ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Sur les bords du Jourdain

(Mc 1:1-13)




Le bâtard :

Jésus, enfant sauvé par Yahvé



Sommaire
Prologue

La méthode

Le bâtard
- Introduction
- Le fils de Marie
- Le fils de prostitution
- Marie, femme prostituée ?
- Les récits sur Marie
- L’enfant sauvé par Yahvé
  . Le nom de Jésus
  . Les attributs du nom
- Le samaritain
- L’homme sans père
- Le fils de David
- Le fils de Joseph
- Qui est ma mère ?
- La mère de Jésus
- Le père de Jésus
- Résumé

De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours
Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte



. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

   Il convient maintenant de chercher à déterminer la condition de naissance de Jésus à partir de lui-même, bien qu’elle soit déjà totalement impliquée dans le drame de sa mère. Ma recherche portera d’abord sur son nom, puis sur l’ensemble des attributs qui visent à le déterminer et constituent autour de lui comme une couronne de connotations.

   Je rappellerai en premier lieu que dans la Bible, comme en général dans les civilisations anciennes, le nom (le prénom) n’était pas à peu près dépourvu de signification (contrairement à notre époque, où il ne répond qu’à des références sentimentales ou généalogiques) mais possédait un sens, exprimant de façon condensée les circonstances entourant la naissance de l’enfant, ou les présages qui l’avaient précédée, ou enfin l’espérance que les parents portaient sur lui. Il suffit à ce propos de lire les récits concernant la naissance des pères du peuple juif, Esaü, Jacob et les fils de Jacob : leur nom leur est donné par leur père ou, plus souvent, par leur mère, pour exprimer la signification de leur naissance(1).
   Ce fait change profondément la valeur linguistique du nom par rapport à la manière dont il fonctionne aujourd’hui. Actuellement, les linguistes discutent à son sujet puisque ce n’est pas, à proprement parler, un mot où un signifiant s’associe à un signifié, mais au contraire un syntagme sans signifié, dont la fonction est exclusivement référentielle : il ne signifie pas, mais dénote directement la chose sans passer par le système sémantique. Selon cette approche, le nom « Jésus » ne signifierait rien, il ne s’inscrirait dans la langue que pour désigner la personne réelle de Jésus de Nazareth.
   Selon l’usage ancien, au contraire, le nom est à la fois signifiant et dénotateur, puisqu’il exprime et représente la personne à laquelle il se réfère. On peut affirmer qu’il s’agit d’un mot qui est aussi une parole. Cette parole est condensée mais, si on la déplie, elle se traduit dans un énoncé de caractère poétique : l’exclamation de joie et d’étonnement, de libération et de désir, de remerciement et de souhait qui éclate dans la bouche de la mère quand elle regarde son enfant. Au moment d’insérer l’enfant dans la légitimité de la famille, le nom l’investit d’un élan poétique qui le couvre du souffle de sa mère. Par ce nom, confirmé ensuite par le père, l’enfant devient une personne à la fois sur les plans juridique et culturel.

   Quant aux connotations qui entourent ce nom, elles mettent en relief les différents aspects de cette personnalité, constituant un champ sémantique et référentiel susceptible d’en donner une vue d’ensemble.

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(1) Voici des exemples d’enfants nommés en référence au cri de joie ou de reconnaissance de leur mère :
Ruben : « L’Éternel a vu mon humiliation » (Gn 29:32)
Siméon : « L’Éternel a entendu que je n’étais pas aimée » (Gn 29:33)
Lévi : « Mon mari s’attache à moi » (Gn 29:34)
Juda : « Je louerai le Seigneur » (Gn 29:35)
Dan : « Dieu m’a rendu justice » (Gn 30:6)
Nephtali : « J’ai lutté contre ma sœur et j’ai vaincu » (Gn 30:8)
Gad : « Quel bonheur » (Gn 30:11)
Asher : « Que je suis heureuse » (Gn 30:13)
Zabulon : « Dieu m’a fait un bon don » (Gn 30:20)
Joseph : « Dieu a enlevé mon opprobre, que l’Éternel m’ajoute un autre fils » (Gn 30:24)
Moïse : « Je l’ai retiré des eaux » (Ex 2:10)   Retour au texte



1984




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