ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les poèmes d’amour
de  Dante  Alighieri




Les soixante belles de Florence :

Fleurette




Rime LVI

  Per una ghirlandetta
ch’io vidi, mi farà
sospirare ogni fiore.

  I’ vidi a voi, donna, portare
Ghirlandetta de fior gentile
e sovr’a lei vidi volare
un angiolel d’amore umile ;
e ’n suo cantar sottile
dicea : « Chi mi vedrà
lauderà ’l mio signore ».

  Se io sarò là dove sia
Fioretta mia bella [a sentire],
allor dirò la donna mia
che port’ in testa i miei sospire.
Ma per crescer disire
mia donna verrà
coronata da Amore.

  Le parolette mie novelle,
che di fiori fatto han ballata,
per leggiadria ci hanno tolt’elle
una vesta ch’altrui fu data :
però siate pregata,
qual uom la canterà,
che li facciate onore.

  Pour une guirlandette
Que je vis, me fera
Soupirer chaque fleur.

  Je vis vers vous, ô dame, porter
Guirlandette de fleurs gracile,
Je vis aussi au-dessus voler
Un angelot d’amour docile
Qui, d’une voix subtile,
Disait : « Qui me verra
Louera mon Seigneur ».

  Si je me trouve là où réclame
La charmante Fleurette m’ouïr,
Alors je chanterai la dame
Qui porte en tête tous mes soupirs.
Pour que croisse désir
Ma dame alors viendra
Couronnée de douceur.

  Cette parole étant si nouvelle
Qu’elle, de fleurs, fait une ballade
Pour la beauté, s’est ôtée d’elle
Sa veste pour une sérénade.
Que je vous persuade
Quiconque chantera
De faire, dame, honneur.


Sommaire
Avertissement au lecteur
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Premiers vers

Introduction

Aux fidèles d’Amour

Les soixante belles de Florence
- Pour une jeune-fille
   morte
- Femme, amour et
   poésie
- Lisette
- Fleurette
- Violette
- La Garisenda
- Nella
- La gentille dame
   lumière
- Pour la mort d'une
   jeune-fille

Béatrice, dame du secret d’Amour

La dame gentille

Béatrice refuse de saluer Dante

De l’amour à la louange

Lamentations sur la maladie de Béatrice

Mort et glorification

La dame gentille

La Pargoletta

Le refus de la dame gentille

La dame-pierre



. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

   Il s’agit probablement de la première ballade de Dante. Par son style, qui la rapproche du poème de Lapo di Gianni, on peut penser qu’il s’agit d’une composition pour une danse, pour fêter le passage de la puberté. Il ne s’agit donc pas d’une femme, mais de la jeune-fille qui joue la femme. S’il y a présence d’une femme, c’est sans doute de celle qui a dansé et chanté le vers « Qui me verra louera mon Seigneur ». À noter que, comme on peut le déduire de la troisième strophe, cette ballade a aussi été jouée, mais sur la musique d’une autre poésie.
   Cette interprétation s’appuie sur le fait que Dante, dans le Paradis terrestre, fait apparaître la femme originelle comme une jeune-fille amoureuse qui cueille des fleurs pour s’en tresser une couronne. Elle apparaît deux fois : en rêve sous le nom de Lia, et comme une âme réelle appelée Matelda. C’est la femme dans son essence d’amoureuse, la seule qui soit restée pure et éternelle et que le péché n’a pas ruinée, le modèle de la femme comme source d’amour et de beauté, modèle de la création (Purg. XXVII-XXVIII).
   Cette interprétation permet aussi de comprendre la deuxième strophe, où le poète distingue entre Fleurette et sa dame. Il chantera la dame si Fleurette est là pour entendre, et pendant qu’il chante sa dame vient, couronnée d’amour. Oui, c’est à partir de la vue de Fleurette que Dante pense à son aimée, qui à son tour puise à la source de sa beauté et de son amour la présence de Fleurette, de sa jeunesse.

   Il n’est pas incongru d’associer Fleurette à l’image de Proserpine (que Dante rappelle à propos de Matelda, (Purg. XXVII,49), c’est-à-dire le printemps qui revient sur terre. Cette ballade a peut-être été composée pour une fête de printemps.



c 1977




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