ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisChronique de Marie-MadeleineRoman |
Chapitre 6 - La fugue : |
Présentation Texte intégral : La rencontre d’amour Les disciples du Royaume Le banquet des noces Itinéraire d’un bâtard Le défi La fugue - Les malheureux - La fuite - Simon lépreux Sur le pont du bateau Chemins d’amour Dalmanutha Transfiguration et insurrection La Dédicace Correspondances Béthanie Gethsémani Le procès Golgotha L’enterrement Le jour de la Pâque Le tombeau vide Les semeurs |
e soir Jésus s’est couché très tôt, sans même manger. Blême, les traits tirés, il était épuisé tant il avait insufflé de malades. À ma grande surprise il s’est étendu seul, sur une natte à côté de la mienne. J’ai ressenti cette séparation comme une distance qu’il souhaitait mettre entre nous. Je ne parvenais pas à trouver le sommeil : « Les malheureux ne l’ont pas reconnu comme l’un des leurs, parce qu’il a cherché à les approcher en prophète, sous les traits d’Ammi. Il aurait mieux valu qu’il les rencontre sous ceux de Lo-Ammi, puisqu’au fond de son âme, il reste sans père et sans mère, abandonné des hommes et de Dieu. Mais peut-être était-il tourmenté par des sentiments contraires ? Convaincu que sa vocation prophétique ne l’avait pas libéré de son complexe de bâtard, a-t-il été tenté de renoncer à agir en envoyé de Dieu ? Mais alors, pourquoi s’est-il éloigné de moi ? Ne se reconnaissant plus en Ammi, il ne désire peut-être plus s’approcher de Ruchama ? » Ce doute me tourmentait jusqu’à l’angoisse. Je me suis même découvert de la rancune à son égard : « Pourquoi persiste-t-il à me considérer comme Ruchama, s’il n’est plus convaincu d’être Ammi ? S’il m’aimait vraiment, je serais pour lui Lo-Ruchama, comme il est Lo-Ammi. Ne suis-je pas aussi une bâtarde ? Vivons-nous les personnages de la parabole parce que nous nous aimons, ou nous aimons-nous pour les figurer ? Pourquoi n’essayons-nous pas d’être heureux, de nous laisser envahir par le simple bonheur d’aimer ? » Perdue dans ces pensées, m’interrogeant sans fin, je me suis laissée emporter par le sommeil. Quand je me suis réveillée, Jésus n’était plus sur sa couche. J’ai fait un tour dehors, mais ne l’ai pas trouvé. Alors j’ai donné l’alarme aux frères, qui se sont mis à sa recherche. J’étais si découragée que je n’ai pas eu la force de les suivre, préférant aller chez ma sœur. En m’apercevant, Martha a été horrifiée : Je me suis précipitée sur un miroir, l’image qu’il m’a renvoyée m’a consternée : mes yeux étaient ternes, mes traits tirés, mes lèvres craquelées, ma peau sèche, mes seins commençaient à s’affaisser. Elle m’a fait prendre un bain chaud, me frictionnant à l’huile d’amande. J’ai couvert mon corps de parfum, relevé mes sourcils, coloré mes joues de poudre rose.
Je suis partie à la recherche de Jésus, persuadée que les disciples ne l’auraient pas trouvé. Mon intuition me guidait vers le lieu où il pouvait se cacher : je l’ai retrouvé, en effet, dans un endroit boisé, à l’ombre d’un olivier sauvage. L’embrassant tendrement, je lui ai demandé : J’avais vu juste : il m’avait quittée parce qu’il n’était plus assuré d’être encore Ammi. J’ai voulu le consoler et lui redonner confiance dans sa personnalité prophétique :
À ce moment, Jean et Céphas nous ont rejoints. |
t320626 : 23/05/2020