ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Sur les bords du Jourdain

(Mc 1:1-13)




Analyse du discours de Jésus :

analyse littéraire



Sommaire
Prologue

La méthode
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
Le corpus du discours

Analyse du discours
- Introduction
- Analyse littéraire
  . Introduction
  . L’invective
  . La menace
  . La dispute
  . Déclaration prophétique
  . Le genre littéraire
- Analyse thématique
- Densité diachronique
- Coupure idéologique
- Résumé

Genèse du discours
Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte



. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

L’invective


   À l’encontre des pharisiens et des sadducéens, Jésus emploie l’invective, mode spécifique d’apo­strophe. Par son étymologie (apo = loin de, et strophe = détournement), celle-ci marque un détournement du discours qui, rompant son articulation énonciative, s’adresse à un de ses objets : la personne ou la chose interpellée sort de la condition d’objet qu’elle avait dans le discours pour se constituer face au locuteur comme un sujet.
   L’apostrophe peut être laudative ou diffamatoire. Dans le second cas, elle constitue une invective : ce peut être une malédiction ou une imprécation, un blasphème ou une injure, une dérision ou un blâme, mais elle peut aussi s’associer à n’importe quel discours, surgir au milieu d’un poème ou d’une description, d’une apologie ou d’une accusation.

   L’articulation de l’invective est dialectique et « performative ». Elle est dialectique car elle vise à confirmer une information ou une thèse, en détruisant l’autorité de la personne qui la nie. Elle est performative, car la négation de la thèse et son affirmation ne se tiennent que par le dire des locuteurs respectifs. L’emploi de cette forme s’explique par le fait que les pharisiens et les sadducéens, par leur idéologie et leur rôle social, étaient les négateurs de ce jugement que Jésus se proposait d’annoncer : ils n’auraient pas pu accepter ce jugement sans se renier eux-mêmes, leur autorité morale et le pouvoir réel qu’ils exerçaient rendaient pour eux ce jugement tout à fait inconcevable et absurde.

   Jésus montre qu’il connaissait aussi bien le pouvoir de ses adversaires que le point de rupture qui les séparait de lui. Prévenant leur intervention, il les attaque pour leur ôter, par la diffamation, toute crédibilité auprès du peuple. Il ne veut pas discuter avec eux, il veut les réduire au silence avant même qu’ils ne parlent.
   « Race de vipères ! » (Mt 3:7 ; Lc 3:7) : métaphore puissante, tirée du bestiaire imaginaire de la topique populaire. Il ne pouvait échapper à personne que « race de vipères » voulait dire rusés, séducteurs, hypocrites, malfaisants, maudits (Mt 23). L’invective a la force d’un anathème. Jésus, certes, n’était pas naïf au point de croire que ses adversaires se tairaient mais, intervenant après cette invective, ceux-ci ne pouvaient que se défendre ou recourir à la violence, ils cherchèrent en effet à le lapider. Cette tactique les forçait à se présenter, malgré eux, non comme des juges mais comme des accusés, contraints même à se défendre en dehors des limites de la légalité.



1984




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u0811000 : 23/03/2018