ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Chronique  de  Marie-Madeleine



Roman





Chapitre 8 - Chemins d’amour :

La grâce d’aimer



La logique ou l’art de penser, de Nicolle et Arnauld, 1664 





Présentation


Texte intégral :

La rencontre d’amour

Les disciples du Royaume

Le banquet des noces

Itinéraire d’un bâtard

Le défi

La fugue

Sur le pont du bateau

Chemins d’amour
- La grâce d’aimer
- Séduction
- Mon amour de loin
- De Ruchama à Maria

Dalmanutha

Transfiguration et insurrection

La Dédicace

Correspondances

Béthanie

Gethsémani

Le procès

Golgotha

L’enterrement

Le jour de la Pâque

Le tombeau vide

Les semeurs


e départ de Jésus n’avait pas retardé l’envoi des dis­ci­ples en Galilée, il l’avait même favorisé et précipité. En effet, bien qu’il eût ordonné à Pierre de se diriger vers Hyppos, Jésus avait l’intention de quitter au plus vite ce pays étranger pour retourner en Galilée à tra­vers les villages de la montagne. Quant aux disciples, qui se croyaient persécutés, la peur les avait disper­sés : ne restaient à Capharnaüm que les femmes et Ju­das. Je pensais que nous éviterions les ennuis, car les hérodiens ne s’occupaient pas de femmes dont la seule tâche était de tenir le ménage. J’ai quand même préféré que nous restions à l’écart, sans pour autant nous cacher, pour ne pas éveiller les soupçons.

   La maison de la mère de Jésus me semblait bien si­tuée pour cela : au nord de la ville, au pied des mon­tagnes. Ayant retrouvé Jeanne, je suis allée avec elle et Salomé chez la mère, qui vivait seule car ses filles s’étaient mariées et les garçons, Jacques et Joset, avaient rejoint la communauté et étaient aussi partis en mission. Nous l’avons trouvée pleurant sur le sort de Jésus et sur le sien. Quand elle nous a vues, la joie a brillé à travers ses larmes.
- Oh mère, acceptes-tu de nous prendre comme fil­les ?
- Je suis bouleversée, car vous m’appelez « mère » à un moment d’extrême souffrance. Je t’ai fait partager ma douleur, Maria, dès notre première rencontre. En venant à moi comme « mes filles », vous me deman­dez d’être mère une nouvelle fois, d’assumer une ma­ternité par laquelle je vous engendrerais autrement que dans la chair... Les enfants que j’ai conçus, je les reconnais à leur image que je porte dans mon cœur et dans mes entrailles, comme le reflet même de ce que je suis. Pour vous, c’est différent : ce que vous pen­sez, ou ressentez, ou dites n’est pas pétri de ma chair. Mais je vous reconnais, parce que votre image était enfouie dans la partie la plus secrète de mon existence et resurgit maintenant en moi... J’en suis toute retournée.
- Si je ne trahis pas la pensée de Jésus, ai-je dit, c’est une nouvelle naissance en esprit.
- Ces mots me seraient incompréhensibles, si je n’avais déjà connu cette expérience.
- Quiconque suit Jésus doit parvenir à un niveau d’existence plus élevé : aimer n’est parabole qu’en renonçant à la convoitise, à l’égoïsme, à la jalousie, à l’instinct... en mourant à soi-même.
- Je crois cependant, a poursuivi Jeanne, que la fem­me jouit d’un certain privilège par rapport à l’hom­me...
- En effet, a dit Salomé, en donnant l’amour de l’hom­me pour la femme en exemple de celui qu’Il manifeste aux hommes, Dieu les contemple à travers le miroir qu’est la femme.
- C’est vrai, a repris Jeanne, chaque fois que je me vois dans un miroir j’hésite entre le désir de devenir belle pour moi et celui d’accéder à la beauté selon l’idéal de la parabole. Mais que vaudrait d’être belle à l’extérieur, si je ne l’étais aussi intérieurement, séduc­trice de Dieu pour qu’Il découvre à travers moi les hommes dont Il s’éprend.
- Tu pousses un peu loin l’interprétation de la para­bole, ai-je dit, mais en effet, pourquoi ne devrions-nous pas donner ce sens ultime à la séduction, si Dieu se reflète en nous pour séduire les hommes ? Maintenant je comprends mieux Jésus, quand il me disait que j’espérais son amour : un événement nou­veau se produit quand s’accomplit l’oracle de Jé­ré­mie « la femme recherche l’homme ». Jadis le psal­miste interrogeait « qui est l’homme pour que Tu Te sou­viennes de lui ? », aujourd’hui on doit adresser au Seigneur la question du Cantique de l’alliance :
     « Qui est la femme pour qu’elle ait l’honneur
     d’être modèle de qui Dieu est jaloux ?
 »
- Mes filles, vos pensées me dépassent, mais je vois que rayonne en vous la grâce, je veux dire l’amour de Dieu et des hommes... et d’abord celui de mon fils.


Nous avons formé un cercle et dansé, balançant nos têtes à la cadence de nos pas, sur une vieille ber­ceuse. Soutenue par le rythme, Salomé a chanté :

Dors, mon enfant,
couché dans ton berceau
comme dans un bateau
porté par l’onde.
Le souffle du levant
la création inonde.

Dans les fleurs et les rivières
ruisselle le miel.
Sur les campagnes odorifères
tombe la pluie du ciel.
Les loups sur les plateaux
s’unissent aux troupeaux.

Nouveau-né de l’amour
donné par l’Éternel,
tu marques le retour
à l’homme originel :
on voit briller l’image
de Dieu sur ton visage.

   La mère frémissait de tous ses membres en sui­vant Salomé du regard et en marquant le rythme du pied. Lorsque mon amie eut fini de chanter, elle lui dit : « j’ai bien reconnu les deux premiers couplets, ils sont d’une vieille berceuse que je chantais souvent à Jésus. »


LES TROIS GRÂCES
(sur des thèmes de Dante)

Vous qui avez l’intuition de l’amour,
Femmes, toujours portées par le désir,
Écoutez-nous, qui sommes les trois Grâ-



Roman achevé en 2002




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t320831 : 01/06/2020