ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisChronique de Marie-MadeleineRoman |
Chapitre 11 - La Dédicace : |
Présentation Texte intégral : La rencontre d’amour Les disciples du Royaume Le banquet des noces Itinéraire d’un bâtard Le défi La fugue Sur le pont du bateau Chemins d’amour Dalmanutha Transfiguration et insurrection La Dédicace - La montée à Jérusalem - La purification du temple - Le règlement de comptes - La libération Correspondances Béthanie Gethsémani Le procès Golgotha L’enterrement Le jour de la Pâque Le tombeau vide Les semeurs ..................................... |
u matin, nous sommes allés en ville par petits groupes. Nous devions suivre Jésus et être là quand il s’adresserait au peuple, pour l’épauler de nos voix et de nos applaudissements. Jésus avait confié à d’autres la tâche de renverser les guichets de change et de libérer les animaux de leurs cages et de leurs enclos, dès que la trompette aurait donné le signal. Nous étions inquiets mais bien décidés, car nous avions été scandalisés, la veille, en voyant le temple ainsi souillé. Nous nous sommes tous retrouvés sur le parvis au moment où Jésus s’adressait aux pèlerins : Une trompette a alors retenti, et nous nous sommes rapprochés des marchands. Parvenu auprès des vendeurs de pigeons, Jésus leur a dit : « Ramenez ces bêtes innocentes dans la cour des maisons où vous les avez prises. Ne faites pas d’un symbole de paix et d’amour un instrument sanguinaire ». Devant le refus des vendeurs, les disciples ont brandi leurs bâtons, tandis que quelques sympathisants tiraient leurs épées. Les vendeurs, effrayés, se sont hâtés de retirer les cages. Dans la panique quelques-unes se sont ouvertes et des pigeons se sont échappés vers les corniches et le toit du temple. « Regardez, disait Jésus, n’a-t-il pas belle allure, le vol de ces pigeons annonçant la paix et l’amour ? » Jésus se montra plus dur avec les changeurs de monnaie : « Faut-il donc payer, pour obtenir le pardon des péchés ? Les prêtres tirent donc profit de l’affliction des gens et du pardon de Dieu ? Quelle imagination ont-ils dû déployer pour faire cohabiter le profit et la purification ! Ôtez vos baraques ! Le Dieu qui réside ici n’est pas Mammon, mais le Créateur du ciel et de la terre ! Allez plutôt au marché, dans la demeure de Pilate, ou dans celle d’Hérode ! » Et il a dispersé l’argent et les balances. Les pièces se répandaient à terre, les changeurs se précipitaient pour les ramasser mais, dans le peuple, c’était à qui parviendrait à en récupérer le plus possible. Aux marchands de parfums, Jésus dit : « Vous allez bien loin, pour vous procurer des parfums dont Dieu se détourne. Il est plus facile d’offrir à Dieu de l’encens et de la myrrhe que la piété de son cœur ! » Parvenu près de ceux qui faisaient le commerce des moutons, il ordonna : « Renvoyez ces pauvres bêtes dans leurs pâtures. Rappelez-vous le prophète Jérémie : " Vous avez transformé la maison de prière en une caverne de voleurs " ! Mais eux aussi ne se décidèrent à s’enfuir avec leurs bêtes que sous la menace. Bien des moutons s’échappèrent, accroissant le tumulte. Provoquant la curiosité et l’amusement, ils erraient sur le parvis transformé en kermesse, où les cris des marchands se mêlaient au chant des psaumes, où des hommes venus pour se purifier côtoyaient des voleurs, ravis de profiter si aisément de la grâce de Dieu !
Ayant ainsi ordonné la purification des lieux, Jésus entra dans le temple. Pendant ce temps les grands prêtres, ayant entendu le tumulte et croyant qu’il s’agissait d’une révolte contre le pouvoir de l’État, firent appel aux Romains, dont la cohorte se trouvait à proximité. Bien que les soldats se soient bornés à circonscrire l’émeute sans pénétrer sur le parvis, ils avaient suscité une telle frayeur que tout le peuple s’était enfui. Les soldats durent bien rire de cette débandade, qui n’empêchait pas chacun de serrer dans ses mains qui un pigeon, qui quelque monnaie, qui une fiole de parfum, sans oublier ceux qui avaient chargé un mouton sur leurs épaules. Les gardiens du temple purent ainsi redevenir maîtres de la situation, s’emparant de ceux qui n’avaient pas eu le temps de s’échapper. Jésus et quelques-uns des plus engagés de ses sympathisants furent de ceux-là ! Salomé et moi, en train de nettoyer le parvis, avons juste eu le temps de nous cacher dans un coin. Nous avons aperçu Jésus, mains liées et corde au cou, entraîné par des gendarmes avec d’autres prisonniers. Il avait été appréhendé comme un malfaiteur, lui qui était venu au temple pour le purifier des voleurs ! Nous avons fondu en larmes et nous sommes enfuies vers Béthanie. Nous y sommes parvenues très tard, fatiguées, engourdies de froid, les yeux rougis par les larmes. Oh ma robe blanche de mariée ! J’eus l’impression que Ruchama avait retiré de mon visage le masque grâce auquel j’avais eu l’audace de me présenter devant la foule. J’étais redevenue ce que j’étais, une femme du commun : « Ruchama n’a été pour moi qu’un rôle, comme auparavant celui de la femme noble et distinguée. Si l’image de Ruchama, la femme devenue l’épouse, m’a abandonnée, Jésus n’a pas non plus conservé celle d’Ammi, l’homme devenu le peuple. La réalité a brutalement ramené les deux acteurs à leur condition originelle, la représentation prophétique est terminée ! » Je ne m’étais pas aperçue que je m’étais exprimée à haute voix. Salomé, qui avait surpris mes paroles, s’approcha et me dit affectueusement : Ces paroles me permirent de me ressaisir. Ruchama et Ammi n’étaient qu’un jeu ! En réalité, je suis Maria et il est Jésus ! C’est à travers ces noms que nous nous sommes reconnus au puits d’Agar, lors de notre première rencontre. Nous étions en terre d’Israël, mais nos noms nous transportaient ailleurs, en Égypte. Ma vie n’est pas tant l’histoire de la signification de Ruchama que de celle de Maria. Soucieuse de découvrir cette histoire, j’ai entrepris de me remémorer mon existence : c’est bien celle d’une femme du nom de Maria, l’aimée, une histoire d’amour ! |
t321141 : 02/10/2020