Analyse du récit :
Sur le chemin du Gethsémani
Connaissant les lieux ainsi que la nouvelle mission prophétique de
Jésus, nous posons la question : pourquoi
Jésus s’est-il rendu au
mont des Oliviers ? On ne peut pas simplement répondre avec
Luc qu’il s’y serait rendu «
selon sa coutume » (
Lc 22:39), comme pour rentrer chez lui et se reposer puisque, une fois parvenu, il ne se reposa pas et demanda à ses
disciples de veiller.
On ne peut pas affirmer non plus qu’il s’y rendait pour attendre le retour de
Judas qui devait le trahir, car cette affirmation concerne le «
Christ des Écritures » et non le «
Jésus de l’histoire ». Il reste ainsi à élucider ses intentions lors de sa venue à
Jérusalem et à observer son comportement au moment de la Pâque.
Sans doute,
Jésus a-t-il célébré la Pâque selon la signification rituelle, mais surtout il l’a actualisée dans sa propre existence. Il se trouvait dans une situation analogue à celle du
peuple d’Israël lors de l’institution de cette fête. En effet, ce dernier se trouvait alors retenu en esclavage, sans pouvoir se mettre en route vers la
terre promise. De même,
Jésus ne pouvait pas quitter le pays sans risquer d’être arrêté. Le partage du pain azyme et le lavement des pieds, qui rappelaient la fuite du
peuple d’
Égypte et sa marche vers la
terre promise, devinrent pour
Jésus l’impératif qui lui commandait de fuir pour se mettre en route vers les
Gentils.
Ceci nous laisse penser qu’il avait pu mener à terme les pourparlers avec les
Grecs, afin de les rencontrer à
Gethsémani cette nuit-là, veille de la Pâque. Situé entre
Jérusalem et
Jéricho, le
mont des Oliviers était le lieu idéal pour s’échapper vers le
désert, ou pour se diriger vers des pays étrangers. Pensait-il refaire le chemin de
Jonas vers
Jaffa et, de là, à
Tarsis, pays peut-être de ces
Juifs qui devenaient ses guides ? (
Jon 1:3). Mais s’il est impossible de connaître l’itinéraire qu’il avait prévu, on peut imaginer qu’il dût penser à
Jonas, au nom duquel il s’était engagé à donner le signe de son prophétisme.
Il sortit de la chambre-haute, chantant probablement le
psaume 114 «
Quand Israël sortit d’Égypte » avec ses
disciples. Mais il ne pouvait pas encore en partager la joie.
Le psalmiste y évoque la joie du
peuple en marche, laissant s’éloigner derrière lui la mer, les montagnes et les collines ;
Jésus avait la conscience, lui aussi, d’être en marche, même s’il fuyait la police qui cherchait à l’arrêter. Les collines, les montagnes, le
Cédron l’encerclaient encore, mais ils lui offraient aussi des sentiers et des lieux secrets pour échapper aux embûches et s’enfuir dans le
désert, ou même pour cheminer de
Jéricho vers la
terre promise à son Évangile.