ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Chronique  de  Marie-Madeleine



Roman





Chapitre 7 - Sur le pont du bateau :

L’alliance



Magnum Dictionarium latinum et gallicum, de P. Danet, MDCXCI





Présentation


Texte intégral :

La rencontre d’amour

Les disciples du Royaume

Le banquet des noces

Itinéraire d’un bâtard

Le défi

La fugue

Sur le pont du bateau
- L’alliance
- Pauvres pour les pauvres
- La mort du Baptiste

Chemins d’amour

Dalmanutha

Transfiguration et insurrection

La Dédicace

Correspondances

Béthanie

Gethsémani

Le procès

Golgotha

L’enterrement

Le jour de la Pâque

Le tombeau vide

Les semeurs


our répondre au souhait de Jésus, les disciples avaient pris des dispositions pour qu’il ne soit pas bousculé par la foule. Ils avaient donc aménagé une vieille embarcation très robuste, à partir de laquelle Jé­sus pouvait s’adresser à son auditoire sans être im­portuné. Derrière ce chaland, ils tenaient toujours prêt un canot léger, pour s’enfuir si on tentait de s’em­pa­rer de lui. La situation était, en effet, très pré­caire, et on pouvait tout redouter. Ceux qui n’étaient pas au courant de cet arrangement étaient venus à la maison, comme à l’habitude. Apprenant que Jésus se trouvait sur le port ils s’y étaient rendus et, quand ils le virent debout à l’arrière du bateau, ils n’élevèrent aucune récrimination, conscients que l’hostilité des chefs de la ville rendait ce moment très risqué.

   J’étais au milieu de la foule lorsque Jésus s’est adres­sé à elle depuis la barque. Il semblait très à l’aise, moins tendu et plus maître de lui. Parce qu’il se trouvait à une certaine distance de ses auditeurs, sa parole devenait plus efficace, plus chaleureuse, plus convaincante. Certes, les pharisiens ont ensuite trouvé là un motif de l’accuser de démagogie et de mise en scène pour mieux séduire le peuple, mais pouvaient-ils dire autre chose ? Même si Jésus a tou­jours fui les bains de foule, il s’est rendu proche de tous, des riches comme des pauvres, des bien-por­tants comme des malades, serrant les mains, embras­sant à l’occasion. Il a toujours été réfractaire aux ac­cla­mations de la foule, non par mépris ni par affirma­tion de sa supériorité morale, mais pour ne pas être tenu pour un objet sacré ou magique. Il se considérait comme un homme du commun et espérait que tout individu se comporterait conformément à la dignité donnée à l’homme par Dieu : en être conscient et li­bre, souverain en toutes choses, jamais asservi. L’ap­parente mise en scène de son attitude était sa façon de donner en exemple cet idéal humain, conforme à l’ordre de la création.


Sur la barque, Céphas se tenait seul aux côtés de Jésus. Jetant des regards vifs dans tous les sens, avec de larges sourires, il rayonnait de bonheur. Pour la première fois, il avait le sentiment de son importan­ce : Jésus prêchait sur son territoire, sur son propre bateau ; il agissait comme un pêcheur et avait fait de lui un « pêcheur d’hommes » ! Jésus s’était-il aperçu de ce changement ? Sans doute, mais il ne s’en mon­trait pas offusqué, tellement il préférait être là qu’à la maison. Cette embarcation lui rappelait qu’il était apa­tri­de, sans famille, toujours situé aux confins de toutes choses, frère de tous les hommes.
- Frères, a dit Jésus aux gens qui s’amassaient sur le quai, ne soyez pas surpris que je vous parle de cette barque. Je peux ainsi mieux vous apercevoir, et être vu de tous. Et puis, vous me découvrez dans ma vé­ri­table mission, car je ne suis pas envoyé de Dieu parce que je posséderais des biens que vous n’avez pas, je le suis pour vous déclarer que vous détenez en vous l’Esprit par lequel vous pourrez surmonter les maux qui vous accablent. Le Royaume de Dieu, qui est notre espérance, n’est pas extérieur mais inté­rieur à chacun de nous. Oui, j’ai guéri des malades et chassé des démons, mais ce que j’ai fait vous pouvez le faire aussi : la puissance par laquelle Dieu a créé les cieux et la terre est en vous, comme elle est en moi.
« Un événement nouveau s’accomplit parmi nous. Jadis l’Esprit de Dieu se manifestait chez des hom­mes extraordinaires, Il revêtait la forme du vent, du feu ou de la foudre. Aujourd’hui, Il est une énergie qui jaillit du plus profond de notre cœur. Comme au commencement, Dieu nous insuffle son Esprit pour que nous devenions ses enfants, comme l’Adam des origines. Dieu renouvelle avec nous le pacte d’al­lian­ce qu’Il avait scellé au moment de la création. Vo­yez : les cieux exaucent la terre, le soleil resplendit et réchauffe le sol, faisant germer les semences et croî­tre les plantes ; les champs sont couverts d’épis do­rés, les collines pavoisées de vignes, l’olivier s’élève, lourd de l’huile qui fera notre nourriture et guérira nos maladies.
« Ces biens, Dieu nous les offre en cadeau nuptial. Oui, Dieu n’agira plus en Maître des peuples ; Il veut devenir l’époux. Nous étions un troupeau sans ber­ger ; Dieu sera notre berger. Nous étions des enfants sans père ; Dieu devient notre père. Nous vivions comme des loups ; nous devenons des frères. Dieu nous assistera, nous guérira, nous libérera du mal ; chacun de nous agira de même envers son frère. Nous enduirons ses blessures avec de l’huile ; s’il a faim, nous lui donnerons à manger ; s’il a quelque grief contre nous, nous lui donnerons le baiser de paix ; si l’ombre de la mort le surprend dans son som­meil, nous lui insufflerons notre esprit pour qu’il revienne à la vie.
« Toi, l’aveugle, tu pourras rester à l’ombre du fi­guier. Toi, la veuve, tu pourras encore espérer attirer le cœur de l’homme quand tu te rendras à la source. Toi, le pauvre, tu seras convié à la maison du riche.
« Frères, pourquoi êtes-vous venus me voir ? Est-ce pour trouver la santé, le bonheur, l’honneur ou la paix ? Dieu ne m’a rien donné de tout cela. Je suis seulement venu vous confirmer de la part de Celui qui détient toutes ces richesses que vous possédez l’Esprit qui vous fera découvrir par vous-mêmes san­té et bonheur, honneur et paix.



CHANT DE L’ALLIANCE
     Sur un thème d’Osée


Le ciel s’abaisse au sommet des monta-
[gnes    
Pour exaucer et embrasser la terre
Qui, radieuse, contre lui se ser­re
Dans les torrents, les mers et les campa-



Roman achevé en 2002




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t320728 : 28/05/2013