ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Sur les bords du Jourdain

(Mc 1:1-13)




Le délire et l’entrée de Jésus dans le désert :

aperçu général du phénomène de possession



Sommaire
Prologue

La méthode
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours
Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication

Le délire et le désert
- Introduction
- Le champ sémantique
- Aperçu de la possession
  . Introduction
  . Dans la culture grecque
  . Dans le judaïsme
- Psycho-philosophie
- Délire et crise de Jésus
- L’entrée dans le désert
- Résumé

Des événements au texte



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   Paul exprime ainsi une de ses expériences de foi : « Si je vis, ce n’est pas moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2:20). Il s’agit d’une expérience d’identification du moi avec la personne du Christ. Ici cette identification est de l’ordre du vécu de conscience, mais elle peut se produire aussi dans l’inconscient. Dans ce cas, la conscience individuelle perd son propre moi pour être investie par celui du Christ ou, hors de l’expérience chrétienne, du dieu.
   C’est à ce niveau seulement qu’on peut parler de phénomène de possession. L’individu pense, parle et agit comme si le Christ s’était incarné en lui, ses pensées, ses paroles et ses actions étant celles du Christ (ou du dieu). La frontière entre les deux expériences est donc constituée par l’aliénation du moi, autrement dit le fait de devenir autre.

   Il va de soi que cette aliénation est accompagnée de troubles physiologiques et psychiques, dus précisément à la perte du moi conscient et à l’acquisition d’un sur-moi. Il s’agit de commotions qui sont à la fois dépressives et convulsives : évanouissements, frissons, aphasies, prostrations, égarements, etc.
   L’analogie du jeu théâtral permet de mieux comprendre ce phénomène. Pour pouvoir jouer l’action du drame, l’acteur doit mettre en veilleuse son propre moi, il cesse d’être lui-même pour incarner le personnage, il devient Œdipe, Héraclès, Io, Prométhé, etc. Dans ses mouvements, ses gestes et ses paroles, son corps est soumis à cet autrui qui est le personnage du drame. On peut ainsi affirmer que l’acteur est possédé par le personnage.
   Mais il s’agit ici d’une possession consciente, en vue d’une production d’art que l’acteur opère par l’expression de ses gestes et de ses paroles. Dans l’expérience religieuse, au contraire, l’individu perd la conscience de soi pour devenir conscience d’autrui, autrement dit du dieu. Cela n’empêche pas qu’ici aussi il y ait mise en jeu d’un art, quoique celui-ci soit plutôt du domaine de l’inconscient psychique que du conscient.

   Avant de pouvoir de quelque façon pénétrer cet art, je chercherai à montrer comment ce phénomène a été pratiqué et compris dans l’antiquité gréco-juive. On ne pourrait en effet expliquer la crise de Jésus si le phénomène dont il a été affecté n’avait pas été partie intégrante de la conscience culturelle de son temps.



1984




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