Sommaire
Prologue
La méthode
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours
- Introduction
- La purification
- La crise
- Les références bibliques
- La vision d’Osée
- Le message d’Ézéchiel
- Le Dieu de Jésus
. Introduction
. Ézéchiel et Osée
. Le Dieu de Jésus
- La personnalité de Jésus
- Le discours
- Résumé
Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte
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Le Dieu de Jésus
Par sa condition d’homme bâtard, Jésus était à la fois attiré et repoussé par les deux messages. Le Dieu d’Ézéchiel le consolait, puisqu’il lui donnait à espérer une purification future par le signe de la purification rituelle, mais il le laissait toujours dans son péché et dans la honte de ses origines. Il ne lui permettait qu’une sublimation, dont l’accomplissement réel ne viendrait qu’après l’histoire, d’où l’attirance de Jésus pour le Dieu d’Osée qui, en tant qu’époux amoureux, lui montrait aussi son cœur de père.
Mais le Dieu d’Osée aussi le laissait insatisfait. Il ne pouvait l’accepter tel quel sans admettre la négation de la justice, et aussi celle du péché. Bien que l’épouse fût recréée en vue de nouer une nouvelle relation d’amour, qui pouvait garantir sa fidélité future ? L’homme pouvait-il être sans être aussi pécheur ?
Si l’on étudie le comportement de Jésus, qui fut aussi miséricordieux pour le peuple que juste et intransigeant pour ses responsables politiques et religieux, on doit affirmer qu’il reconnut l’existence du malheur comme produit du péché(1). Or, à ses yeux, le malheur du peuple était un produit du pouvoir, aussi bien de la parole que de l’argent, de la doctrine que de la politique. Si Dieu devait être miséricordieux pour les gens soumis et exploités, il ne le pouvait être pour ceux qui, par leur pouvoir et leur exploitation, rendaient les hommes malheureux. Or ce pouvoir d’exploitation et de domination était précisément l’épouse.
Jésus fut donc sensible au jugement d’Osée contre l’épouse mais, au lieu de l’interpréter comme une nouvelle création, il le comprit comme une condamnation à mort : si cette condamnation de Dieu est encore une création, elle donnera naissance à un homme nouveau et non au même peuple : Dieu crée des fils à Abraham parce que ses enfants charnels sont morts. Ainsi, tandis que selon Ézéchiel Dieu garde la même épouse, et selon Osée la renouvelle, pour Jésus il façonne un homme nouveau par le jugement du peuple juif, d’où l’accent porté sur le jugement.
Et si le malheur des enfants vient de l’épouse, dans cette nouvelle création Dieu n’aura plus d’épouse et nouera avec les hommes une relation paternelle sans aucune médiation – sans roi, sans sacrifice ni prêtre, sans statue ni éphod, sans prophètes ni maître – car Dieu sera lui-même père, roi et maître, prêtre et prophète.
Tout en acceptant le Dieu d’Osée, le Dieu d’amour, Jésus se refuse à reconnaître son changement. Dieu ne change pas, il demeure celui qui est. Ce qui change, c’est l’homme et sa relation avec lui : elle n’est plus conditionnée par une race, une tradition, le pouvoir des pères et des maîtres, le temple et le sacrifice, mais elle est directe, personnelle, spirituelle et totale. Dieu est donc amour, mais il est aussi justice : celle-ci devient la force qui lui permet de défendre son amour. Il défendra par la justice ses enfants contre tous ceux qui chercheront à les soumettre au pouvoir d’une race, d’une politique, d’une tradition, d’une « volonté de la chair ».
C’est dans ce sens que le Dieu de Jésus est une synthèse entre le Dieu d’Osée et celui d’Ézéchiel.
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(1) Pour sa miséricorde : Mc 6:34 ; 8:2 ; 10:47 ; Mt 5:7 ; 9:13; 27; 36 ; 15:22 ; 17:14 ; 18:33 ; 20:30 ; Lc 18:36.
Contre le péché qui agit auprès des hommes : Mc 14:21 ; Mt 11:21 ; 18:7; 23 ; Mt 26:24 ; Lc 6:24 ; 10:13 ; 11:42-52.
Il faut aussi noter que, pour Jésus, la maladie elle-même était effet du péché, dans la mesure où il guérissait comme signe de la rémission des péchés (Mc 2:5 ; Mt 9:2; 6 ; Lc 5:20 ; 7:48). 
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