Sommaire
Prologue
La méthode
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours
- Introduction
- La purification
- La crise
- Les références bibliques
- La vision d’Osée
- Le message d’Ézéchiel
- Le Dieu de Jésus
- La personnalité de Jésus
- Le discours
- Résumé
Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte
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Le discours fut la traduction dans le langage des mots d’une parole que Jésus avait lue dans le langage des choses, et qui était censée être le langage de Dieu. Aussi représenta-t-il l’instance, l’acte, au moyen duquel Jésus se posa en prophète face au peuple et à l’encontre de Jean. Évidemment, il ne s’agit pas du discours réel et intégral prononcé par Jésus, mais de ses thèmes principaux, et surtout de celui qui faisait objet de récrimination, autrement dit du jugement contre Israël. Il ne faut pas oublier, en effet, que les informateurs de ce discours n’étaient pas, à l’origine, les évangélistes, mais les juifs accusateurs de Jésus.
La reconstruction du processus de la crise nous permet désormais de comprendre la genèse de ce discours, mais il reste encore à rechercher l’occasion qui l’a déclenché.
Nous avons laissé Jésus en marge de la vie et de l’activité de la congrégation des baptistes, et en retraite pour répondre à ses doutes et résoudre sa crise. Il ne baptisait plus, et on peut penser qu’il se promenait, silencieux et méditatif, en regardant de temps en temps les gens qui venaient se faire baptiser.
C’est pendant une de ces tournées en solitaire qu’il voit « venir au baptême beaucoup des pharisiens et des sadducéens » (Mt 3:7). Les responsables du peuple intégraient le baptême de Jean dans le judaïsme, au point de lui enlever toute originalité et aussi toute valeur : il n’était qu’une ablution destinée à signifier l’engagement à la pratique de la loi, il n’était purificateur que de nom, il ne différait guère des ablutions traditionnelles.
On peut supposer que cette constatation a fait exploser Jésus. Signe du jugement de Dieu, il devenait aussi, en cet instant, signe de la manifestation de la colère divine. Le baptême de Jean n’était qu’une simple ablution, la purification ne pouvait revenir qu’au jugement de Dieu. Le baptême dans l’eau était confronté au baptême de feu, d’où son explosion dans l’invective : « race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère de Dieu ? » (Mt 3:7 ; Lc 3:7). Par cette invective, Jésus se levait devant Jean, non comme disciple mais comme prophète, d’où la rupture.
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