ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Chronique  de  Marie-Madeleine



Roman





Chapitre 5 - Le défi :

L’exorcisme



La logique ou l’art de penser, de Nicolle et Arnauld, 1664 





Présentation


Texte intégral :

La rencontre d’amour

Les disciples du Royaume

Le banquet des noces

Itinéraire d’un bâtard

Le défi
- Le sabbat
- L’exorcisme
- A la synagogue
- Le serpent et la colombe

La fugue

Sur le pont du bateau

Chemins d’amour

Dalmanutha

Transfiguration et insurrection

La Dédicace

Correspondances

Béthanie

Gethsémani

Le procès

Golgotha

L’enterrement

Le jour de la Pâque

Le tombeau vide

Les semeurs


’exorcisme était l’une des tâches que Jésus s’était ré­ser­vées. D’ailleurs aucun des disciples n’aurait eu le courage de se mesurer aux esprits du mal. Ce minis­tère exige une grande force de caractère et une foi robuste, sans parler d’une connaissance profonde de Dieu et des hommes.

   Jésus m’avait dit un jour que, moi aussi, j’avais été victime des esprits malfaisants, mais de façon béni­gne. Ce n’était encore que la première forme du pou­voir par lequel les esprits dominent les hommes, celle de la convoitise. En effet j’étais si subjuguée par le luxe, les honneurs et le goût des robes et des belles choses qu’il m’était impossible de rechercher le bien. Avec un brin d’humour, Jésus m’avait assuré qu’il n’a­vait exercé sur moi aucun exorcisme... hormis ce­lui de l’amour. Il m’avait fait comprendre que l’a­mour est un bien plus précieux que le plaisir, et que beaucoup d’efforts sont requis pour le découvrir : il gît dans les profondeurs du cœur, comme l’or dans les entrailles de la terre. Par lui, j’avais reçu la grâce de le trouver et de le préférer à tout autre bien.

   On recourt à l’exorcisme quand le désir enchaîne l’esprit de l’homme et asservit sa volonté, phéno­mè­ne analogue à celui que connaît le prophète qui parle et agit sous l’emprise de l’Esprit. Ainsi, l’homme pos­sédé par le démon parle et agit à sa place : il de­vient un diable incarné. Céphas, entendant Jésus par­ler de la sorte, nous avait raconté qu’il avait ren­con­tré un possédé qui cherchait à déchirer les filets et à rejeter les poissons à l’eau.
- Qu’avez-vous fait ? avait demandé Jésus.
- Nous avons essayé de le maîtriser, mais il avait une telle force que nous en avons été incapables, même à trois. Alors nous l’avons jeté par-dessus bord, puis nous l’avons repêché. Une fois ramené à terre, il était pantelant, comme s’il avait été désarticulé. Mais nous avons tous eu peur que le démon, en le quittant, se soit réfugié dans les poissons, et nous avons inter­rompu notre pêche. Ce doit être drôle, de pêcher des poissons démoniaques !
- Oh, il n’y a pas de danger ! Les démons préfèrent les hommes ! Tout le monde s’est mis à rire. Cepen­dant nous devons être sans crainte : par la foi, nous sommes plus forts que les démons, car l’Esprit du Dieu de la création nous est redonné. Ainsi, possédés par Dieu, nous devenons capables d’agir grâce à la force même avec laquelle il a mis en branle les vents, ouvert les vannes de la pluie, embrasé le soleil, donné la vie. Par la foi, la puissance de Dieu agit en nous, nous restituant la maîtrise du monde, des animaux et des esprits.


Cette explication nous avait fait comprendre sa tech­nique, très différente de celle des autres exorcis­tes qui avaient recours à des prières, à des impréca­tions, à des formules magiques ou à des objets ensor­celés. Rien de tout cela chez Jésus. Il se concentrait, com­me pour puiser dans l’Esprit de Dieu, et il inter­venait sur le possédé avec autorité, audace et véhé­mence, déclarant presque toujours : « Je te le dis, sors de cet homme ! » Nul besoin d’invoquer le nom de Dieu, puis­qu’Il agissait en sa personne, possédé de Dieu contre possédé du démon !


Tout dernièrement, j’ai assisté à un de ses exorcis­mes sur la place de la synagogue. Un possédé s’était détaché de la foule et était venu à sa rencontre. Il était affreux : une longue barbe hirsute, la bouche couverte de bave et les yeux hagards, il pointa le doigt vers Jésus en ricanant : « Qu’y a-t-il entre nous et toi, Jésus de Nazareth ? Je sais que tu as l’in­ten­tion de nous chasser, fils de putain ! »

   Jésus nous avait expliqué que le démon commence toujours par attaquer l’exorciste pour l’humilier. Il ne s’est pas laissé intimider. Le fixant, il a interpellé di­rec­tement le diable d’une voix forte et impérieuse : « Sois muselé, sors de cet homme ! »

   Le possédé a alors été pris de convulsions et s’est affalé comme un corps sans âme : le démon l’avait quitté.

   J’ai entendu comme un bégaiement sortir de la bou­che des gens alentour. Ils s’étonnaient que Jésus ait réussi à chasser le démon aussitôt, sans recourir à des sortilèges ni à des prières : « Le diable lui obéit ! Il chasse le malin comme un chef des démons ! » Ils avaient peur de lui, se reculant pour éviter de le tou­cher.

   Jésus, se tournant vers la foule, lui dit : « Ô vous, si je chasse les démons avec l’autorité du prince des démons, au nom de qui vos pères les ont-ils chas­sés ? Et si le diable déloge le diable, alors le règne de Satan est divisé et court à sa ruine ! Mais il est im­possible que le diable chasse le diable ; moi je le débusque par la puissance de Dieu. » Il est alors en­tré dans la synagogue.




Roman achevé en 2002




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t320522 : 18/05/2020