ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Judas




I- Regard critique sur les évangiles




4- À Gethsémani : l’attente et la venue de Judas



PROLOGUE

INTRODUCTION

REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVANGILES
- L’annonce de la trahison
- Le contexte historique
- Les fêtes de la Pâque
- Gethsémani
  - Sens christologique du récit
  - Critique du discours
  - Analyse du récit
    . Le Gethsémani
    . Le chemin du Gethsémani
    . Veille et attente
    . Fin de l’attente
  - La venue de Judas
- Le récit de la trahison
- La trahison simulée
- L’arrestation de Jésus
- Troisième rencontre
- Jésus, entre prophétie et
   politique

- La mort de Judas

DU JUDAS DE L’HIS­TOIRE AU JUDAS DES RÉCITS

ÉPILOGUE

ANNEXES


. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

Analyse du récit :
Le Gethsémani


   Avant d’aborder l’analyse du récit, donnons quelques informations sur Gethsémani. Selon l’étymologie, c’était un « pressoir à huile », situé en haut du Mont des Oliviers. Cette colline s’élève à l’est de Jérusalem, au-delà du torrent Cédron qui sépare la ville du désert de Judée. À ses pieds, une route traversait la plaine du Cédron, reliant Jérusalem à Jéricho. Du sommet de la colline, des sentiers descendaient vers le Désert (2 S 15:23;30). Ce lieu avait déjà joué un rôle dans la vie de Jésus. Luc affirme qu’il y est allé « selon son habitude » (Lc 22:39).
   Mais puisque, selon lui et les synoptiques, c’est l’unique fois où Jésus se trouvait à Jérusalem, on peut penser qu’il avait choisi ce « Pressoir à huile », à la fois à l’écart et non loin de la ville, comme demeure secrète qui lui offrait la possibilité de se cacher et de s’enfuir.
   Le quatrième évangile confirme cette hypothèse : Jésus connaissait ce lieu, parce qu’il y allait souvent (Jn 18:2). Cette information est importante, car Jean est le seul à rapporter que Jésus s’était rendu à Jérusalem plusieurs fois, surtout pour les fêtes des Tabernacles et de la Dédicace. Or, à l’issue de celles-ci, les sacrificateurs et les pharisiens avaient ordonné de s’emparer de lui, tandis que le peuple avait cherché à le lapider. Jésus était parvenu à s’échapper en trouvant refuge près du désert. Ce qui laisse supposer que ce « pressoir à huile » lui avait servi de cachette chaque fois qu’il s’était rendu à Jérusalem depuis sa fuite et, surtout, lors de son dernier séjour, à la fête de Pâque.
   Il va sans dire que Jésus n’aurait pas pu disposer de cette demeure sans des amitiés et des connivences avec les propriétaires du domaine.

   En revenant à Jérusalem pour les fêtes de Pâque, Jésus, poursuivi dans sa fuite, devait trouver un répit dans ce logement qui pouvait le protéger et favoriser sa fuite. Mais combien sa situation et celle de sa communauté était différente du temps de leur séjour en Galilée ! Il avait pu alors s’opposer aux tentatives d’arrestation de la part d’Hérode en suscitant la sympathie de la foule. En effet, il avait envoyé ses disciples annoncer son Évangile de porte en porte, comme des pauvres, sans sac ni bâton, se nourrissant de ce que les gens leur offraient. Les disciples étaient spirituellement fiers de se présenter ainsi, alors qu’ils se croyaient pré­destinés à devenir, dans le royaume, les juges des douze tribus d’Israël.
   Depuis la fuite de Jésus après l’échec de la prise du Temple et le mandat d’arrêt lancé contre lui, tout avait changé. Non seulement, ils n’osaient plus se prétendre les futurs juges du peuple, mais ils ne pouvaient même pas oser se présenter comme des pauvres. Reconnus, ils auraient été chassés, poursuivis comme des « vagabonds » (Celse) ou des malfaiteurs. Jésus les avait sensibilisés à cette nouvelle situation en leur donnant les repères d'un nouveau comportement.

   Luc rapporte des paroles que Jésus aurait dites à ses disciples avant de se rendre Gethsémani : « Quand je vous ai envoyés sans bourse, sans sac et sans souliers, avez-vous manqué de quelque chose ? Ils répondirent : de rien. Et il leur dit : maintenant, au contraire, que celui qui a une bourse la prenne, que celui qui a un sac le prenne également, et que celui qui n’a point d’épée vende son vêtement et achète une épée... Ils dirent : Seigneur, voici deux épées. Il leur dit : cela suffit » (Lc 22:35-38). Les disciples savaient qu’ils devaient se défendre eux-mêmes depuis que leur maître avait échoué dans sa tentative de purification du Temple. Dieu lui-même n’était pas venu au rendez-vous pour le soutenir. Ils s’étaient procuré ou avaient acheté deux épées, avec lesquelles ils avaient accompagné Jésus vers le Mont des Oliviers, pour le protéger et se protéger eux-mêmes.



juillet 1987




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t613310 : 28/11/2017