ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Sur les bords du Jourdain

(Mc 1:1-13)




Le profil de Jésus, le nouvel Élie :

l’identification de Jean-Baptiste avec le prophète Élie



Sommaire
Prologue

La méthode
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours

Jésus, le nouvel Élie
- Introduction
- Jean Baptiste et Élie
  . Introduction
  . Synopse
  . Sens des récits
    - Introduction
    - Marc
    - Matthieu
  . Interprétation historique
- Jésus et Malachie
- Jésus, le messager
- Jésus et Élie
- Opinions contemporaines
- Résumé

Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte



. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

Le sens des récits :

Marc


   Chez Marc (Mc 9:11-13), la réponse de Jésus comporte deux propositions, dont l’une est assertive et l’autre interrogative, sans lien de conséquence entre elles.
   Telle quelle, la phrase n’est pas cohérente. Par contre, elle prend sens si l’on articule les deux propositions de façon que la première soit conditionnelle, avec la conjonction « si », et la seconde interrogative conséquente : « (Si) Élie rétablit toute chose, comment est-il écrit du fils de l’homme qu’il doit souffrir beaucoup et être méprisé ? ». En effet, Élie devant venir pour « rétablir toute chose », il devrait aussi abolir toute opposition au Christ, cause de sa souffrance. Il s’ensuit donc qu’Élie ne doit pas venir avant le Christ.

   Cette affirmation, cependant, n’implique pas qu’Élie ne doive pas revenir du tout, car elle laisse la possibilité qu’il vienne après le Christ. Cette venue est d’ailleurs supposée dans le verset 12, qui affirme que « (Si) Élie, lorsqu’il sera venu rétablit (apokatistanei) toute chose ». Le verbe « apo­katistanei » est repris de Malachie (Ml 3:23), le texte fondamental de la croyance au retour d’Élie.

   La fin de la réponse de Jésus (verset 13) devient compréhensible si on l’inscrit dans le cadre d’une controverse : Élie ne doit pas revenir avant le Christ, mais après, lors de la venue de Dieu ; puisque nous ne savons pas quand, il est plus opportun de porter notre attention sur le fait qu’il est déjà venu dans l’histoire, et qu’on lui a fait subir bien des avanies, comme il est dit dans les Écritures. Pourquoi élucubrer sur le temps de son retour, alors que nous pouvons nous édifier par l’exemple de sa vie ?
   Le double emploi de « et » donne à la réponse de Jésus le sens suivant : « Je vous dis (deux choses :) et qu’Élie est venu, et qu’ils l’ont traité comme ils l’ont voulu ». La précision « comme il est écrit de lui » ne nous renvoie pas à Malachie, mais aux passages des deux livres des Rois concernant le prophète(1). La conclusion qu’on doit tirer de ce passage est évidente : si Élie ne doit pas venir avant le Christ, Jean-Baptiste n’est pas Élie (étant entendu que, selon l’évangéliste, Jésus est le Christ).

   Un problème subsiste cependant : comment Marc peut-il nier que Jean-Baptiste soit Élie, alors qu’il l’identifie (Mc 1:2-3) au « messager » de Malachie – messager qui, dans l’appendice au texte de ce prophète (Ml 4:5 ou Ml 3:23), paraît se confondre avec Élie – ?
   Une analyse plus approfondie de l’oracle de Malachie nous force à reconnaître qu’il faut séparer « l’Élie qui vient » du « messager ». En Ml 3:1, on parle en effet de trois venues : d’abord celle du « messager » (Malachie), puis celle du « Seigneur » (Adon), qui est l’ange de l’alliance, enfin celle de Dieu, présupposée dans l’expression « le jour de Dieu qui vient ». Or, en Ml 4:5 (ou 3:23), on affirme que Dieu enverra Élie « avant que le jour de l’Éternel arrive », et non avant l’entrée du « Seigneur » dans le temple.
   Dans la mesure où l’on interprétait ce « Seigneur » comme étant le Christ, on devait aussi croire que le retour d’Élie ne se situait pas à la venue du Christ, mais à celle de Dieu lui-même, autrement dit qu’il n’était pas à proprement parler « messianique », mais « eschatologique ». Marc était de cet avis : Jean-Baptiste était bien le « messager » que Dieu avait envoyé au-devant du Christ, et non l’Élie qui devait venir, selon l’oracle, avant le « jour de l’Éternel ».

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   (1) Au sujet de la souffrance d’Élie : 1 R 17:1-7 ; 18:9 ; 19:2-4.   Retour au texte




1984




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