ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Chronique  de  Marie-Madeleine



Roman





Chapitre 11 - La Dédicace :

Le règlement de comptes



La logique ou l’art de penser, de Nicolle et Arnauld, 1664 





Présentation


Texte intégral :

La rencontre d’amour

Les disciples du Royaume

Le banquet des noces

Itinéraire d’un bâtard

Le défi

La fugue

Sur le pont du bateau

Chemins d’amour

Dalmanutha

Transfiguration et insurrection

La Dédicace
- La montée à Jérusalem
- La purification du temple
- Le règlement de comptes
- La libération

Correspondances

Béthanie

Gethsémani

Le procès

Golgotha

L’enterrement

Le jour de la Pâque

Le tombeau vide

Les semeurs


près le chant du coq, Pierre nous a rendu visite. J’oubliais de dire que Salomé et moi habitions chez Simon qui, après sa guérison, était venu demeurer à Béthanie. Il avait favorisé notre action en nous per­mettant de loger dans l’une de ses maisons. Pierre était bouleversé. Nous nous sommes embrassés, mê­lant nos larmes aux siennes.
- Oh ! Pierre, Pierre !
- Ne m’appelle plus Pierre, mais Céphas, mon nom de pêcheur. Le Maître voulait faire de moi un appui solide pour sa mission, mais je ne suis qu’un homme chancelant, tombé lâchement à la première secousse. Il ne me reste plus qu’à reprendre mon travail de pê­cheur de poissons, puisque j’ai lamentablement échoué dans la tâche de pêcheur d’hommes.
Pierre, ne parle pas ainsi ! Il faut reprendre coura­ge, il faut toujours espérer ! Si tu es fautif, nous le sommes aussi !
Maria, tu ignores ce que j’ai fait ! Dès mon arrivée en ville, j’ai été saisi du vertige de devenir un chef, quand nous aurions occupé le temple. J’ai voulu con­naître la capitale, en particulier la maison du grand pontife. Je m’y suis donc faufilé par l’entrée de servi­ce. Si nous, les Galiléens, sommes épris de Jérusalem pour son temple et le faste du pouvoir, les gens du peuple voient la Galilée comme la ligne d’horizon où la Palestine s’ouvre au monde. Au premier contact, les serviteurs ont été séduits par mon accent et mes contes sur la vie du lac, sur Hérode et sur les Ro­mains. À mon tour, j’ai beaucoup appris sur la mai­son du grand pontife, sur son pouvoir et ses habitu­des. Évidemment, j’avais caché que j’étais un disci­ple du prophète de Nazareth.
« Hier soir, après que Jésus a été pris, je suis retour­né au palais. Les serviteurs m’ont fait pénétrer dans la cour, où ils avaient allumé un feu car la nuit était froide. Là, j’ai appris de leur bouche que le grand conseil était réuni pour juger Jésus. Bien que le con­seil se tînt à huis-clos, j’ai pu suivre le procès, car les serviteurs écoutaient à la porte, regardaient par le trou de la serrure et rapportaient dans la cour une nouvelle après l’autre. J’étais soumis à rude épreuve : ému jusqu’aux larmes du sort subi par Jésus, je de­vais me montrer indifférent et étranger aux événe­ments, et même rire avec eux, rire des railleries et des sarcasmes dont ils accompagnaient les informa­tions sur le procès ! Pourquoi ne suis-je pas mort à ce moment-là ? C’était la nuit, l’heure de la vengean­ce et de la lâcheté !


Pierre s’est mis à pleurer, tandis que Salomé et moi étouffions nos sanglots. Parvenant à me dominer, j’ai demandé :
- Si tu le peux, donne-nous des détails. Il est impor­tant pour nous de tout savoir.
- Cela me sera pénible, Maria, car à l’évocation de ces souvenirs, je raviverai ma lâcheté et ma traîtrise. Mais si vous le voulez, et si vous me gardez votre pitié, je vais essayer. Le grand conseil était présidé par Anne, mais d’autres grands prêtres et des anciens y participaient, ainsi que des pharisiens et des scribes. On a amené Jésus, enchaîné et la corde au cou, au centre du Sanhédrin.

" Cet homme, a dit le chef des gardes, est JJésus de Nazareth. Nous l’avons pris en flagrant délit, alors qu’il dirigeait une ban­de armée de bâtons et d’épées pour chas­ser les marchands et leurs bestiaux. Il inci­tait le peuple à occuper le temple. C’est un brigand, un profanateur des lieux saints qui tentait de s’emparer du pouvoir.
" A-t-on d’autres accusations contre lui ? demanda le grand pontife.
" Un prêtre se leva : ’ Je l’ai entendu dire : détruisez ce temple, et en trois jours, je le rebâtirai ! ’
" Un autre parla sous serment : ’ Il a dit : vous avez transformé la maison de prière en une caverne de voleurs. ’
" Un troisième déclara : ’ Il nous a empê­chés de transporter les vases de la puri­fi­cation, afin d’interrompre le sacrifice ! ’
" Puis un autre ajouta : ’ Il a affirmé que Dieu a pris en aversion les offrandes du culte et qu’Il hait les sacrifices ! ’
« Après ces témoignages, le grand pontife s’adressa à Jésus : " Que réponds-tu à ces accusations ? "
« Jésus gardait le silence. Un des juges, furieux, cria : " Accusé, réponds au grand pontife quand il t’inter­roge ! "
« Jésus se taisait toujours. À nouveau, le grand pon­tife le questionna :
" Est-il exact que tu as renversé le banc des changeurs et chassé les vendeurs du temple ? Si tu as eu ce courage, serais-tu assez lâche maintenant pour ne pas avou­er ?
" Oui, c’est bien moi qui ai chassé les ven­deurs du temple et renversé le guichet des chan­geurs !
" Pourquoi donc ?
" Il était impossible de célébrer la fête de la purification avant d’avoir effacé du tem­ple la souillure du trafic et du culte san­glant des animaux.
" Qui es-tu, pour oser toucher à l’ordre établi ? Par quelle autorité crois-tu pou­voir imposer un ordre nouveau dans le temple ?
" Par l’autorité même qui est la tienne, pontife !
« À ces paroles, tout le monde se déchaîna. Un des conseillers s’approcha de Jésus et le gifla :
" Est-ce ainsi que tu réponds au grand pontife ?
" Pourquoi me frappes-tu, si j’ai répondu au grand pontife avec la sincérité que son rang exige de moi ? Si vous me contrai­gnez à mentir pour ne pas offenser le grand pontife, comment pourra-t-il me ju­ger ?
" Qui crois-tu être, pour dresser ta volonté contre celle du pontife et celle de Dieu ? Serais-tu donc un prophète ? lui demanda le grand pontife.
" Je suis l’ange de l’alliance que Dieu, se­lon l’oracle de Malachie, envoie pour pré­parer sa venue au temple. Avant moi Il avait envoyé Jean, l’ange de l’annonce et du baptême de repentance.
« Alors le grand pontife déchira ses vêtements : " Il est inutile de recueillir d’autres témoignages, l’accusé s’avoue coupable d’un crime passible de mort ! Il se fait prophète, alors qu’il a porté atteinte au temple et s’est révolté contre le peuple et la Loi. Moïse a dit : ’ Ce prophète ou ce rêveur sera puni de mort, car il a parlé de révolte contre l’Éternel ’. Qu’il soit jeté en prison et qu’on intente contre lui un procès, selon les exigences de la Loi. "
« Lorsque le grand pontife et ses conseillers quittè­rent la salle, les autres participants, auxquels on avait confié la garde du prisonnier, se mirent à se moquer de lui. Après lui avoir bandé les yeux ils le giflaient, lui demandant : " Devine, prophète, qui t’a frappé ! " Ils lui crachaient au visage : " Nettoie ton visage, toi qui as prétendu purifier le temple... Ordure ! "
« Tel fut le récit des serviteurs qui, assis autour du feu, se moquaient eux aussi de Jésus. Ils crachaient devant eux puisqu’ils ne pouvaient le faire sur lui. Ils répétaient : " Il a osé se déclarer prophète, ce fils de pute ! " Quant à moi je faisais semblant de me mou­cher, pour cacher mon visage, et je me hâtais de quitter les lieux, prétextant que l’heure était tardive.

«  Au moment où j’allais sortir, une femme m’a dé­vi­sagé : " Il me semble t’avoir vu sur le parvis... Tu étais avec lui ! "
« Je me suis empressé de nier : " Femme, c’est im­possible ! Je ne connais pas cet homme, sinon com­ment aurais-je pu suivre son procès, même de loin, sans frémir ?
" Pourtant, tu dois bien le connaître : ton accent est galiléen, lui aussi est Galiléen.
« Et moi de jurer : " Je ne connais pas cet homme, je ne l’ai jamais vu !
« Au moment de sortir, j’ai vu des gardiens conduire Jésus au cachot ; il avait les mains liées, les pieds en­través, une corde au cou. Il m’a regardé. Ne m’ap­pelez plus Pierre, je ne peux plus être votre frère ! Je ne suis qu’un lâche et un traître ! Et Pierre s’est re­tiré dans un coin de la pièce en sanglotant.


      DE PROFUNDIS

      Du plus profond de la fosse où m’ont jeté mes
[frères,    
      je t’invoque, Seigneur.
      J’en appelle à ton aide dans la solitude du cœur,
      où mon âme s’abîme sans espoir du jour.

      J’ai conduit au temple Maria, mon épouse,
      pour que Tu reconnaisses en elle, selon l’oracle,
      la fille d’Israël.

      Que tu étais belle, Maria,
      la tête couronnée de fleurs,
      assise sur le dos d’une ânesse
      comme une reine.
      Sur ton sourire éclatait
      la joie des filles d’Israël,
      tu reflétais en tes yeux
      la lumière de nos collines
      embrasées de soleil.
      À ton passage le peuple
      criait « Hosanna ! »
      au cœur jubilant.
      Mais Dieu ne t’a pas donné
      le baiser d’époux.

      J’ai gravi la sainte montagne,
      appelant les fils d’Israël
      à plaider contre leur mère
      comme Tu l’avais commandé par l’oracle
[d’Osée.          
      Mais Tu n’étais pas là pour juger la prosti­tuée,
      Tu as permis qu’elle me juge dans l’igno­minie.
      Elle m’a condamné à mort,
      elle m’a conspué, m’a giflé,
      elle m’a lié comme un malfaiteur
      et m’a jeté dans un puits.
      Où étais-Tu, Seigneur ?
      Pourquoi as-Tu livré à Ta femme prosti­tuée
      les prophètes que Tu avais appelés pour la con-


Roman achevé en 2002




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