ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisChronique de Marie-MadeleineRoman |
Chapitre 18 - Le jour de la Pâque : |
Présentation Texte intégral : La rencontre d’amour Les disciples du Royaume Le banquet des noces Itinéraire d’un bâtard Le défi La fugue Sur le pont du bateau Chemins d’amour Dalmanutha Transfiguration et insurrection La Dédicace Correspondances Béthanie Gethsémani Le procès Golgotha L’enterrement Le jour de la Pâque - L’aube - L’énigme de la mort - Le chant du Serviteur de l’Éternel - Oint par une femme - La nouvelle alliance - Le repas pascal Le tombeau vide Les semeurs |
ier, je me suis abandonnée au sommeil avec le désir de mourir : j’ai prié Dieu de me délivrer par le sommeil de toute pesanteur, afin de pouvoir entrer dans le tombeau, malgré sa porte close. Je me suis endormie aussitôt, devenant si légère que j’ai pu traverser la pierre tombale comme un rayon de lumière... Le corps n’était plus là ! Pensant que Jésus avait pu emporter lui-même sa dépouille pour l’ensevelir dans le Schéol des pères, je suis ressortie aussi facilement que j’étais entrée pour aller à sa recherche, mais la lumière du jour m’a réveillée avant que je l’aie trouvé. « Aube, comment pourrais-je voir l’ombre de mon ami mort, si la lumière du jour resplendit à mes yeux ? Cruelle, tu n’as pas pitié de ceux qui aiment ! Je t’en prie, retourne à ta chambre, baisse le rideau des nuées et que la nuit retombe sur la terre : je veux dormir jusqu’à ce que je retrouve le corps de mon aimé. Je laverai ses blessures, l’embaumerai, puis me coucherai sur lui, mes yeux sur les siens, ma bouche contre la sienne, attendant que la mort rejoigne le sommeil. Mais si tu n’as pas pitié, et permets que le jour pointe, je marcherai en aveugle, dans la nuit intérieure qui me désespère. Je ne pourrais pas supporter de voir les fleurs éclore, tant que le tombeau restera scellé ; il me serait trop douloureux de vivre dans le monde des vivants, alors qu’il est dans celui des morts ! » Ainsi parlais-je à l’Aurore. Puis, d’un bond, je me suis rendue auprès de Salomé qui dormait encore. « Salomé ! Lui ai-je soufflé à l’oreille, toi qui es encore dans le royaume du sommeil, regarde si tu aperçois le corps de Jésus. Peut-être l’a-t-il abandonné au seuil des sépulcres, espérant que les morts l’accueilleraient dans leur demeure. Prends les ailes du désir, va chercher les arômes et embaume-le. Je te transmets mon esprit, afin que, par toi, mes mains le caressent et que tu lui chantes la lamentation de mon cœur. » Je l’ai embrassée, mais dès qu’elle a senti mon baiser, elle m’a dit, les yeux toujours clos : « Pourquoi cherchons-nous dans le sommeil celui qui tient notre cœur en veille d’amour ? Il est en chemin à la rencontre de notre père, et inaugure la nouvelle Pâque. Il nous enverra un signe, quand il approchera de la maison avant de nous quitter à jamais. » À son tour, elle m’a embrassée. Ses paroles étaient douces à mes oreilles comme le chant du rossignol, son baiser comme la rosée sur ma bouche. Salomé m’avait réconciliée avec l’aube qui m’annonçait cette bonne nouvelle. « N’est-ce pas l’aube du jour de la Pâque ? Peut-être allons-nous enfin comprendre le sens de notre parabole ? »
Je me rendais au jardin avec mon amie, quand un messager s’est approché, portant une lettre. De qui pouvait-elle être ? J’ai cru un instant à une lettre de Jésus avant son exécution, m’exprimant ses dernières volontés. J’ai pris le pli, qui m’était adressé :
Il y a quelques mois, quand je t’ai rencontrée dans ton jardin de Magdala, je n’aurais pas imaginé que le judaïsme étoufferait si vite dans le sang la mission d’amour de ton Maître ! Venu à Jérusalem pour la Pâque, j’ai assisté à une partie du drame. Je ne connaissais Jésus qu’au travers de tes propos, maintenant j’ai compris qu’il a été fidèle à la prédication d’amour d’Osée, jusqu’à le payer de son propre sang. Je ne doute plus que tu sois cette Ruchama par laquelle Israël a répondu à l’amour de Dieu : Dieu a accompli en toi ce que signifie ton nom pour toutes les nations, l’aimée ! Redoutant que des sectaires ne volent le corps de Jésus, te contraignant à subir les peines d’Isis, j’ai appuyé, grâce à l’autorité de notre communauté d’Alexandrie, la demande de restitution que Simon avait déjà présentée au procurateur. Nous avons reçu une réponse positive : demain, à l’aube, tu pourras aller au sépulcre embaumer le corps et nous le transporterons dans son nouveau tombeau. Enfin, et tu en éprouveras une grande joie, l’autorisation t’est accordée de garder Jésus dans ton jardin. Je suis solidaire de ta souffrance : comme Juif de la diaspora, j’étais désolé de constater que le message d’amour d’Osée était resté sans suite, et que la parabole de son mariage n’avait pas trouvé son accomplissement. Je supportais mal que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob soit confiné aux étroites limites de la justice alors que, chez les Gentils, Zeus lui-même s’est converti à l’homme, comme l’indique le mythe de Prométhée. L’accomplissement de la parabole par ton mariage nous donne un motif d’espérer que l’alliance promise par Osée se réalise enfin. Nous pouvons croire à présent que le ciel exauce la terre, comme sur celle-ci l’huile exauce l’olivier, l’épi le blé et le vin la vigne... Et l’homme exauce le désir de la femme ! Je passerai chez toi aujourd’hui, avant de partir. Je lisais et relisais cette lettre à haute voix, pour que Salomé s’en imprègne. |
t321869 : 27/10/2020