ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


Auteurs Méthode Textes
Plan Nouveautés Index Liens Aide





Ennio Floris


Sur les bords du Jourdain

(Mc 1:1-13)




Analyse du discours de Jésus :

analyse thématique



Sommaire
Prologue

La méthode
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
Le corpus du discours

Analyse du discours
- Introduction
- Analyse littéraire
- Analyse thématique
  . Introduction
  . Paternité d’Abraham
  . Fruits de repentance
  . Baptêmes d’eau et de feu
  . Jugement de Dieu
- Densité diachronique
- Coupure idéologique
- Résumé

Genèse du discours
Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte



. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

La paternité d’Abraham et la fonction purificatrice du sacrifice


   Pour ce qui est du jugement de Dieu, pharisiens et sadducéens étaient au fond d’accord : leurs thèses, quoique différentes, étaient complémentaires. Les pharisiens, maîtres à penser de la tradition (Mt 23:2), ne pouvaient accepter un jugement définitif condamnant la nation juive, peuple que Dieu avait conduit et béni éternellement dans la personne d’Abraham, son père (Gn 17:4-5). Le discours nous permet de constater cette conscience profonde des pharisiens, lorsqu’il affirme à leur adresse : « Ne dites pas, en vous-mêmes : nous avons Abraham pour père » (Mt 3:9 ; Lc 3:8). Pour Jésus, leur légitimité en tant que descendants charnels d’Abraham ne leur donnait pas droit à se considérer comme ses fils : Abraham était père par-delà la génération de la chair.
   Quant aux promesses de Dieu elles ne restaient pas, elles non plus, conditionnées par cette génération. Données par grâce, elles ne pouvaient s’accomplir que pour ceux qui auraient observé les commandements de Dieu. Mais, puisque les hommes issus de la race d’Abraham les avaient considérées comme un droit et non comme une grâce, Dieu ne pouvait qu’accomplir ses promesses et les condamner. Le jugement contre le peuple devenait ainsi la condition sine qua non de l’accomplissement des promesses.

   Les sadducéens, eux, rejetaient ce jugement parce qu’il leur semblait en contradiction avec le sacrifice expiatoire du temple (Lv 16). En effet, si le sacrifice effaçait le péché du peuple, comment Dieu pourrait-il considérer celui-ci comme toujours pécheur, au point de le condamner encore par le jugement ? Les prophètes, il est vrai, avaient annoncé le jugement de Dieu contre Israël, mais il s’agissait d’une punition partielle et temporaire, à but plus pédagogique qu’expiatoire.
   Le discours de Jésus ne renferme aucune apostrophe à l’encontre du sacrifice, mais l’accent qu’il porte sur « les bons fruits » – autrement dit sur les œuvres de justice, par opposition aux institutions légales – nous autorise à penser que Jésus a répété ou suggéré à ses auditeurs les paroles prononcées par Osée : « J’aime la piété et non le sacrifice » (Os 6:6). Il convient de souligner que cette affirmation apparaît dans le message de Jésus (Mt 9:13 ; 12:7) et que, dans ce premier discours, Jésus avait subi, comme nous le verrons par la suite, l’influence d’Osée.

   En prenant des pierres pour les lui lancer, les pharisiens et les sadducéens passèrent de la signification de la parole au symbolisme de l’action, manifestant par celle-ci que Jésus méritait la mort. Mais Jésus saisit l’occasion pour insérer, à son tour, ses paroles dans l’acte : « De ces pierres-ci, Dieu peut susciter des enfants à Abraham » (Mt 3:9). Il dévoilait ainsi dans le geste de ses accusateurs un symbolisme qui leur était resté caché. « Ces pierres-ci » représentaient précisément la filiation d’Abraham, dont ils étaient si fiers : des hommes réduits en pierre par le jugement de Dieu, à cause de « la dureté de leur cœur », des hommes finis, revenus au néant précédant leur origine. Or cet anéantissement devenait pour Dieu l’occasion d’une nouvelle création, visant à donner d’autres enfants à Abraham.
   Dès lors, les paroles que Jésus avait dites n’étaient plus de lui mais de ses adversaires eux-mêmes, qui venaient de les prononcer par leurs propres gestes. En condamnant Jésus, ils manifestaient la condamnation que Dieu avait prononcée contre eux.



1984




Retour à l'accueil Analyse thématique du discours de Jésus Haut de page Les fruits dignes de repentance      écrire au webmestre

u0821000 : 26/03/2018