Sommaire
Prologue
Introduction
Clermont-l’Hérault
La nomination
Accueil
Clermont-l’Hérault
À pied d’œuvre
Les jeunes
Communauté active
Ouvrir la communauté
- Veillées et sorties
- Manifestations publiques
Une porte s’ouvre
Difficultés
Un pasteur communiste ?
Point d’orgue
Parole d’utopie
Fin de partie
Saint-Quentin
Bruay-en-Artois
Tourcoing
La crise
Épilogue
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Veillées dans les quartiers
C’est pourquoi, encore à la manière de Paul dans la société gréco-romaine d’alors, nous avons voulu ouvrir le dialogue dans les divers quartiers et partout où nous pourrions rencontrer la population de la ville.
Lorsque Paul se rendait dans une ville de l’empire, il était fréquemment reçu dans une famille implantée dans le lieu, qu’elle soit juive de la diaspora ou sympathisante d’origine grecque ou romaine (à Corinthe, par exemple, chez Aquilas et sa femme Priscille, ou à Colosses chez un certain Nymphas) autour desquels s’était constituée une petite cellule que l’apôtre appelait « l’église qui est dans leur maison ».
Dans nos communes rurales, il était autrefois de tradition, avant l’invasion de la télévision, de se réunir pour la veillée, surtout au cours des longues soirées d’hiver.
Associant la stratégie de Paul et la coutume paysanne, nous avons proposé à quelques familles de Clermont, protestantes ou sympathisantes, d’ouvrir leur cuisine à quelques voisins du quartier pour une soirée de détente et de réflexion (ou d’information). Au début, il y eut des réticences, puis à partir de 1951 deux ou trois familles (cette fois encore du vieux quartier populaire du Pioch) qui avaient sans doute moins que les autres le souci du qu’en-dira-t-on, acceptèrent d’entrer dans le jeu.
Ainsi, chaque vendredi soir, les mois d’hiver principalement, quinze à vingt personnes, pour moitié non-protestantes, se retrouvèrent régulièrement chez l’un de ces hôtes autour du café de l’amitié, le plus souvent sur un thème ou un récit de la Bible, parfois illustré de projections. Des gens qui ne s’étaient jusqu’alors côtoyés que dans la rue ou au marché apprenaient à se connaître. On prenait des nouvelles les uns des autres, on partageait des soucis particuliers ou communs, on parlait parfois d’événements qui avaient marqué la cité ou le pays au cours de la semaine écoulée, on forgeait des liens qui, sans cela, ne se seraient sans doute jamais noués.
Ces relations nouvelles trouvèrent ensuite un prolongement et une occasion de se resserrer dans des activités de loisir à l’extérieur de Clermont auxquelles nous les avions conviés, et qui furent pour nombre de ces familles populaires, dont certaines n’avaient jamais quitté leur ville ni même leur propre quartier, la chance de sortir de leur isolement et d’élargir leur horizon.
Plusieurs années consécutives, au printemps, nous avons ainsi rempli un autocar avec pères, mères et enfants, pour un périple d’une journée qui nous conduisit soit dans les Cévennes toutes proches, au Musée du Désert d’Anduze et à la découverte de l’histoire des Camisards, soit vers la Tour de Constance d’Aigues-Mortes et la résistance de Marie Durand et des femmes huguenotes à l’absolutisme et l’intolérance religieuse du pouvoir royal.
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