La résurrection de Lazare :
Jésus à Béthanie
En s’appuyant sur l’allégorie, il est possible d’affirmer que
Marie et
Marthe ont adressé à
Jésus un message qui ne concernait pas la mort de leur frère mais celle de
Jésus, dont la rumeur s’était répandue dans les milieux des
pharisiens et qui, pour eux, était la preuve que
Jésus s’était lui-même reconnu faux prophète.
Dieu l’avait ainsi condamné à devenir l’exécuteur de son propre crime. Il est compréhensible que cette nouvelle, bien plus que la mort d’un ami, ait convaincu
Jésus de venir à
Béthanie chez les deux sœurs qu’il aimait, pour les assurer de son état et pour mettre un terme à la rumeur répandue à son sujet.
Cette décision qui semble naturelle ne fut pas jugée telle par les
disciples qui étaient restés auprès de
Jésus. Quand ils apprirent que
Jésus avait décidé de se rendre en
Judée, ils lui dirent : «
Rabbi, les Juifs tout récemment cherchaient à te lapider, et tu retournes en Judée ? »
Jésus leur répondit par des axiomes : «
Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne bronche point, parce qu’il voit la lumière du monde » (
Jn 10:8-10). Dans sa condition de
prophète désavoué par
Dieu et d’homme traqué par la police,
Jésus ne pouvait marcher que la nuit, car il pouvait être reconnu et dénoncé par n’importe qui. N’était-il pas un faux prophète, n’avait-il pas abusé de la parole de
Dieu et profané le
Temple ? Comment aurait-il pu aller en
Judée sans être arrêté ? Précisément un des
disciples,
Thomas, s’exclame, résigné : «
Allons, nous aussi, afin de mourir avec lui » (
Jn 11:16).
Mais pourquoi ressuscite-t-il ? La raison en est donnée dans la parole que
Jésus prononce quand
Lazare sort du tombeau, mains et pieds liés : «
Déliez-le et laissez-le aller ».
Jésus n’est plus l’homme en fuite qui se cachait, mais un homme en marche. S’il cherche encore à échapper aux
grands prêtres et se réfugie à
Éphraïm, c’est pour retourner à
Jérusalem et commencer son exode de Pâque vers la
terre des
Grecs.