L’onction de Marie :
La réponse de Jésus
Voici la réponse que le texte met dans la bouche de
Jésus : «
Laisse-la garder ce parfum pour le jour de ma sépulture. Vous avez toujours les pauvres avec vous, mais vous ne m’avez pas toujours » (
Jn 12:8). Ces paroles n’appartiennent pas au
Jésus historique, mais au
Jésus-Christ de la foi.
Les
évangélistes ont voulu ôter de l’onction de
Marie toute signification sexuelle, en la justifiant comme le remplacement de celle que
Marie ne pourra pas accomplir à la mort de
Jésus (
Lc 24:1-3;
Jn 2:1).
Marie n’oint pas
Jésus comme épouse, mais comme pleureuse.
Cette réponse confirme l’existence historique de l’onction, et elle permet en même temps d’identifier la femme qui avait oint
Jésus. Cette identification rend possible d’insérer l’onction dans la chaîne des faits historiques de
Jésus.
Elle se situe entre celle relatée par
Luc quand
Marie, convertie, s’offrit à
Jésus comme femme et celle que
Marie voulut accomplir en allant au sépulcre.
Jésus l’avait accueillie, s’étant reconnu
prophète dans la lignée d’
Osée. Il s’était uni à elle afin de perpétuer l’union du
prophète avec
Gomer, la prostituée. Son mariage devint donc la parabole de l’union amoureuse de
Dieu avec la
fille d’Israël.
À la différence de
Gomer,
Marie fut fidèle, exigeant que la
fille d’Israël le soit aussi et que
Dieu accomplisse sa promesse d’aimer comme un époux.et non comme un maître. Mais elle avait souhaité accomplir une seconde onction, après qu’elle ait appris la rupture de
Jésus avec la nation, et son appel à annoncer l’Évangile aux frères de la diaspora.
Inscrite dans la parabole prophétique d’amour,
Marie voulait devenir la
fille d’Israël, qui abandonne sa terre pour devenir la femme annonciatrice de la venue de
Dieu dans le monde afin que tous les hommes deviennent frères. Elle a oint
Jésus comme l’époux de la parabole. Onction solennelle, charnelle en même temps que spirituelle, personnelle et humaine, qui consacrait une union comme parabole existentielle sous-jacente à toutes les paraboles prononcées par
Jésus.
L’absence de la troisième onction du rite funéraire a mis en évidence la seconde. «
Partout où cette bonne nouvelle sera prêchée dans le monde entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu’elle a fait » (
Mt 26:13).