ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisChronique de Marie-MadeleineRoman |
Chapitre 6 - La fugue : |
Présentation Texte intégral : La rencontre d’amour Les disciples du Royaume Le banquet des noces Itinéraire d’un bâtard Le défi La fugue - Les malheureux - La fuite - Simon lépreux Sur le pont du bateau Chemins d’amour Dalmanutha Transfiguration et insurrection La Dédicace Correspondances Béthanie Gethsémani Le procès Golgotha L’enterrement Le jour de la Pâque Le tombeau vide Les semeurs |
ous avons pris le chemin de Capharnaüm. À l’entrée d’un petit hameau, un lépreux est venu à notre rencontre. J’en ai été surprise, car la Loi et les coutumes leur interdisent d’approcher les gens sains. Quand il fut près de Jésus, il lui dit : « Jésus de Nazareth, si tu le veux tu peux me rendre pur. » Mais Jésus lui répondit : Disant cela, il toucha JJésus. Mesurait-il les conséquences de cet acte insensé ? Fort irrité, Jésus le repoussa. Lui, tout joyeux, se précipita vers des gens qui passaient à proximité : « Je suis pur ! Je suis pur ! J’ai touché Jésus ! » Il n’était plus sombre et abattu, mais fier, sûr de lui et débordant d’entrain. Je l’ai alors reconnu !
Céphas et Jean partis, Jésus et moi avons repris la route, et nous nous sommes rendus dans la campagne où nous avions déjà séjourné. J’ai pris la main que Simon avait touchée, et l’ai portée à mes lèvres. Jésus a pris mon visage dans ses mains et l’a examiné attentivement : « Tu as une tache rouge sur les lèvres. Est-ce l’amour, ou la lèpre ? » Et il m’a embrassée. Nous avons ramassé des feuilles sèches pour en faire une couche et nous sommes étendus. Jésus s’est endormi de suite, moi je n’y parvenais pas. Cette tache rouge m’obsédait : « Assurément, Jésus a été au contact de la lèpre, mais il n’en a pas été atteint, car c’est un être pur. Mais moi ? À cause de mon impureté, il a été méprisé et traité de pécheur. Par ma faute, personne n’a voulu croire à son prophétisme. Ce n’est pas par hasard que mon nom est Maria, comme celui de la sœur de Moïse... Ah Simon, Simon, tu as cherché à te venger de moi, n’est-ce pas ? Tu te disais que si Jésus m’embrassait, il me transmettrait ta lèpre ! Je comprends maintenant ta malice à poser ta main sur lui. Tu m’as rendu le mépris que j’avais eu pour toi. Tu as détruit mon amour ! »
Sans répit, je me retournais sur ma couche, cachant de ma main la tache de mes lèvres. Enfin, je me suis endormie et j’ai rêvé. Je me trouvais avec Jésus dans une oliveraie, près d’une source dont j’entendais le ruissellement. Vêtue seulement d’un long voile blanc, je lui disais : « Je vais me baigner ». L’eau jaillissait d’un rocher et, en s’écoulant vers le ruisseau, s’étalait en une large flaque, réfléchissante comme un miroir. Je m’y contemplais : mon visage semblait fantomatique, le contour de mes yeux était incertain, mon teint mat, une tache rouge se diffusait sous une peau jaunâtre. J’ôtais le voile pour examiner mon corps, qui était couvert de taches blanches comme neige. Effrayée, je me précipitai vers Jésus en criant : « Jésus, Jésus, je suis lépreuse ! » Dans ce cri je me suis réveillée ; Jésus m’avait entendue, il s’est levé et, s’approchant de moi : Prenant ma tête dans ses mains, il s’est penché sur moi : « La tache est encore là, mais elle a pâli. Tu es toujours pure, Maria !» J’ai bondi de joie, j’étais enfin délivrée de mon cauchemar. Peu de temps après, Pierre et Jean nous apportèrent du pain, du lait et du miel. Céphas nous raconta que Simon, aussitôt entré en ville, accostait les passants en leur disant : « Je suis pur, car j’ai touché Jésus ! » Mais la peur les éloignait tous de lui. On lui conseillait : « Si tu es vraiment guéri, tu dois aller chez le sacrificateur, pour qu’il déclare que tu es pur. » Après qu’il eut accepté, on le conduisit chez le sacrificateur, qui fut ravi en le voyant : il ne croyait pas à sa guérison et espérait exploiter ce cas contre Jésus. Toutefois, il devait respecter les formes. Il examina attentivement la main de Simon et constata que la plaie ne s’était pas approfondie et qu’elle n’était pas entourée de poils blancs, mais au contraire qu’elle avait pâli en restant circonscrite. Il fut bien obligé de lui déclarer : « Je te déclare pur. Va, tu es guéri. » Simon fit un nouveau tour de la ville, annonçant partout : « Le sacrificateur m’a déclaré pur ! Jésus de Nazareth m’a guéri ! » À la suite du récit de Pierre, Jésus décida de rentrer en ville. La foule se pressait autour de lui, mais Simon, se frayant un passage de force, le rejoignit. Il se prosterna à ses pieds : « J’ai péché contre toi, mais Dieu m’a guéri quand je t’ai touché ». Puis, se tournant vers moi : « Maria, tu es pure, sinon la lèpre aurait recouvert ta peau. » Je le relevai et l’embrassai sur le front : « Simon, mon frère ! » Avec peine, nous sommes parvenus à nous dégager de la foule. J’étais folle de joie : j’avais compris que ces derniers événements étaient la parabole de la délivrance du mal qui rongeait mon cœur. Comme une tache de lèpre sur ma peau, la honte de mon ancienne vie avait resurgi. À présent, j’en étais définitivement lavée. Sur un pas de danse, je composai un chant d’amour qui exprimait mon affection indéfectible à celui à qui mon cœur s’était donné.
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t320627 : 23/05/2020