ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Sur les bords du Jourdain

(Mc 1:1-13)




Analyse du discours de Jésus :

analyse thématique



Sommaire
Prologue

La méthode
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
Le corpus du discours

Analyse du discours
- Introduction
- Analyse littéraire
- Analyse thématique
  . Introduction
  . Paternité d’Abraham
  . Fruits de repentance
  . Baptêmes d’eau et de feu
  . Jugement de Dieu
- Densité diachronique
- Coupure idéologique
- Résumé

Genèse du discours
Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte



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Les fruits dignes de repentance


   La menace que Jésus adresse au peuple supposait que sa conscience était prête à se laisser émouvoir par la puissance de l’image. En venant se faire baptiser par Jean, le peuple était sans doute sincère, il avait été frappé par le message de Jean l’appelant à prendre conscience de ses péchés.
   Mais en même temps il s’était laissé attirer par l’image séduisante du baptême, rêvant d’être pardonné, comme par enchantement, par l’ablution rituelle, sans avoir besoin d’un changement profond et radical de conscience. Pour être justifié, il suffisait de se plonger dans l’eau purificatrice du Jourdain.

   Jésus cherchait à attirer l’attention de ses auditeurs par une parabole faisant appel à l’imaginaire collectif : l’homme est semblable à un arbre. Tous pouvaient se reconnaître dans cette image : n’étaient-ils pas des branches, des rejetons de la souche d’Abraham ? des arbres que Dieu avait plantés dans sa terre ?
   Jésus les poussait à se convaincre qu’un arbre fruitier n’est valable que s’il produit de bons fruits : qui laisserait dans sa cour, dans son propre jardin, un figuier qui ne donnerait pas de fruits ou qui produirait des fruits sauvages ? Au deuxième degré, les fruits de l’arbre sont les œuvres de justice, bonnes ou mauvaises.

   D’où l’exhortation, qui prend la force d’un impératif : « Produisez des fruits dignes de repentance » (Mt 3:8 ; Lc 3:8). Autrement dit, pour obtenir le pardon de Dieu, il ne suffit pas au peuple de se faire baptiser, il lui faut aussi accomplir la justice. Dans le cas contraire, Dieu agira à son égard de la même façon que tout homme envers un arbre qui ne porte pas de bons fruits : il l’arrachera et le jettera au feu.
   La logique de ce processus parabolique plaçait chacun face au problème de sa propre conversion. Mais ce problème, une fois posé, ne pouvait que jeter les gens dans la consternation et la peur. Leur interrogation angoissée se lit entre les lignes : « Que devons-nous faire ? ». Jésus ne pouvait pas répondre, comme plus tard Pierre à des auditeurs saisis d’une peur analogue, « que chacun de vous se fasse baptiser » (Ac 2:38), puisque sa remise en question concernait justement le baptême. Comment se faire baptiser, si l’on n’avait pas produit des fruits dignes de repentance ? Mais si on en avait produit en accomplissant la justice, à quoi bon se faire baptiser ? D’où la peur d’une justification qui ne pouvait venir que d’un jugement.
   Jésus s’exprime encore par une sentence, un oracle : « Déjà la cognée est mise à la racine des arbres » (Mt 3:10 ; Lc 3:9). Pour ses auditeurs, cet oracle ne pouvait être qu’une vision terrifiante, qui se superposait à celle du baptême : non plus une main bénissant un homme émergeant de l’eau, mais une main émondant, coupant, tronçonnant à la hache les hommes comme des arbres !



1984




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u0822000 : 26/03/2018