur mère inouïe,
Jugement sans recours et rancuneux,
Toi qui attises mon cœur douloureux
Dont je suis soucieux,
De te blâmer la langue s’ennuie.

  Puisque je veux que tu grâce mendies
Il convient que je décrie
Ton erreur de délits délictueux,
Non pour qu’il reste mystérieux,
Mais pour rendre furieux
Qui dès toujours d’amour se rassasie.

  Tu as chassée du monde courtoisie
Et vertu qu’ont prise dans une dame :
En jeunesse qui clame
Tu as détruit amour et poésie.

  Je ne veux solliciter son effigie,
Je veux qu’on sache qui est cette femme.
Car qui ne sauve pas son âme
N’espère pas avoir sa compagnie.


Sommaire
Avertissement au lecteur
Capoversi
Premiers vers

Introduction

Aux fidèles d’Amour

Les soixante belles de Florence
- Pour une jeune-fille
   morte
- Femme, amour et
   poésie
- Lisette
- Fleurette
- Violette
- La Garisenda
- Nella
- La gentille dame
   lumière
- Pour la mort d'une
   jeune-fille


Béatrice, dame du secret d’Amour

La dame gentille

Béatrice refuse de saluer Dante

De l’amour à la louange

Lamentations sur la maladie de Béatrice

Mort et glorification

La dame gentille

La Pargoletta

Le refus de la dame gentille

La dame-pierre



. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

   Je termine ce groupe de poèmes sur la femme par une des deux élégies que Dante avait composées pour la mort d’une jeune-fille, comme je l’avais ouvert par l’autre. J’ai voulu séparer les deux poésies que Dante a présentées ensemble dans la Vie Nouvelle pour deux raisons. D’abord pour recouvrir le sentiment du poète envers les femmes par cet amour qui ne s’accomplit que par la mort ; ensuite pour mettre en évidence que les deux poèmes, bien que composés pour la même femme, n’ont pas la même perspective.
   Le premier poème, Pleurez amants… est une lamentation qui surgit du plus profond de l’âme d’un poète qui voit le bonheur dans l’amour et la beauté dont il s’entoure. La mort a fané et détruit cette beauté dans celle qui en était la médiatrice. Ce n’est pas seulement le poète qui pleure, mais les amants et Amour lui-même, par les yeux de celle qui est l’aimée par excellence, Béatrice. Mais vue sous son regard, la mort est une porte ouverte vers une autre dimension d’amour et de bonheur.

   Ce second poème est plutôt un jugement qu’une plainte. En effet, la mort est ressentie comme un jugement inexorable de Dieu contre l’amour, pour que l’homme ne se situe que dans la grâce. Si le premier poème supposait une harmonie secrète entre l’amour et la grâce, ici on trouve une rupture : la dame ne sera pas couronnée après sa mort parce qu’elle a été gentille et courtoise, mais parce qu’elle a été vertueuse ; en d’autres termes parce qu’elle a accepté de subordonner la beauté à la vertu, l’amour à la grâce. Les paroles par lesquelles le poème s’achève, « Qui ne mérite salut / n’espère pas avoir sa compagnie » sont un prélude à celles que le poète gravera au-dessus de la porte de l’enfer, « Laissez toute espérance, vous qui entrez » : Dante est déjà sur le chemin de la Divine comédie.



c 1977




Retour à l'accueil La gentille dame lumière Haut de page Béatrice      écrire au webmestre

th02090 : 11/04/2021