L’onction de Marie :
L’onction
On retrouve cette même onction chez
Marc et
Matthieu (
Mc 14:3-9 ;
Mt 26:6-13), mais avec quelques différences. La cène a lieu dans la maison de
Simon le lépreux, et la femme qui oint
Jésus n’est pas
Marie mais «
une femme ».
Luc place au commencement de l’activité de
Jésus cette onction réalisée par une «
pécheresse » dans la maison de
Simon le pharisien (
Lc 7:36-50).
Ces différences sont plus que des variantes littéraires. Elles supposent un souci de censure, dans le but d’affaiblir ou d’aliéner toute référence sexuelle à l’onction. Cependant, malgré de fortes retouches pour lui donner une autre signification, elle résiste à toute autre interprétation.
En effet, dans toutes les versions une femme à la fin du repas s’approche de
Jésus pour oindre d’un nard de grand prix ses pieds, en les embrassant et en les essuyant de ses cheveux. Chez
Marc et
Matthieu cette femme oint aussi la tête. Cet attouchement, ces caresses, ces baisers, et ces larmes d’une femme sur le corps d’un homme ont sans aucun doute un sens sexuel.
Luc justifie ces gestes par le comportement d’une pécheresse repentie,
Matthieu,
Marc et
Jean leur donnent une signification christologique : la femme anticipe et remplace le rite funèbre qui n’aura pas lieu.
Tous s’évertuent à cacher l’identité de la femme : «
une pécheresse » chez
Luc, «
une femme » chez
Matthieu et
Marc.
Jean en fait une personne qui a un nom,
Marie. Puisqu’elle se trouve à
Béthanie, elle est appelée «
Marie de Béthanie », en opposition à «
Marie de Magdala », qui demeure liée à la femme pécheresse de
Luc.
Mais quel que soit le but de ces interprétations, elles cherchent à aliéner cette onction de la réalité, par le sens christologique qui lui ôte à la fois sa poésie et sa vérité humaine.