ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Ennio FlorisChronique de Marie-MadeleineRoman |
Chapitre 19 - Le tombeau vide : |
Présentation Texte intégral : La rencontre d’amour Les disciples du Royaume Le banquet des noces Itinéraire d’un bâtard Le défi La fugue Sur le pont du bateau Chemins d’amour Dalmanutha Transfiguration et insurrection La Dédicace Correspondances Béthanie Gethsémani Le procès Golgotha L’enterrement Le jour de la Pâque Le tombeau vide - On l’a dérobé ! - Ne me touche pas - Ressuscité en esprit - Le jugement de Maria - La myrrhephore pénitente Les semeurs |
ebout avant l’aube, je me suis habillée en hâte et suis partie pour le sépulcre avec les fioles de baume. En chemin j’ai pris peur, car il faisait encore nuit ; je me suis mise à courir, comme poursuivie par des fantômes ! N’apercevant personne, je suis rentrée à la maison avertir les frères. Je me suis rendue directement à la chambre où dormaient Céphas et Jean et les ai réveillés : « Levez-vous, venez vite au sépulcre ! On a enlevé Jésus ! » Je suis repartie sans les attendre. Parvenue au tombeau, je suis restée comme la première fois en pleurs sur le seuil. Arrivé avant Céphas, Jean l’a attendu pour le laisser pénétrer le premier. Quand ils sont sortis, leur visage n’était plus hagard mais apaisé. J’ai interpellé Jean : En hâte et presque enjoués, ils sont repartis tandis que je restais là, toujours en pleurs. Intriguée par ce que Jean m’avait dit, je repris courage et pénétrai à l’intérieur du tombeau. Au début, les yeux encore éblouis par la clarté de l’aube, j’avançais à tâtons. Trois ombres se détachaient dans la pénombre de la chambre, trois dalles qui devaient servir à déposer les corps des condamnés. Me penchant sur la première, je perçus un parfum subtil, celui dont j’avais oint le corps de Jésus sur la croix. Je ne sais pourquoi, mais je me suis sentie soulagée, comme si ce parfum remplaçait son corps. « Il a été déposé là... Les pieds ici, et la tête là-bas ! Il a passé une grande partie de la nuit seul ; il m’attendait pour l’ultime onction ». Assise à terre, je caressais la dalle comme si elle avait été le corps de Jésus. L’angoisse m’a de nouveau saisie. Le rêve que j’avais fait à la suite du conte d’Isis me revenait, songe prémonitoire où j’étais Isis en quête du corps dépecé d’Osiris. Je pensais les Juifs capables d’avoir démembré le corps de Jésus, comme l’avait été celui d’Osiris, afin de mieux le faire disparaître. Affolée, j’ai quitté le sépulcre pour rechercher le corps de mon époux. « Mais où ont-ils bien pu l’abandonner ? L’ont-ils dispersé, comme le semeur répand les grains de blé au creux de la terre ? Qu’ont-ils fait de sa tête ? » J’ai erré aux alentours, fouillant du regard les fentes des rochers, les fossés, les recoins des murailles, les creux des oliviers, toutes les cavités... En vain ! J’étais épuisée, désespérée, mon cœur battait la chamade. Puis je me suis rappelée le jour où nous avions échangé nos cœurs : « Pourquoi chercher les restes de son corps, quand son cœur est en moi ? » Je suis donc revenue au sépulcre consolée : je me tourmentais moins pour moi que pour le mépris que les Juifs lui avaient manifesté. Agenouillée près de la dalle où il avait été placé, j’ai exhalé ma lamentation, comme une pleureuse à qui on aurait ravi l’époux.
|
t321975 : 31/10/2020