ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisJudas |
I- Regard critique sur les évangiles |
6- De la trahison simulée à la trahison par méprise |
PROLOGUE INTRODUCTION REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVANGILES - L’annonce de la trahison - Le contexte historique - Les fêtes de la Pâque - Gethsémani - Le récit de la trahison - La trahison simulée - L’hypothèse - Jésus dans l’impasse - Présomption d’une trahison simulée - La trahison simulée, moyen de défense - Rencontre de Judas avec les grands-prêtres - Deuxième rencontre - L’arrestation de Jésus - Troisième rencontre - Jésus, entre prophétie et politique - La mort de Judas DU JUDAS DE L’HISTOIRE AU JUDAS DES RÉCITS ÉPILOGUE ANNEXES . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
La deuxième rencontre de Judas avec les Grands-prêtresEn maîtrisant le moment de son arrestation, Jésus avait fixé le temps de son départ, probablement deux jours avant la Pâque, à la dernière heure de la nuit. Judas devait retourner chez les grands-prêtres cette même nuit, pour leur communiquer l’heure et le lieu convenus. On peut supposer que ce fut à l’issue de la cène, après que Jésus lui ait offert le pain trempé en gage de sa vie donnée. Ces paroles de Jésus le confirment : « ce que tu fais, fais-le vite » (Jn 13:27). Paroles ambivalentes, qui exhortaient Judas à accomplir un acte de trahison, qui devait se conclure par le salut de son maître. Ceci explique l’apparente contradiction entre notre troisième chapitre et celui-ci : dans le premier, il est affirmé que Judas n’a pas quitté la cène pour trahir Jésus, dans le second Judas met en œuvre son projet de trahison. La raison en est que cette trahison n’est qu’un simulacre. Comment cette rencontre avec les Grands-prêtres s’est-elle déroulée ? Nous l’ignorons. Nous avons avancé deux hypothèses, que nous prolongerons par la fin tragique de Judas, qui n’a pas trahi Jésus, mais qui l’a, peut-être, livré par méprise. Il serait arrivé chez les Grands-prêtres avec du retard ; Jésus avait eu raison de l’exhorter à faire vite, mais il ne pensait pas que le retard de son disciple lui ôterait toute chance de réussite. Judas dut être reçu par les Grands-prêtres, sans doute avec beaucoup d’égards. Nous pouvons imaginer qu’il les trouva réjouis de l’aubaine, peut -être davantage que la première fois. Sans doute, Judas leur a-t-il révélé le lieu où Jésus s’était réfugié, mais à une heure, peut-être à l’aube, où il aurait été déjà loin ! De leur côté, les Grands-prêtres avaient probablement donné l’ordre qu’on aille explorer les lieux, après avoir été avertis par leur police. On peut également supposer que les Grecs, en prenant connaissance de l’ordonnance lancée par le Sanhédrin de dénoncer Jésus, avaient pris peur et qu’ils avaient dénoncé aux grands-prêtres l’accord conclu avec Jésus, profondément déçus de ne pas avoir rencontré le prophète qu’ils espéraient, mais d’être au contraire tombés aux mains d’un imposteur, d’un fugitif condamné par contumace. Les Grands-prêtres firent à Judas bonne figure, avec l’arrière-pensée de l’utiliser afin que Jésus ne leur échappe pas une nouvelle fois. Ils lui donnèrent le prix fixé pour la trahison, et le laissèrent repartir, lui faisant comprendre qu’ils n’étaient pas dupes du stratagème. Judas comprit l’avertissement et s’en alla. Comme l’avaient prévu les Grands-prêtres, il courut vers Gethsémani avertir Jésus que c’était le moment de s’enfuir dans le désert. Mais Judas fut suivi. Quand Judas arriva à Gethsémani, il retrouva aussitôt Jésus, qui, après avoir réveillé les disciples, se portait à la rencontre des Grecs, dont il avait cru percevoir les pas. Après s’être approché de Jésus, Judas le salua et lui donna un baiser. Jésus, surpris de le voir, lui demanda : « Compagnon, pourquoi es-tu là ? » Judas n’eut pas le temps de répondre. Probablement lui suggéra-t-il de s’enfuir ? Prononça-t-il ces mots : « les Grecs » ? Ces Grecs que Jésus avait attendu toute la nuit n’étaient pas venus et l’avaient même trahi. Judas n’avait pas seulement risqué la mort en simulant le traître, mais une condition pire que la mort ! Il se trouva dans la situation de l’acteur qui, après avoir joué le rôle d’un traître, est condamné à demeurer à jamais son personnage. Mais qui avait figé Judas dans son personnage de traître ? Les Juifs, pour assurer que Jésus de Nazareth était un faux prophète et un magicien, un imposteur et un brigand par un témoin crédible, le plus informé de ses disciples, le compagnon, l’agent de ses intrigues politiques ? Ou bien les disciples eux-mêmes, parce qu’il avait prétendu sauver le Sauveur du monde ou, peut-être aussi, pour le charger, comme un bouc-émissaire, de leur propre péché de s’être scandalisés du Sauveur ? |
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t615600 : 03/12/2017