ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Chronique  de  Marie-Madeleine



Roman





Chapitre 19 - Le tombeau vide :

Ressuscité en esprit



Magnum Dictionarium latinum et gallicum, de P. Danet, MDCXCI





Présentation


Texte intégral :

La rencontre d’amour

Les disciples du Royaume

Le banquet des noces

Itinéraire d’un bâtard

Le défi

La fugue

Sur le pont du bateau

Chemins d’amour

Dalmanutha

Transfiguration et insurrection

La Dédicace

Correspondances

Béthanie

Gethsémani

Le procès

Golgotha

L’enterrement

Le jour de la Pâque

Le tombeau vide
- On l’a dérobé !
- Ne me touche pas
- Ressuscité en esprit
- Le jugement de Maria
- La myrrhephore pénitente

Les semeurs


ehors, la lumière du soleil était si éclatante que j’étais aveuglée ; j’avançais avec hésitation, en balançant les bras sous le voile. Je vis quelqu’un s’enfuir en cri­ant : « Mon Dieu, mon Dieu, Jésus est vraiment res­suscité, il sort du tombeau ! » Je reconnus la voix : « Salomé, Salomé, ce n’est pas Jésus mais moi qui sors du tombeau ! »

   Reconnaissant à son tour ma voix, Salomé s’arrêta, puis vint à ma rencontre et se jeta à mon cou.
- Oh, Maria, quelle frayeur ! Je t’ai vraiment prise pour l’esprit de Jésus, avec ton voile qui s’agitait et tes bras en l’air !
- Comment as-tu pu croire qu’il était ressuscité, alors que tu le voyais sortir du tombeau comme un fantô­me ?
- J’étais conditionnée, car Céphas nous a annoncé que Jésus ressuscité lui était apparu.
Salomé, il n’a pas vu Jésus lui-même sortir du tom­beau, mais il a vu un signe et il a cru. Lui aussi a été conditionné, parce qu’il y croyait déjà. Jésus n’est pas ressuscité, Salomé : il est retourné vers l’Esprit du Père.
- Comment le sais-tu ? L’as-tu vu ?
- Oui, je l’ai vu ; Dieu m’a fait la grâce de descendre en esprit au séjour des morts. Et je lui ai raconté ma vision.
- Ce que tu dis là est aussi inattendu que la résur­rection ! Ton récit me fait penser que Jésus, retourné vers le Père, a laissé ses pensées et ses actes, ses sentiments et ses paroles, prendre forme en nous, et d’abord en toi.
- Et il est sorti du tombeau, comme un ressuscité ! Mais comment as-tu su que j’étais ici ?
- J’avais encore en mémoire la lecture du Cantique des Cantiques que nous avons faite hier soir, avant de nous endormir, et surtout ce passage :

Sur ma couche, pendant la nuit,
j’ai cherché celui que mon cœur aime :
je l’ai cherché et ne l’ai point trouvé.
Je me lèverai et je ferai le tour de la
[ville,      
dans les rues et sur les places :
je chercherai celui que mon cœur aime...
- Alors tu es sortie, tu l’as cherché et tu l’as trouvé !
- Oui, j’ai trouvé celui que mon cœur aime ;
« je l’ai saisi et ne l’ai point lâché
« jusqu’à ce que je le mène
« dans la chambre de mon cœur.
Maria, je ne crains plus de rencontrer le ressuscité, m’a dit Salomé en m’embrassant dans un sourire, cependant tu devras sans doute chercher encore celui que ton cœur aime... Rentrons !


En arrivant à la maison, nous avons rencontré Jean qui venait à notre rencontre :
Salomé, pourquoi as-tu quitté la maison sans nous prévenir ? Et toi, Maria, pourquoi ne nous as-tu pas suivis quand Céphas et moi sommes sortis du sé­pulcre ? Tu es restée incrédule, alors que tu n’igno­rais pas que nous avions vu les signes... et tu es res­tée là à pleurer !
- Quels signes ?
- Comment peux-tu être aveugle à ce point ? Le su­aire et les bandelettes pliés dans un coin ne sont-ils pas la preuve que Jésus s’est libéré lui-même des chaînes qui le tenaient entravé dans la mort ? T’ima­gines-tu toujours qu’on l’a enlevé ? La souffrance de sa mort obnubile-t-elle ton esprit au point de ne pas comprendre qu’il est sorti tout seul du tombeau ?
- Tu te trompes : j’ai bien vu les bandelettes et le suaire, mais ils n’étaient pas tachés de sang. Sans doute les avait-on déposés là pour le prochain con­damné à mort.
- Que tu es devenue scrupuleuse dans tes observa­tions et habile dans tes raisonnements ! Pourquoi le suaire et les bandelettes auraient-ils dû être tachés de sang ?
- Tu as bien observé son visage au moment de sa mort : il était ensanglanté et on ne l’a pas lavé avant de le recouvrir du voile.
- Supposons ! Pourtant, un fait nouveau nous con­firme que c’est Dieu Lui-même qui a placé là ces linges pour témoigner de la résurrection de Jésus.
- Quel fait ?
Jésus est apparu à Céphas !
- Avant que Céphas ait vu ces signes ?
- Non, bien sûr ! Après !
- Moi aussi, je les ai vus comme vous !
- Alors es-tu aussi, comme Céphas, un témoin de sa résurrection ?
- Non, Jean, je ne suis que le témoin de sa mort : je n’ai vu aucun signe dans ces linges.
- C’est insupportable et scandaleux de t’entendre par­ler de la sorte. Tu en feras part aux frères : ils juge­ront ! Viens, nous allons nous rassembler car Céphas va témoigner solennellement de l’apparition de Jésus.

   Sur ce, il nous a quittées.


- Maria, voici une situation impossible, m’a dit Salo­mé en se rapprochant de moi. Jésus devrait ap­pa­raître une nouvelle fois pour trancher entre les deux partis !
- Je crois qu’il viendra, mais pas comme un être divin qui aurait pris forme humaine : il apparaîtra dans nos cœurs, pour souffrir et nous faire souffrir par amour.




Roman achevé en 2002




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t321977 : 01/11/2020