ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Chronique  de  Marie-Madeleine



Roman





Chapitre 11 - La Dédicace :

La montée à Jérusalem



Lettere a Mons. Pietro Bembo, 1560 





Présentation


Texte intégral :

La rencontre d’amour

Les disciples du Royaume

Le banquet des noces

Itinéraire d’un bâtard

Le défi

La fugue

Sur le pont du bateau

Chemins d’amour

Dalmanutha

Transfiguration et insurrection

La Dédicace
- La montée à Jérusalem
- La purification du temple
- Le règlement de comptes
- La libération

Correspondances

Béthanie

Gethsémani

Le procès

Golgotha

L’enterrement

Le jour de la Pâque

Le tombeau vide

Les semeurs

.....................................

e reprends mon journal, après une longue interrup­tion due aux dernières épreuves. Il m’est difficile d’é­cri­re, car je dois raconter des épisodes exaltants alors que je vis dans l’angoisse du désastre à venir.

   Les disciples s’étaient acquittés de leur mission avec enthousiasme, parcourant les villages de Galilée, de Samarie et de Judée pour expliquer à tous le nou­veau sens du pèlerinage de la Dédicace. Judas aussi s’était engagé avec ardeur dans l’entreprise, réus­sis­sant à obtenir l’appui des zélotes. Nous étions con­ve­nus que tous les groupes se rejoindraient le jour de la fête, sur le chemin qui longe le Jourdain de Ca­phar­naüm à Jérusalem. Jésus était venu me pren­dre à Magdala, où il avait rencontré les disciples les plus intimes et les sœurs. Au cours de ce séjour, il ne fut pas importuné par ses adversaires ; ce n’était d’ail­leurs pas leur intérêt, car ils étaient parvenus à l’é­loi­gner des villes du lac et à éviter ainsi qu’il ne trouble l’ordre public. Les hérodiens avaient été aver­tis de sa présence et lui avaient fait savoir qu’Hérode désirait le rencontrer ; flairant une ruse, il leur avait répondu qu’il n’était que de passage et n’avait pas l’intention de rester.

   Notre pèlerinage avait l’aspect d’une marche tri­om­phale. Clairsemés au début, nos rangs grossis­saient au fur et à mesure que nous avancions. À cha­que car­refour, de nouveaux groupes se joignaient au nô­tre, de sorte que nous formions un cortège impo­sant qui me fit penser au fleuve d’eaux pures qui surgit du temple dans la vision d’Ézéchiel. Mais ici, le fleuve coulait à contre sens : du pays vers le temple ! Je m’en étais entretenue avec Pierre qui m’avait dit que Jésus avait inversé l’idée centrale de la vision pro­phé­tique : le salut n’allait plus de Jérusalem vers le peu­ple, mais du peuple vers Jérusalem. « Peut-être mon­tons-nous à Jérusalem pour y apporter les pois­sons que nous avons pêchés et les jeter dans le fleu­ve qui jaillira du temple ». Tout en marchant, nous agitions des palmes comme des drapeaux.

   Nous rencontrions fréquemment d’autres groupes de pèlerins qui n’avaient pas la même motivation que nous, mais nous chantions tous les mêmes psaumes de circonstance. De temps à autre, quand nous étions à distance des groupes étrangers, Salomé chantait des hymnes de son inspiration, plus adaptés à nos buts.

      Élevons notre voix, brandissons nos ra­meaux,
      En allant dans le temple chasser les ven­deurs ;
      Car Dieu aime, non pas le sang des ani­maux,
      Mais la vraie repentance, le don de nos cœurs.
      Alléluia ! Alléluia !

#160;  Arrivés à BBéthanie, nos groupes se sont réunis pour ne former qu’un seul cortège. Nous aurions voulu que Jésus entrât dans Jérusalem assis sur un âne, se­lon la prophétie de Zacharie sur le retour du roi, mais il s’y est opposé : « Ce n’est pas le roi qui doit entrer dans Jérusalem, mais la fille d’Israël, pour y recevoir la couronne d’épouse ». Il m’a alors priée de monter sur l’âne, parée en épouse, cependant qu’il tenait les rênes, un rameau d’olivier dans la main droite. Ma joie était mitigée : j’étais élevée au-dessus de Jésus lui-même, qui se présentait plus en serviteur qu’en époux. Pour rien au monde, il n’aurait voulu usurper la place réservée à Dieu !

   Salomé, plus à l’aise dans ce cortège homogène, lançait des hymnes en accord avec le but de notre pèlerinage. La tête couronnée de feuilles d’olivier, elle chantait, accompagnée de son tambourin :

Montez à la rencontre du Seigneur
Pour lui offrir, ô filles, votre cœur,
Car il s’apprête à devenir époux
Du peuple dont il est resté jaloux.
Alléluia ! Alléluia !

   Nous sommes parvenus à Jérusalem assez tard dans la soirée. Le cortège s’est dispersé et chacun de nous est parti faire un tour en ville. Jésus a appelé Judas et les disciples les plus engagés dans l’entre­prise, pour se rendre au temple afin de reconnaître les lieux. Ensuite, nous nous sommes tous retrouvés à Béthanie.



LE SEIGNEUR EST NOTRE AMOUR

Quel est celui qui monte sur la ville,
couronné de laurier et d’olivier ?
Quelle est la fille, parée comme une épou-
[se,
qu’il mène assise sur le dos d’un âne ?

Abaisse ton pont-levis,
ouvre ta porte, ô Sion,
voici l’ange d’alliance
qui vient avec l’épouse
annoncer à tes enfants
les noces de l’Éternel.
Il crie dans l’allégresse :
le Seigneur est ton amour !

Abandonnez vos champs,
quittez vos ateliers,
ô enfants d’Israël.
Rassemblez-vous au temple
pour devenir un peuple,
vous qui étiez tribus.
Exulte Lo-Ammi,
crie dans ta joie :
le Seigneur est amour !

Cessez de broder, filles,
et quittez vos maisons
pour devenir épouses
du DDieu qui vous fait grâce.
Exulte, Lo-Ruchama,
crie dans ta joie :
le Seigneur est amour !

Les garçons frappent leurs tambourins,
les jeunes filles dansent en chantant,
car l’ange d’alliance purifie
le temple des vendeurs et du bétail.
Là où coule le sang
ruissellera le lait ;
là où l’on partageait de la viande,
on goûtera le miel.
Hommes et femmes crient dans l’allégres-
[se :
le Seigneur est amour !




Roman achevé en 2002




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t321140 : 02/10/2020